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En Californie, les ados peuvent effacer leur passé sur Internet

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En mai dernier, Eric Schmidt, CEO de Google, pointait du doigt le problème des traces numériques compromettantes. « Les jeunes doivent aujourd’hui être conscients que tout ce qu’ils écrivent, publient et partagent sur Internet est enregistré », rappelait-il lors de l’Hay Festival. Avec toutes les lourdes conséquences que cela peut avoir.

Erreurs de jeunesse

« Il y a des situations dans la vie que l’on préfèrerait oublier. Surtout si ce sont des choses que vous avez faites quand vous étiez adolescent. Les adolescents se retrouvent maintenant connectés dans un monde d’adultes », expliquait E. Schmidt. « Ils grandissent et deviennent des gens bien, de grands dirigeants », continuait-il, mais « la génération actuelle d’adolescents pourrait plus tard être hantée par ses erreurs de jeunesse. »

Des erreurs de jeunesse qui mettent en cause photos embarrassantes et commentaires douteux que certains jeunes aimeraient bien faire disparaître des réseaux sociaux pour éviter les situations gênantes quelques années plus tard. « Les erreurs de jeunesse suivent leurs auteurs toute leur vie et leurs empreintes numériques les suivent où qu’ils aillent », rappelait James Steyer, fondateur de l’ONG Common Sense Media, dans le San Francisco Chronicle.

En 2012, une étude Kaplan démontrait à ce sujet que près d’un quart des responsables d’admission dans les lycées regardent les pages Facebook et Google des candidats, et 35 % déclarent avoir découvert des informations qui ont eu des conséquences négatives sur les chances d’admission des étudiants.

Supprimer ou rendre anonyme des contenus compromettants

En Californie, une loi vient d’être votée par le gouverneur de l’État Jerry Brown pour permettre aux internautes d’effacer leur passé numérique.

Cette nouvelle loi californienne défendue par le sénateur démocrate Darrell Steinberg et baptisée « the eraser law » (« la loi gomme ») stipule que les sites et applications s’adressant aux mineurs, ou réputés susceptibles d’être utilisés par des mineurs, doivent permettre aux internautes de moins de 18 ans d’enlever des contenus postés publiquement, ou d’exiger du site qu’il les supprime ou les rende anonyme.

« C’est une protection révolutionnaire pour nos enfants, qui agissent souvent de façon impétueuse en téléchargeant des photos ou des messages déplacés avant de penser aux conséquences », a déclaré le parlementaire Darrell Steinberg. Les sites et les réseaux sociaux devront se plier à cette loi avant 2015, date à laquelle la loi entrera officiellement en vigueur.

Des imprécisions sur le droit de retrait

Si la loi a été applaudie par certains, d’autres y voient une nouvelle manière de s’immiscer dans la vie privée des jeunes afin de connaître leur âge et leur lieu de résidence. Eric Goldman, contributeur à Forbes, décèle quant à lui quelques imprécisions dans cette loi.

« Premièrement, la distinction d’un site  ou d’une application « qui s’adresse aux adolescents » n’est pas claire : la loi fédérale protégeant la vie privée des enfants s’applique uniquement aux pré-adolescents, ce serait donc une nouvelle analyse juridique de la plupart des sites web et applications », écrit-il.

« Deuxièmement, la loi n’est pas claire concernant le moment où le mineur peut exercer son droit de retrait. Le choix doit-il être fait lorsque l’utilisateur est encore mineur, ou bien un centenaire peut-il décider de retirer des messages vieux de plusieurs décennies ? » Il poursuit : « Il me semble, à la lecture de la loi, que celle-ci s’applique uniquement lorsque l’utilisateur est encore mineur… Si c’est le cas, cette loi serait contre-productive puisqu’elle exigerait que les enfants prennent une décision d’ »adulte ». »

« Enfin, le droit de retrait ne s’applique pas si les enfants ont été payés ou ont reçu une « autre considération » pour leur contenu. Que signifie « autre considération » dans ce contexte ? […] Nous verrons alors peut-être des sites offrant des rémunérations aux utilisateurs pour contourner la loi », déplore-t-il.

Si imprécisions il y a, les parlementaires et les autorités judiciaires ont encore jusqu’au 1er janvier 2015 pour revoir leur copie.

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