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La «vengeance porno» sur Internet enfin sanctionnée?

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À 23 ans, Holly Jacobs était bien loin de s’imaginer que des photos d’elles nue se retrouveraient diffusées sur des dizaines de sites pornographiques des années plus tard, par son ex-petit ami. Et qu’il irait même jusqu’à rajouter son nom, son adresse e-mail et une capture d’écran de son profil Facebook.

« Chaque fois que je suis allée le signaler à la police, ils me disaient qu’ils ne pouvaient rien faire parce que j’étais majeure et que j’avais consenti à prendre ces photos », a expliqué Holly Jacobs à la BBC.

Maris vengeurs

Le cas d’Holly – qui a changé son nom de naissance « Holli Thometz » suite à cette odieuse découverte – n’est malheureusement pas le seul. Depuis quelques années, des centaines de femmes comme elle découvrent des photos ou vidéos compromettantes d’elles sur la Toile, généralement postées par d’anciens maris ou petits amis.

Ce phénomène, qui touche principalement les femmes, a un nom : Revenge Porn (ou « porno de la vengeance »). Et son « succès » a même poussé un certain Hunter Moore à lancer un des nombreux sites spécialisés dans la diffusion de ce genre de contenus.

« End Revenge Porn », un mouvement qui lutte contre le phénomène

Aux États-Unis, où ce phénomène est en train de devenir un vrai problème de société, un mouvement est né : End Revenge Porn. Créé par Holly Jacobs, le mouvement entend donner une voix à toutes les femmes victimes de cette forme de violence sexuelle et d’atteinte à la vie privée. Le mouvement cherche également à ébranler les consciences des législateurs du monde entier.

Marianna Taschinger, une texane de 23 ans, a aussi été victime de Revenge Porn. « Il m’a dit que si je ne lui envoyais pas des photos de moi nue, cela voulait dire que je ne lui faisais pas confiance et que donc je ne l’aimais pas », raconte-t-elle au New York Times. Quelques mois après sa rupture, elle subit le même sort qu’Holly et découvre ses photos sur la toile.

Une loi pour sanctionner la vengeance porno

La jeune femme, qui poursuit actuellement son ex-petit ami, espère obtenir gain de cause. Mais à part fermer les sites qui diffusent les photos ou infliger des amendes aux coupables, les autorités judiciaires ne peuvent en réalité pas faire grand-chose pour lutter durablement contre ce phénomène et ses effets dévastateurs sur les victimes. Mais les choses commencent à bouger.

Cette semaine, le parlement californien a approuvé la première loi contre le Revenge Porn, qui ressemble à une loi déjà existante dans l’État du New Jersey votée en 2003 pour lutter contre ceux qui enregistrent des actes sexuels sans le consentement des deux parties.

Seulement 20% des cas pris en compte ?

Si la loi approuvée en Californie est un premier pas vers une législation renforcée, le mouvement End Revenge Porn a cependant exprimé son désarroi face à cette loi qui échoue encore à protéger « 80% des victimes de Revenge Porn ».

Selon Holly Jacobs, le projet de loi ne couvre pas les cas où les victimes prennent elles-mêmes des photos ou des vidéos d’elles, ce qui représente environ 80% des victimes. Par ailleurs, les sanctions ne s’appliqueraient qu’aux personnes qui diffusent de tels contenus avec l’intention de causer aux victimes une « angoisse émotionnelle sérieuse », et seulement s’ils y parviennent.

« Plusieurs de ces diffuseurs pourraient potentiellement contourner la loi en déclarant qu’ils ont publié ces photos et vidéos pour se faire de l’argent, gagner en notoriété ou partager leur « conquêtes », comme l’a raconté une des victimes », explique Holly Jacobs.

« La nation toute entière regarde la Californie pour voir si elle sera le premier Etat à prendre une décision claire et effective contre cette pratique qui ruine des vies et des réputations », continue-t-elle. « Nous faisons tout notre possible pour être sûr qu’elle le fasse ».

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