Site icon La Revue Internationale

Les présidents africains et Twitter, une histoire compliquée

[image:1,l]

Dans la foulée des Occidentaux, les dirigeants africains investissent Twitter pour communiquer. Pourtant, sur le réseau de micro-blogging, tous les dirigeants d’Afrique ne sont pas aussi à l’aise les uns que les autres.

L’accès à Internet en questions

Une première inégalité de taille réside entre les dirigeants francophones et anglophones. Qu’il s’agisse de Jacob Zuma, président sud-africain, de Uhuru Kenyatta, président kényan, du Rwandais Paul Kagamé ou du Tanzanien Jakaya Kikwete, tous sont anglophones et tous sont dans le top des 5 des utilisateurs de Twitter selon le magazine Jeune Afrique qui a tenté d’expliquer cette inégalité dans l’utilisation des nouvelles technologies.

L’accès à ces nouvelles technologies serait d’ailleurs un premier fossé mis en lumière par Jeune Afrique. En effet, les pays anglophones sont traditionnellement plus à l’aise avec l’utilisation d’Internet que leurs voisins anglophones.

« Les pays anglophones sont plus réceptifs aux évolutions technologiques », explique alors Diarra Diakité, conseiller technique auprès de la présidence malienne et à l’origine de la création du compte Twitter @présidencemali à Jeune Afrique.

Pourtant, tout n’est pas une question d’accès aux nouvelles technologies. En effet, au Rwanda, l’accès à Internet est encore rare tandis qu’il est beaucoup plus développé au Sénégal. Or le président rwandais Paul Kagamé est un fervent utilisateur de Twitter tandis que son homologue Macky Sall est beaucoup moins actif sur le réseau.

Une prédisposition culturelle ?

Bien-au-delà de l’accès à ces technologies, Diarra Diakité estime alors qu’il est également question de « prédisposition culturelle ».

En effet, la culture d’Internet et des réseaux sociaux n’est pas la même dans tous les pays du continent africain. « On entend parfois dire que les pays francophones ont conservé le pire de leur ancien colonisateur, l’esprit fonctionnaire, tandis que les anglophones ont gardé le meilleur, l’esprit d’entreprise », note le journaliste de Jeune Afrique.

« Les anciens pays de colonisation d’expression française traînent encore un certain nombre de boulets », déplore encore Diarra Diakité. « On est frileux, on met plus de temps et quand on réalise les avantages, on a déjà pris du retard ».

Un outil de campagne comme un autre

En temps de campagne électorale, Twitter devient pourtant le nouvel allié de certains hommes politiques. Le Mali, pays francophone, ne fait pas défaut à la règle.

Lors de la campagne qui a précédé l’élection présidentielle du 28 juillet dernier, les candidats maliens ont utilisé les réseaux sociaux, qu’il s’agisse de Twitter ou de Facebook. C’est ainsi que le candidat vainqueur, Ibrahim Boubacar Keita, a annoncé sa victoire sur Twitter.

Pour certains présidents, Twitter n’est alors qu’un outil de campagne qui n’a plus d’utilité une fois la victoire acquise. C’est le cas du Congolais Joseph Kabila ou du Camerounais Paul Biya. Ce dernier a un compte Twitter inactif depuis la fin de la présidentielle de 2011 tandis que Joseph Kabila n’a plus utilisé son compte depuis le 7 octobre 2010, jour où il a écrit son unique tweet.

« Une haute personnalité politique africaine a intérêt à posséder un compte Twitter », explique Catherine Dernis, directrice conseil de l’agence de communication Hopscotch Système Africa, qui travaille avec les politiques en Afrique, au magazine Jeune Afrique. « À condition d’avoir une vraie stratégie d’animation et de produire un contenu à la fois régulier et informatif : laisser un compte vide ou inanimé peut jouer à contremploi de la communication ».

> Lu sur Jeune Afrique

Quitter la version mobile