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L’électorat FN de plus en plus hétéroclite inquiète le gouvernement

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A six mois des élections municipales et au jour de l’université d’été des 14 et 15 septembre, le Front National poursuit son ascension dans les sondages. Une nouvelle enquête du CSA réalisée pour BFM TV et Le Figaro lui donne en effet 16 % des voix si les élections municipales se déroulaient ce weekend, soit 4 points supplémentaires par rapport à l’enquête précédente. Une victoire d’autant plus importante que ce serait l’électorat des aînés, traditionnellement un rempart au vote frontiste, qui se dirigerait vers le FN.

Les ainés choisissent 4 fois plus le FN qu’il y a dix ans

Cette offensive frontiste en direction des personnes âgées inquiète le gouvernement. Europe 1 a en effet révélé ce vendredi 13 septembre qu’une note de six pages aurait été envoyée par le ministère des personnes âgées à François Hollande pour l’alerter sur le danger de voir les personnes âgées voter FN. Et malgré le fait qu’il s’agisse d’une population plus encline à voter à droite, les personnes âgées représentent, pour les socialistes, un enjeu électoral primordial, du fait qu’elles se mobilisent généralement fortement.  

L’électorat des enfants du baby-boom, habituellement acquis aux partis classiques, l’est ainsi de moins en moins. Alors que le 21 avril 2002, 4 % des plus de 60 ans ont voté FN, en 2012, lors des élections présidentielles, ils étaient 17 %. Selon cette note, ils seraient ainsi quatre fois plus nombreux qu’il y a dix ans à choisir Marine Le Pen.

Une nouvelle surprenante lorsqu’on sait que l’électorat frontiste est majoritairement composé par les jeunes générations et les classes populaires. Néanmoins les personnes âgées, déçues par l’UMP et touchées par la prochaine réforme des retraites du gouvernement socialiste, rejoignent de plus en plus les rangs de Marine Le Pen. Le Premier ministre a en effet révélé le 27 août dernier que les retraités seraient mis à contribution dans le cadre de la nouvelle réforme des retraites, par le report de la revalorisation annuelle des pensions au 1er octobre 2014 – initialement prévue le 1er avril –, et par la fiscalisation de la majoration des pensions pour les parents ayant élevé au moins trois enfants. Par ailleurs, le FN réagit de plus en plus sur les sujets de société, et notamment sur la dépendance des personnes âgées.

Urgence d’attendre

Face à cette situation plus que délicate, ce n’est pas pour rien que le gouvernement a décidé de reporter la réforme sur la dépendance, de la ministre déléguée aux Personnes âgées Michèle Delaunay, à 2014, puisque nécessairement les personnes âgées devront participer à son financement. Même son de cloche pour la réforme des retraites, qui malgré les deux mesures annoncées, a globalement épargné les retraités.  

Selon Europe 1, un conseiller ministériel a résumé parfaitement cette stratégie d’attente en expliquant qu’ils n’étaient pas non plus obligés de s’aliéner tout le monde juste avant des élections ».

Infiltration frontiste du pouvoir « par la base »

Le secrétaire général du FN, Steeve Briois affirme que l’objectif principal du parti est « de marquer [son] retour à tous les échelons du pouvoir, la conquête commençant par la base », des propos reportés par le journal Le Monde.

Une stratégie qui n’a jamais été aussi poussée puisque « pour la première fois, dans toutes les communes importantes, il pourrait y avoir des listes FN aux municipales » explique Malek Boutih, député PS de l’Essone. Jean-Jacques Urvoas, député PS du Finistère diagnostique également « un vrai risque » de progression du FN dans l’Ouest de la France – une région jusque-là peu acquise au FN, mais qui a perdu des plumes après les milliers de licenciement chez Doux et d’autres entreprises de l’agroalimentaire. Selon lui, « le débouché est clairement anti-Europe ».

Cette conquête par le bas est également constaté par les députés sur le terrain. Laurent Baumel, député de l’Indre-et-Loire en témoigne : « la France des couches populaires et moyennes nous a fait passer le message. En substance : « Je suis en colère. Et la prochaine fois, ce sera Marine ». La plupart des députés voient également que les frontières entre les différents partis politiques s’affaissent : « Les digues se fissurent » reconnait-il. 

Et le pire électoralement parlant pour les socialistes serait encore à venir. Un poids lourd du gouvernement a confié au journal Le Monde que « Les élections qui représentent un vrai danger sont les régionales et les cantonales de 2015 ».

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