C’est une de ces longues et belles interviews qui font l’honneur des fleurons de la presse magazine américaine… « Hillary in midair » – Hillary entre deux eaux, Hillary qui flotte, Hillary qui plane aussi -, c’est le titre qu’a choisi le magazine New York pour sa rencontre exclusive avec l’ex-Première Dame, l’ex-sénatrice, l’ex-chef de la diplomatie américaine, neuf mois après son départ du Department of State en janvier dernier et trois ans avant le 8 novembre 2016, jour où les Américains éliront le successeur de Barack Obama…
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Candidate ou pas en 2016 ?
L’intérêt premier de cet entretien pour les médias du monde entier réside dans le fait que, pour la première fois, depuis qu’elle s’est retirée de la politique active, Hillary Clinton a accepté d’être interrogé sur une éventuelle candidature en 2016…
Pas d’annonce fracassante mais un teasing – un peu grossier.
La question du journaliste – « Luttez-vous avec l’idée de vous engager dans la course à la présidence de 2016 ?» – lance une perche à Hillary et, évidemment, elle s’en empare : « Oui, bien sûr, » répond-elle, « mais je suis à la fois pragmatique et réaliste. Je pense avoir une idée assez claire des challenges politiques et gouvernementaux auxquels sont confrontés nos dirigeants, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, quelle que soit ma position, pour défendre les valeurs et les politiques qui sont bonnes pour le pays. Je vais juste continuer à évaluer les différents facteurs qui m’influenceront mon choix dans un sens comme dans l’autre, le moment venu. »
Des propos sibyllins et pour les expliquer – ou tenter de les expliquer – une percée fascinante dans le Clintonworld, le monde des Clinton.
Ses proches collaborateurs ne doutent pas…
Certains de ses plus proches confidents se montrent nettement moins circonspects qu’elle-même : « Elle est candidate, mais elle ne le sait pas encore, » témoigne l’un d’entre eux. « C’est la force de l’Histoire. C’est inexorable, c’est gravitationnel. Je pense qu’elle se croit beaucoup plus libre qu’elle ne l’est véritablement. »
Une amie de longue date précise la situation dans laquelle se trouverait Hillary : « Ce qu’elle fait est profondément Clintonien. Dans son esprit, elle est candidate, mais en même temps elle s’est convaincue qu’elle n’avait pas décidé. Elle sera dans la course à la Maison-Blanche. C’est une conclusion qui ne fait déjà plus de doute. »
Au cœur du Clintonworld
La qualité de l’article du magazine New York repose sur la finesse du témoignage du politique, le décryptage des faits et gestes d’Hillary au cours des cinq dernières années, depuis qu’elle a dû s’incliner, contre toute attente, face à Barack Obama dans les primaires démocrates.
Comment elle a accepté d’enterrer la hache de guerre et d’entrer gracieusement au gouvernement comme secrétaire d‘État ? Comment a tenu à marquer son territoire à la tête de la diplomatie américaine, reléguant notamment le vice-Président Joe Biden au second plan ? Comment elle a pris soin de ne pas attacher de trop gros échecs à son nom – et ne s’est que peu préoccupé des dossiers explosifs du Moyen-Orient ou de Corée ?
Et puis comment, depuis neuf mois, elle a remis de l’ordre dans la Clintonworld, instrumentalisant Bill et poussant leur fille, Chelsea ? Passionnante description de « leur partenariat à trois »…
Laisser du temps au temps…
A un an et demi du pré-lancement de la campagne des primaires démocrates pour 2016, et même si certains de ses conseillers ont déjà entamé la collecte officielle de dons pour sa candidature, Hillary Clinton conclut : « Je ne suis pas pressée, » puis ajoute : « Je pense que c’est une décision sérieuse, qui ne peut pas être prise à la légère, mais c’est aussi une décision qui n’a pas à être prise trop tôt ».
« C’est comme quand vous rencontrez quelqu’un à une fête et qu’il ou elle regarde par-dessus votre épaule pour savoir qui d’autre est là, alors que vous voulez vraiment leur parler de quelque chose d’important ; en fait, il est possible que vous ne soyez venus à cette fête uniquement pour parler à cette personne en particulier, et ils veulent juste savoir ce qui les attend après… »
La patience, le secret d’un retour réussi ? L’avenir le dira…