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Khan Academy en VF: «Un outil complémentaire pour les élèves»

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Le succès de l’école virtuelle

En voyant sa petite cousine Nadia bloquer sur des problèmes de mathématiques, l’Américain Salman Khan décide en 2004 de créer des tutoriels sur Youtube pour la faire progresser. La collégienne n’était visiblement pas la seule à rencontrer des difficultés sur ces exercices, puisque des milliers d’internautes visionnent les vidéos qui font vite le tour du monde.

Face à ce succès, le diplômé en mathématiques, en génie électrique et informatique, décide de créer en 2006, une plateforme d’apprentissage en ligne qui propose chaque mois plus de 4.500 leçons gratuites sur YouTube, d’une durée d’environ dix minutes, niveau école primaire-collège.

Là encore, c’est succès mondial qui pousse Salman Khan à quitter son emploi dans la finance pour se dédier complètement à son association. Objectif de la Khan Academy: rendre accessible le savoir à un large public en proposant des vidéos de mathématiques, de physique, biologie ou encore d’économie à plus de six millions d’utilisateurs chaque mois. Depuis deux ans, ces tutorielsont été visionnées plus de 280 millions de fois sur Youtube, et les écoliers-internautes0 ont effectué plus 1,2 milliard d’exercices.

Une version française

Depuis le 4 septembre 2013, Bibliothèques Sans Frontières a lancé la version française de la Khan Academy.  L’ONG propose 250 leçons vidéos de mathématiques disponibles gratuitement sur YouTube, à destination des élèves du primaire et du collège, mais aussi des adultes. Comme l’association américaine, l’objectif de Bibliothèques Sans Frontières est de «  favoriser l’accès aux connaissances pour le plus grand nombre, des plus jeunes aux  adultes, en France comme dans le reste du monde » explique l’historien Patrick Weil, président de BSF.  Ces vidéos sont réalisées par des jeunes professeurs ou doctorants qui sont encadrés validées par un comité scientifique. Précisions de Jérémy lachal, directeur de l’ONG. 

JOL Press : Quel est l’objectif de Bibliothèque Sans Frontières en lançant la VF de la Khan Academy ?
 

Jérémy Lachal : La philosophie de base de Bibliothèques Sans Frontières c’est l’accès au savoir et à l’information pour le plus grand nombre partout dans le monde. On travaille aujourd’hui dans une vingtaine de pays parmi les pauvres de la planète mais aussi en France et aux Etats-Unis. Adapter  les vidéos éducatives de la Khan Academy rejoint complètement l’idée de Bibliothèque Sans Frontières : donner accès à une bibliothèque de contenu éducatif, en ligne, accessible partout, pour tous à tout moment, 24h/24. 

JOL Press : Qu’est-ce que la BSF apportera de plus que la Khan Academy ?
 

Jérémy Lachal : Bien plus qu’une simple traduction des cours proposés par la Khan Academy, il s’agit d’une adaptation. Des doctorants en mathématiques ou en physique adaptent les vidéos ; qui seront ensuite validées  par un comité scientifique composé de spécialistes de l’éducation, des nouvelles technologies et du monde de l’édition. Le plus par rapport à la Khan Academy est de rendre le contenu accessible à toute la zone francophone. 

JOL Press : A qui sont destinés ces cours ?
 

Jérémy Lachal : A tout le monde ! Les 250 vidéos en ligne depuis le 4 septembre sont à la base destinées aux élèves de primaire et de collège : mais tout le monde peut avoir envie de réapprendre ou apprendre les mathématiques pour calculer par exemple la superficie d’une pièce, se replonger dans la géométrie avec le théorème de Pythagore. La méthode permet à chacun de se l’approprier : les internautes peuvent regarder les vidéos à son rythme, les visionner plusieurs fois…Les professeurs peuvent les utiliser pendant la classe pour introduire un cours. 

JOL Press : Ces vidéos éducatives peuvent-elles remplacer les cours à l’école, ou doivent elles perçues comme des compléments aux cours ?
 

Jérémy Lachal : Il faut effectivement être très prudent avec ça : il ne s’agit en aucun cas de venir concurrencer les professeurs ou de les remplacer, bien au contraire. Ces vidéos sont des compélments des cours enseignés à l’école. L’idée est d’apporter un outil supplémentaire aux professeurs et aux élèves, comme le manuel scolaire ou comme l’ensemble des contenus qui existent déjà sur la toile. Avec cette particularité que lorsqu’on est hors de l’école, à la maison, cette méthode est complètement gratuite et permet aux parents d’éviter de dépenser des fortunes en soutien scolaire. 

JOL Press : Quelle différence avec les supports éducatifs déjà disponibles gratuitement sur Internet ?
 

Jérémy Lachal : La méthode de la Khan Academy est exceptionnelle et a prouvé son efficacité pédagogique. Aux Etats-Unis, au Brésil, au Mexique plusieurs centaines de milliers de classes l’utilisent  et ça marche. La méthode proposée rappelle celle grand-frère ou d’un tuteur qui s’assoit à côté de l’élève et qui dessine sur une feuille pour lui  expliquer le raisonnement. Cette méthode innovante n’existe pas dans les tutoriels en français proposés sur la toile. 

JOL Press: Concernant les projets futurs de la Bibliothèque ? 
 

Jérémy Lachal : La méthode de la « classe inversée » existait déjà avant Salman Khan mais il l’a largement démocratisé. Le principe est d’amener la classe à travailler de manière beaucoup plus collaborative et avec une pédagogie beaucoup plus individualisée. L’idée fondamentale est de dire que les cours de la Khan Academy seront les devoirs à faire à la maison : la classe est un lieu de débat, d’exercices où justement le professeur n’a plus à donner le cours magistral mais doit travailler avec les enfants pour voir si cette leçon a bien été comprise. Aux Etats-Unis, dans de nombreuses classes, lorsque les élèves arrivent en cours, ils se connectent sur la plateforme de Khan Academy. Le professeur avec les outils de coaching peut suivre en temps réel si un élève réussit un module d’exercice, détecter les problèmes sur lesquels les élèves bloquent : ce qui lui permet d’avoir une approche individualisée pour chaque élève. Les enfants ne sont pas des robots derrière leurs ordinateurs, puisqu’ils sont amenés à s’entraider et à collaborer. Les classes sont généralement très dynamiques : les élèves circulent, discutent, essayent de régler des problèmes d’exercices à plusieurs : c’est une méthode pédagogique réinventée. 

JOL Press : Cette méthode anglo-saxonne de « classe inversée » va –t-elle fonctionner en France ?
 

Jérémy Lachal : C’est en tout cas une méthode qu’on peut envisager d’adapter au système français et aux réalités de notre pays. Cette méthode de classe inversée à la particularité d’être extrêmement souple. Les panels de mise en place de cette méthode sont extrêmement larges et diversifiés. Beaucoup d’ensignants nous appellent pour nous dire qu’ils aimeraient essayer cette méthode: il y a un vrai enthousiasme aujourd’hui à réfléchir à de nouveaux modèles. 

Propos recueilli par Louise Michel D. pour JOL Press

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