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Mali: le nouveau président IBK prête serment

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Le président Ibrahim Boubacar Keita prête aujourd’hui serment. L’investiture sera prolongée lors d’une cérémonie le 19 septembre, à laquelle une vingtaine de chefs d’Etat sont attendus, dont 14 venant des pays de la Cédéao ainsi que les présidents français François Hollande et sud-africain Jacob Zuma.

Ibrahim Boubacar Keita, plus communément appelé « IBK », était l’un des grands favoris du scrutin. À 68 ans, ce routier de la politique est bien connu de la population malienne, ce dernier ayant déjà été Premier ministre entre 1994 et 2000 puis président de l’Assemblée nationale de 2002 à 2007.

Les tâches du nouveau président en place

Désormais président, Ibrahim Boubacar Keita s’attèle à une lourde tâche, celle de reconstruire un pays détruit. Économiquement, le Mali est en proie à de lourdes difficultés depuis le coup d’État du 22 mars 2012, et ce n’est que grâce à l’exploitation des mines d’or du sud que le pays a réussi à engranger quelques revenus.

Le nord et le sud du pays sont divisés et les prétentions autonomistes des touaregs du nord menacent la stabilité du pays. Les Accords de Ouagadougou signés en juin 2013 ont entamé un processus de paix qui devra être entériné avec le dialogue que devra créer Ibrahim Boubacar Keita avec les militants nordistes.

Le nouveau président devra également se charger de l’armée. À l’origine du coup d’État qui a provoqué la crise au Mali, l’armée est fortement désorganisée et n’a pas eu les moyens de faire face à l’invasion islamiste au nord sans l’aide de l’intervention française.

Étudiant en France et au Sénégal

Né en 1945 à Koutiala, Ibrahim Boubacar Keita a entamé ses études à Paris, au lycée Janson de Sailly, avant de retourner à Bamako. Son parcours étudiant l’a conduit au Sénégal puis de nouveau en France où il a étudié à la Sorbonne et à l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines (IHRIC).

Diplômé en histoire et en relations internationales, Ibrahim Boubacar Keita entre au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) où il devient chargé de recherche et enseignant en systèmes politiques.

Il revient une nouvelle fois au Mali et devient conseiller technique principal du Fonds européen de développement (FED) en charge de la mise en œuvre du premier programme de micro-réalisations par la Communauté économique européenne au Mali, puis directeur représentant de l’ONG française Terre des Hommes pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Poulain d’Alpha Oumar Konaré

Sa carrière politique démarre alors qu’Ibrahim Boubacar Keita est militant de l’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ).

Sans gravir les échelons, il devient rapidement le directeur de campagne d’Alpha Oumar Konaré qui se présente à l’élection présidentielle d’avril-mai 1992. Une fois élu, ce dernier fait de son directeur de campagne un conseiller diplomatique et porte-parole de la présidence de la République du Mali. La même année, il est nommé ambassadeur du Mali auprès de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Burkina Faso et du Niger.

Novembre 1993. Ibrahim Boubacar Keita est ministre des Affaires étrangères, des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine. Finalement, ce n’est que quatre mois plus tard qu’il devient Premier ministre, une fonction qu’il occupera pendant six ans, conjointement avec sa fonction de président de l’ADEMA-PSAJ.

Quelques années plus tard, et alors qu’Ibrahim Boubacar Keita convoite la présidence et la place de celui qui l’a lancé en politique, les deux personnalités se confrontent en hauts lieux et le conflit d’intérêts qui oppose le président Alpha Oumar Konaré à son Premier ministre force ce dernier à la démission. Ibrahim Boubacar Keita quitte également la présidence de son parti et, appuyé par certains partisans, fonde son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM).

Trois fois candidat

Avant l’élection présidentielle qui s’est déroulée du 28 juillet au 11 août, Ibrahim Boubacar Keita a déjà tenté à deux reprises l’expérience présidentielle.

En 2002, il remporte 21,15% des suffrages lors du premier tour de l’élection, mais il doit admettre sa défaite alors que sont sélectionnés pour le deuxième tour l’ancien président Amadou Amani Touré et Soumaïla Cissé, son principal adversaire.

Après avoir rapidement contesté les résultats, Ibrahim Boubacar Keïta apporte son soutien à Amadou Amani Touré.

En 2007, IBK est de nouveau candidat pour le Rassemblement pour le Mali et condamne avec véhémence la politique de son adversaire, le président sortant. Pourtant, ce dernier est réélu dès le premier tour et Ibrahim Boubacar Keita, second du scrutin avec 19,15% des voix, est condamné à revenir une nouvelle fois dans l’ombre.

Une nouvelle fois, il accuse les partisans du président de fraudes et rejoint les candidats d’opposition qui créent le Front pour la démocratie et la république (FDR).

Le coup d’État du 22 mars 2012 change le cours de la carrière d’IBK. Alors que le Mali se prépare à un retour à l’ordre constitutionnel, le candidat deux fois perdant se prépare et gagne la confiance de nombreux hommes politiques. Vainqueur au premier tour le 28 juillet 2013, IBK gagne le soutien de 25 des 27 candidats perdants et affronte en position de force son adversaire historique Soumaïla Cissé qui devra finalement s’admettre perdant, au lendemain du second tour, le 11 août suivant.

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