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Élections norvégiennes: l’extrême-droite dans le collimateur

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Les élections législatives norvégiennes ont lieu tous les quatre ans, le deuxième ou le troisième lundi du mois de septembre. Cette année, le roi Harald V de Norvège a tranché : les élections se dérouleront le lundi 9 septembre. Les Norvégiens sont appelés à élire les 169 députés du Storting – l’Assemblée norvégienne – au système proportionnel.

Quatre ans après les élections de 2009 qui avaient marqué le retour en force de l’extrême-droite, le Parti du Progrès (FrP), qui avait alors remporté 22,9% des voix, pourrait cette année entrer dans la coalition menée par les conservateurs et qui caracole en tête des sondages.

Recul de popularité après l’affaire Breivik

Avec 40 sièges à l’Assemblée, le Parti du Progrès, mené par Siv Jensen, est le premier parti d’opposition face au parti des travaillistes de Jens Stoltenberg (64 sièges). Le parti anti-immigration a cependant connu un net recul de popularité suite au massacre commis en 2011 par l’un de ses anciens membres, Anders Behring Breivik, qui tuait 77 personnes à Oslo et sur l’île d’Utoeya. Il avait fait de l’ultranationalisme et de l’islamophobie ses chevaux de bataille.

Le discours de Siv Jensen sur « l’islamisation rampante » de la société norvégienne semblait avoir trouvé un écho sanglant. Le Parti du Progrès s’était cependant tout de suite désolidarisé du tueur, déclarant que ses idées n’avaient rien à voir avec le parti. Anders Behring Breivik lui-même s’était dit très déçu que le FrP n’ait pas adopté ses idées extrémistes.

Avant le procès Breivik, un scandale sexuel, dévoilé début 2011, avait déjà porté un coup au Parti du Progrès, lorsque les dirigeants du parti ont tenté de masquer l’affaire qui a finalement provoqué la chute du chef du mouvement des jeunes du FrP.

Un parti d’extrême-droite « modéré »

Le parti de Siv Jensen s’est pourtant relevé, écartant momentanément la question épineuse de l’immigration, privilégiant d’autres questions sociales plus consensuelles, comme les soins pour les personnes âgées.

« En fait, c’est un parti d’extrême droite « modéré ». Par exemple, quand la Suisse a voté pour interdire la construction de minarets il y a quelques années, le Parti du progrès a réagi en disant que les musulmans de Norvège devraient être libres de construire mosquées et minarets au pays », explique le politologue norvégien Anders Ravik Jupskås à La Presse.

« D’un côté, le parti met en garde les électeurs contre une islamisation du pays, mais de l’autre côté, il a des positions plus libérales que d’autres partis d’extrême droite », ajoute-t-il.

L’opposition de droite en tête des sondages

Vendredi 6 septembre, les derniers sondages donnaient l’opposition de droite, emmenée par le parti conservateur d’Erna Solberg, grand vainqueur des élections. Une enquête, publiée sur le site du journal norvégien Verdens Gang accorde ainsi 96 sièges sur 169 – 11 de plus que la majorité absolue – au parti conservateur et aux trois autres formations de droite, le Parti du Progrès, le parti libéral et le parti démocrate-chrétien.

De plus en plus impopulaire, Jens Stoltenberg, le Premier ministre sortant et chef du parti travailliste, peine à faire valoir son expérience à la tête du gouvernement. Début août, il avait même posté une vidéo de lui sur Internet, s’improvisant chauffeur de taxi pour « entendre ce que les gens pensent vraiment ». Quelques jours plus tard, on apprenait que les passagers avaient en fait été payés et recrutés par casting pour participer à une « expérience avec le parti travailliste ».

Si la coalition de droite remporte les élections, l’accession probable du Parti du Progrès au pouvoir ne doit cependant pas masquer un recul général de sa popularité.

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