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«Je connais un violeur»: les victimes racontent leur calvaire sur Tumblr

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«Un ancien ami », « L’ex-conjoint de ma tante », « Mon copain de l’époque », « Le fils d’amis de mes parents », « Mon mari »… Les témoignages affluent sur le Tumblr intitulé « Je connais un violeur », sur lequel des centaines de victimes dressent un portrait de leur agresseur. Cet espace d’échange est pour certaines des victimes l’ultime recours, lorsque leur entourage refuse de les écouter ou de les croire.

« Cette histoire, je l’ai racontée à plusieurs de mes proches, mais aucun n’a vraiment saisi la portée de cet acte. Il y a ceux qui ont nié et qui m’ont traitée de menteuse, comme mon propre père l’a fait. Il y a ceux qui prennent ça à la légère, se disant que j’en rajoute une couche pour me rendre intéressante. Et il y a ceux qui s’en fichent », confie par exemple l’une des victimes sur la plate-forme de microblogage.

« Le portrait du violeur ordinaire »

A l’origine de ce Tumblr : Pauline, 27 ans, militante de l’association Osez le féminisme. La jeune femme, elle-même victime de violences sexuelles, recueille les témoignages et se charge de la relecture avant de les publier : « Mon idée, c’est vraiment de brosser le portrait du violeur ordinaire. Je veux que les victimes fassent ce portrait. Du genre : âge, profession, corpulence », explique-t-elle dans une interview accordée à 20 minutes.

Car pour elle, les violeurs ne sont pas que des «marginaux» ou des « fous» : « L’image du violeur psychopathe vivant en marge de la société est un mythe qui ne concerne qu’une faible minorité d’entre eux », lit-on sur le blog. « Dans 67 % des cas, le viol a lieu au domicile de la victime ou de l’agresseur, qui est un ami ou un proche. Dans 80 % des cas, l’agresseur était connu de la victime. Un viol sur trois est commis par le mari ou partenaire régulier », précise encore le Tumblr.

« Sortir des stéréotypes »

Chaque année 75 000 femmes sont victimes de viols en France, soit un viol toutes les huit minutes. Pour Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol, les initiatives comme ce blog permettent « sortir des stéréotypes selon lesquels les victimes ne sont que des jeunes femmes en minijupes qui se font violer à Pigalle à Paris. Le viol touche tous les âges. Les violeurs ne sont pas des inconnus : ce sont des proches des victimes dans 90 % des cas » explique-t-elle à JOL Press. « Plus il y a d’espaces où l’on peut parler des violeurs et rétablir la vérité, mieux c’est. »

Ce n’est pas la première fois que des blogs permettent aux internautes de dénoncer les violences sexuelles dont elles ont été victimes. En novembre 2012, le mouvement « Viol : la honte doit changer de camp », dans le cadre du manifeste des 313 lancé par la féministe Clémentine Autain, avait rassemblé des dizaines de témoignages. 

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