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Les Soudanais dans la rue pour faire tomber Omar el-Bechir

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Depuis quatre jours maintenant les Soudanais se soulèvent contre le régime de leur président Omar el-Béchir. Quatre jours d’affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, qui ont fait au moins 29 morts jusqu’à présent, selon la police, et 50 selon les organisations de défense des droits de l’homme.

Des élans de Printemps africain

Déjà, l’engouement des Printemps arabes a gagné la foule qui demande aujourd’hui la chute du régime en place. Ce que dénoncent les manifestants ? La politique d’austérité mise en place par le président et la soudaine hausse du prix des carburants, qui frappent de plein fouet le pouvoir d’achat des Soudanais du nord déjà lourdement touché depuis deux ans, suite à l’indépendance du Soudan du Sud qui a privé son voisin du nord d’une part de ses revenus pétroliers.

Une envie de Printemps africain qui semble ne jamais avoir été aussi forte depuis que le président Omar el-Bechir est arrivé au pouvoir, en 1989. Ces manifestations d’une rare violence signent la plus grosse mobilisation populaire contre le pouvoir enregistrée depuis 24 ans.

Mobilisation pour la chute du régime

Dans le quartier d’Al-Inqaz, dans la capitale, ils étaient environ 3 000, jeudi 26 septembre, à manifester au son de « Liberté, liberté » ou encore « Le peuple veut la chute du régime. »

A 1 000 km au nord de Khartoum, dans la ville de Port Soudan, ils étaient également un millier dans les rues pour dénoncer le régime présidentiel.

« Non à la cherté de nos vies, non à ceux qui font le commerce de la religion », scandaient les manifestants, selon des témoignages recueillis par l’AFP.

Dans la capitale, Khartoum, il n’était alors plus possible d’accéder à Internet, les connexions étant coupées. Personne ne sait à ce jour s’il s’agissait d’une rupture de connexion volontaire du gouvernement ou d’une panne technique. Or, comme partout ailleurs, c’est sur les réseaux sociaux que les appels à manifester avaient largement circulé.

Des ONG s’alarment

Face à la violence de la répression des manifestants, plusieurs organisations de défense des droits de l’homme se sont associées, vendredi 27 septembre, pour dénoncer les exactions des forces de l’ordre qui auraient délibérément tiré sur la foule.

Parmi les 29 victimes officielles, la plupart auraient été tuées par les forces de l’ordre, selon des témoins et des proches dont le témoignage a été recueilli par diverses organisations.

Selon un communiqué commun de l’African Centre for Justice and Peace Studies et d’Amnesty International, 50 personnes seraient décédées après avoir été touchées par balle à la tête ou à la poitrine, mardi 24 et mercredi 25 septembre.

« Des sources locales et des militants ont parlé d’un bilan plus lourd, au-delà de 100 », ajoute encore le communiqué.

Un mineur parmi les victimes

Les deux organisations ont exprimé leur « profonde inquiétude » engendrée par des informations relatives à l’arrestation de plusieurs centaines de manifestants par les services de renseignements et ont appelé à « s’assurer qu’ils ne sont ni torturés, ni maltraités. »

« Tirer pour tuer – en visant notamment la tête et la poitrine – est une violation flagrante du droit à la vie, et le Soudan doit immédiatement cesser cette violente répression par ses forces de sécurité », déclare Lucy Freeman, directrice-adjointe pour l’Afrique à Amnesty International.

« Au moins 50 personnes ont été tuées et 100 blessées depuis le début des protestations, selon des sources interviewées par les organisations », précisent les deux groupes qui indiquent notamment qu’un « garçon de 14 ans de Khartoum figure parmi les morts et il semble que la majorité des victimes sont âgées de 19 à 26 ans. »

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