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Le drame des mères célibataires marocaines

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On les appelle les bébés de la honte. Ces enfants marocains nés hors mariage et non reconnus par leur père qui, bien avant leur naissance, démarrent dans la vie avec moins de chance que les autres.

Des mères, ou des prostituées

Au Maroc, les mères célibataires ne sont pas reconnues et son même aujourd’hui encore, et selon la loi en vigueur, reconnues officiellement comme des prostituées. Le site canadien La Presse consacre un article poignant sur la situation de ses femmes en suivant trois d’entre-elles, Sabah, Hasna et Hassania, qui ont eu le courage de s’aventurer à garder leur enfant, et ce malgré le sort qui les attend.

Selon le site canadien, ces Marocaines seraient aujourd’hui 27 000 mères à n’être pas reconnues comme tel selon le code de la famille en date de 2004.

Selon ce dernier, également appelé la Moudawana, ces femmes ne sont alors pas reconnues comme des mères mais comme des prostituées qui risquent une peine d’emprisonnement allant d’un mois à un an.

24 abandons par jour

Un statut qui les place en marge de la société mais également de leurs familles qui, pour être épargnées de cette honte, exigent souvent de ces femmes qu’elles abandonnent leur enfant avant de revenir chez elles.

« J’ai caché ma grossesse à ma famille et je suis allée chez le médecin pour me faire avorter, mais il était trop tard. Ma patronne m’a emmenée à l’association et m’a dit que si j’abandonnais mon bébé, elle me reprendrait », témoigne Samira, une jeune femme de Casablanca.

« Vingt-quatre bébés sont abandonnés chaque jour », explique Aïchah Chenna, fondatrice de Solidarité féminine au site La Presse. « Et je ne vous parle pas des cadavres qu’on trouve chaque jour dans les poubelles. Il y a un problème de moralité dans notre pays. Au nom de la honte, de la ‘hchouma’, on sacrifie nos enfants ».

Le rôle fondamental des familles

Qu’en est-il des pères dans ce processus ? Ils ne sont tout simplement pas forcés par la loi de reconnaître leur enfant et dans la plupart des cas, les mères ne peuvent donc pas compter sur eux.

« Si la Moudawana reconnaît la filiation naturelle entre la mère et son enfant, la filiation paternelle n’existe pas. Elle ne permet pas non plus à la mère de demander au père de reconnaître son enfant en recourant à l’analyse ADN, sauf en cas de fiançailles ou de mariage. Mais selon une jurisprudence de la Cour suprême, même si une filiation est établie par ADN, le père peut refuser de reconnaître l’enfant, qui restera considéré comme un ‘enfant naturel », explique La Presse.

Les familles, souvent dans la difficulté face à cette situation, n’hésitent parfois pas à renier leur enfant.

Pourtant, comme l’indique La presse, « les travailleurs sociaux dans les associations venant en aide aux mères célibataires sont unanimes : la réconciliation familiale est la clé du succès de leur intervention ».

> Lu sur La Presse

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