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«L’égalité trahie»: une ONG dénonce l’impact des contrôles au faciès

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«Vous n’êtes rien, vous n’êtes personne»

« En France, les personnes noires peuvent être contrôlées six fois plus que les blancs. Pour les personnes d’origine maghrébine, c’est huit fois plus ». C’est ce que révèle un rapport publié mercredi 25 septembre, par l’ONG Open Society Foundation.

 Cette étude intitulée « L’égalité trahie, l’impact des contrôles au faciès », a été menée en 2009 par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’Open Society Justice Initiative sur cinq lieux répartis entre les gares parisiennes et leurs abords immédiats.

Pour alerter les pouvoirs publics sur l’ampleur du profilage ethnique, l’ONG rassemble des témoignages et plusieurs histoires personnelles comme celle d’Hicham Kochman , auteur-compositeur : « Ceux qui n’ont jamais été contrôlé ne savent pas ce que cela génère à l’intérieur de soi, en termes de sentiments : vous n’êtes rien, vous n’êtes personne » explique l’artiste.

« Après mon premier contrôle, je suis arrivé chez moi, je me suis mis dans mon lit, et j’ai pleuré à chaude larme » explique quant à lui Achille NDari, humoriste et comédien. « J’étais en face de droit : et je me suis rendu compte qu’il n’y avait plus d’adéquation entre ce que j’apprenais et la réalité » poursuit-il.

Traumatisme

Pour Lyes, Achille, Saïd, Adil, Adji, et bien d’autres, les contrôles policiers arbitraires font partie de leur quotidien. Palpations, fouilles corporelles…  le contrôle d’identité entraîne la gêne et l’humiliation: un traumatisme chez les individus concernés.  « C’est comme si on vous rappelait en permanence qu’à travers votre visage, votre couleur de peau, votre faciès, finalement vous n’êtes pas vraiment d’ici » déplore Adji Ahoudian, élu municipal.

Stigmatisation

En plus des séquelles physiques et psychologiques que peuvent entraîner ces contrôles abusifs, ce profilage ethnique alimente les stéréotypes qui conduisent à la stigmatisation des groupes minoritaires, entrenant le racisme, comme l’explique le rapport: car « si la police elle-même considère les minorités comme suspectes, pourquoi les employeurs, les propriétaires, les cafetiers ou les commerçants devraient-ils s’en priver ? ». 

Après avoir subi de multiples contrôles, la personne peut avoir l’impression d’être exclue dans une société qui prône pourtant le triptyque « Liberté, égalité, fraternité », inscrit sur tous les frontons des mairies. Interrogé dans le cadre de l’étude, Lyes Kaouach, étudiant en art dramatique estime qu’il existe « deux France » : « Notre France à nous, celle des quartiers, des immigrés et puis la France des autres. Nous, lorsqu’on marche dans le centre-ville et qu’il y a des flics, nous nous sentons en insécurité. Il y en a d’autres, qui grâce à la présence policière se sentent en sécurité».

Réglementation floue

Le rapport montre également que les contrôles d’identité ne laissent bien souvent aucune trace administrative. S’il s’agit d’un contrôle discriminatoire, les personnes ne peuvent donc pas obtenir réparation. Pour plus de transparence, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls avait émis l’idée de récépissés délivrés à chaque contrôle d’identité – promesse de campagne de François Hollande –  avant de renoncer au projet en septembre 2012, rapporte France Info

Par Louise Michel D. pour JOL Press

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