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Le parti pirate allemand: avis de disparition

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Une entrée en politique rebelle et prometteuse…

Créé en 2006, sur le modèle de son homologue suédois, le Parti Pirate allemand, le PIRATEN, est celui qui a le mieux réussi de tous – à Berlin, en particulier où il a séduit la population jeune employée de nombreuses start-up. Proclamer un message citoyen novateur lui a permis de faire une entrée remarquée sur la scène politique allemande – avec déjà 2% aux élections fédérales de 2009. Les succès électoraux se sont enchainés en 2011 lors de plusieurs élections régionales à Berlin, en Schleswig-Holstein (nord), en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et en Sarre (ouest). En 2012, un sondage les créditait même de 13% des intentions de vote, de quoi devenir la troisième force politique du pays.

Les « pirates » ont su séduire une partie de l’électorat allemand par leur attachement à la transparence – une exigence démocratique essentielle -, par leur volonté d’instaurer une démocratie participative, et par des propositions-phares telles que la légalisation du cannabis, la privatisation de l’Eglise, la gratuité des connexions à Internet, de la contraception, et des transports publics, ainsi que la protection des données personnelles. Le parti s’est également démarqué avec sa logique de « démocratie liquide », selon laquelle chacun peut décider de s’engager dans une action, sans nécessairement adhérer à l’ensemble de la ligne politique du parti.

Proches idéologiquement des Verts, les « pirates » considèrent néanmoins que les écologistes se sont affadis en se cantonnant au clivage classique gauche/droite. A leur émergence, les politologues ont d’ailleurs pensé que le Parti Pirate prendrait le relais des Verts, et deviendrait ainsi le nouvel effronté de la politique allemande.

… Aujourd’hui sur le déclin

L’envolée du parti s’est rapidement brisée. Absents des scènes politiques et médiatiques depuis plusieurs mois, les « pirates » ne sont plus que crédités de 2 à 3 % des intentions de vote dans les sondages pour les prochaines élections fédérales allemandes qui auront lieu le 22 septembre. Ils sont désormais loin des 5% nécessaires pour entrer au Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand. 

Ils peinent à proposer des idées concrètes, adaptées aux attentes et aux besoins de leurs concitoyens. Aucune ligne directrice n’est fixée concernant la politique étrangère, l’emploi ou la santé. La plupart des élus « pirates » sont jeunes et inexpérimentés en politique, et sont alors totalement dépassés face aux responsabilités qui leur incombent.

Plusieurs scandales ont brouillé l’image du parti : des militants se sont révélés être des anciens membres du NPD, le parti d’extrême-droite allemand, et un de ses représentants s’est laissé aller à une déclaration plus que douteuse, comparant la progression du parti pirate à celle du parti nazi entre 1928 et 1933.

Le Parti Pirate s’est alors retranché derrière le scandale du système de surveillance américain PRISM, réclamant plus de transparence sur le rôle joué par les services secrets allemands, et en organisant, notamment, des « Kryptoparties » où on apprend à sécuriser ses données personnelles. Néanmoins, cela ne suffira pas à le faire entrer au Bundestag selon Klaus-Peter Schöppner, directeur général de l’Institut des sondages TNS Emnid. Il explique que le Parti Pirate « a perdu ses trois atouts initiaux : il est beaucoup moins apprécié pour ses compétences dans le domaine des nouvelles technologies et il n’est plus perçu ni comme un parti protestataire, ni comme une organisation particulièrement démocratique ».

Leur dernière chance : les élections européennes

Le 6 septembre dernier, à Luxembourg,  plusieurs représentants des partis pirates de l’Union Européenne, dont celui d’Allemagne, ont créé un Parti Pirate européen qui pourra participer aux prochaines élections européennes en 2014. Bernd Schlömer, président du Parti Pirate allemand, qui semble s’être résigné pour les prochaines élections fédérales, mise désormais sur les européennes de 2014 pour effectuer une percée politique. 

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