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Marek Halter se rend au Vatican avec une délégation d’Imams

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JOL Press : Vous serez, le 25 septembre prochain, au Vatican en compagnie d’une délégation d’Imams. Comment est née cette initiative, quel est son objectif ?
 

Marek Halter : Je pense que le danger peut venir de l’affrontement entre les religions. Il y a une grande religion, monothéiste universelle qui rassemble plus d’un milliard d’individus : la religion musulmane. En France, nous l’avons découverte très tardivement , lorsque nous nous sommes aperçus qu’elle concernait 10% de la population. On identifie les musulmans à ce qu’il y a de pire : ceux qui coupent les têtes de leurs otages, qui posent des bombes, qui tuent des enfants juifs à Toulouse, ou des innocents à Boston…L’homme a besoin d’un ennemi. Sartre disait d’ailleurs: « l’homme s’affirme en s’opposant » : c’est-à-dire, contre vous, je vais être plus malin.

Si nous laissons faire, l’ennemi que nous avons perdu avec la chute de l’Union soviétique, va être remplacé par l’Islam. Et c’est extrêmement dangereux. Car le communisme avait la qualité d’être rationnel. Les religions ne le sont pas : elles sont justement le contraire de la rationalité.

Objectif: «Rapprocher les gens qui risquent de s’entre-tuer»
 

Moi, à mon niveau, j’ai voulu montrer que l’on pouvait changer les choses. Il y a trois ans, j’ai réuni un rabbin, Michel Sarfati, un imam, Hassen Chalghoumi et j’ai organisé un convoi pour la paix: trois semi-remorques avec des cadeaux pour les enfants de Gaza, j’ai prévenu les israéliens et le Hamas. Nous avons traversé Israël, nous sommes entrés à Gaza, le rabbin, l’imam et moi. Les gens ont applaudi le rabbin.  Nous avons dansé et chanté en hébreu sous les applaudissements des gens du Hamas. Ces images étaient tellement fortes que les gens pleuraient pensant que la paix était enfin arrivée.

Pour poursuivre dans cette voix,  j’ai amené, au mois de novembre, dix-sept imams en Israël. Ils ont prié sur la tombe des enfants de Toulouse, enterrés à Jérusalem. L’objectif est de rapprocher des gens qui risquent de s’entre-tuer.

Après ces deux initiatives, il ne restait plus que le Pape. Je ne peux pas leur faire rencontrer Dieu ! Je voudrais que le monde entier se rende compte que l’Islam n’est pas que le djihadisme qui menace nos libertés. La majorité des musulmans veulent vivre comme nous. J’ai donc écrit une lettre au Pape dans laquelle je lui expliquais pourquoi je lui demandais une audience pour une délégation d’Imams de France.  Très vite, j’ai reçu une réponse de son Préfet,  n’informant que le Saint-Père était prêt à m’accueillir.

Mercredi 25 septembre, nous serons donc assis sur la place Saint-Pierre, devant la basilique. Après son discours, le pape viendra vers nous, puis saluera la délégation d’Imams de France devant 90 000 personnes. Nous nous reverrons ensuite pour discuter, mais l’important, pour l’instant, c’est l’image : les gens doivent voir que c’est possible. C’est donner une crédibilité à ces Imams qui défendent un autre Islam, afin de leur donner une arme morale. Ce sont des gens qui sont courageux, et il faut leur tendre la main.

JOL Press : Pensez-vous que le Pape François est plus à même de faire cette démarche que son prédecesseur ?
 

Marek Halter : Oui certainement. Benoît XVI a mal commencé avec l’Islam. Il ne comprenait rien. Il restera dans l’histoire parce que c’est le seul pape qui a démissionné. J’aimais beaucoup Jean-Paul II, je ne peux pas dire qu’il était mon ami, car le pape c’est le pape, mais on se voyait souvent, on parlait polonais. Il a fait énormément. Il a complètement changé l’Eglise, qui était un peu repliée sur elle-même. Son objectif était de changer l’attitude de l’Eglise envers les Juifs, il a réussi, et ce même en Pologne, imaginez-vous ! A mon avis, le pape François est capable de faire des choses : il a le même tempérament, même s’il n’a pas la même tradition. Jean-Paul II avait connu le stalinisme et le communisme. Le pape François a connu la junte militaire en Argentine, les disparus, la torture, donc il va regarder les choses différemment. C’est d’ailleurs pour cela qu’il réagit plus violemment face à la Syrie : cela lui rappelle son histoire. Nous sommes tous égaux, mais chacun de nous à une autre mémoire : nos références ne sont pas les mêmes, bien que nos objectifs puissent être les mêmes.

JOL Press : Pensez-vous que les références du Pape François, argentin et jésuite, le préparent bien à appréhender l’Islam ?

Marek Halter : Au moins cela ne l’empêche pas d’appréhender l’Islam. Alors que Benoît XVI il y avait un empêchement, même un mur.

 

>> Plus d’informations sur le site du Mur pour la paix

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