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NKM, une femme nourrie par les épreuves

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Des bancs de Polytechnique à la table du Conseil des ministres, de la Chiraquie à la Sarkozie, de la mairie de Longjumeau à l’Hôtel de Ville de Paris, Gaspard Dhellemmes et Olivier Faye retracent le parcours et tentent de mettre à jour la personnalité de cette jeune quarantenaire aux ambitions assumées, qui, d’ores et déjà, a su troquer son nom à rallonge contre un acronyme reconnu.

Pour comprendre NKM, les jeunes journalistes ont interrogé ceux qui connaissent – ou prétendent connaître -, de plus ou moins longue date, Nathalie Kosciusko-Morizet, camarades de promo et amis, collègues ou collaborateurs, alliés et adversaires politiques. L’intéressée, nous dit-on, avait accepté de les rencontrer avant de se rétracter, agacée par les premières questions qui lui auraient été adressées. Une pratique de « bonne guerre » qui ne saurait suffire à invalider la tentative des auteurs.

Entretien avec l’un des auteurs Gaspard Dhellemmes.

JOL Press : Vous souhaitiez rencontrer NKM. Après avoir accepté, elle s’est ensuite ravisée. Pouvez-vous nous raconter comment s’est passé cet incident ?
 

Gaspard Dhellemmes : Nous avons prévenu son équipe que nous souhaitions faire une biographie de Nathalie Kosciusko-Morizet, fin février début mars. A l’époque on nous a répondu que, sur le principe, elle était d’accord. Ses communicants ont poussé pour qu’elle nous rencontre, ainsi que ses autres biographes, mais, très tard dans notre travail d’enquête, en juin, on nous a indiqué que NKM ne souhaitait finalement pas nous voir parce qu’elle avait eu plusieurs remontées de questions que nous avions posées à des proches, notamment des anciens camarades de polytechnique, qui lui ont déplue. C’est la raison que nous ont donnés ses communicants.

JOL Press : Vous a-t-elle mis par ailleurs des bâtons dans les roues ?
 

Gaspard Dhellemmes : Non, absolument pas. Elle nous a laissés travailler sans nous interdire l’accès à qui que ce soit et ses collaborateurs nous ont même donnés quelques contacts.

[image:2,s]JOL Press : Que comptiez-vous qu’elle vous dise ?
 

Gaspard Dhellemmes : Nous avions fait un gros travail d’enquête, en rencontrant en tout plus de 120 personnes, mais nous aurions aimé avoir de nouveaux éléments et de confronter nos informations à sa vision à elle sur les différents aspects de son parcours.

Son témoignage aurait été un « plus » pour le livre. Mais notre livre est complet, notre enquête a été suffisamment complète pour avoir tous les éléments dont nous avions besoin.

JOL Press : Croyez-vous que cette rencontre vous aurait fait changer votre manière d’écrire ce livre ?
 

Gaspard Dhellemmes : Je pense que sur le ton cette rencontre n’aurait rien changé puisque dès le départ, nous nous sommes lancés dans notre enquête sans a priori, nous voulions faire un livre le plus équilibré possible. Cette rencontre ne nous aurait pas rendus plus bienveillants, nous ne voulions pas écrire une biographie autorisée ou complaisante.

JOL Press : Y a-t-il des sujets, des épisodes de sa vie, auxquels vous auriez aimé la confronter ? Aviez-vous préparé quelques questions impertinentes ? Avez-vous, à la fin de votre enquête, encore des zones d’ombres que vous auriez aimé explorer davantage ?

Gaspard Dhellemmes : Dès le départ, nous nous étions fixés comme objectif de ne pas nous intéresser à sa vie privée. Elle, de son côté, est toujours dans le contrôle de sa communication. Tous les sujets que nous avons abordés peuvent être pour elle des sujets sensibles qu’elle n’aurait pas voulu qu’on aborde. Elle n’aime parler ni de son mari, ni de sa famille, surtout en ce moment où elle se fait attaquer par le camp socialiste sur son côté « NKM l’héritière ».

Je pense qu’elle a dû être dérangée quand elle a lu tout ce qui concernait des manœuvres ou des petits arrangements à Longjumeau.

JOL Press : Avez-vous eu, au fil de votre enquête des surprises ?
 

Gaspard Dhellemmes : Ce qui nous a le plus surpris c’est de découvrir certains traits de sa personnalité qui n’ont rien à voir avec l’image qu’on peut avoir d’elle quand on ne la connait pas bien. C’est quelqu’un qui peut avoir l’air un peu fragile, un peu doux et nous avons découvert une vraie machine de guerre, quelqu’un qui pouvait être assez dure avec ses collaborateurs, très dure avec ses opposants. C’est un animal à sang froid. Une femme très cérébrale, très maîtrisée et très travailleuse.

JOL Press : Vous avez rencontré un certain nombre de proches. Que vous ont-ils dit de sa détermination à atteindre les sommets en politique et pourquoi pas le plus haut sommet de l’Etat ?
 

Gaspard Dhellemmes : Il fut un temps où elle était assez claire sur ses ambitions présidentielles, c’est un peu moins vrai depuis ces deux dernières années. C’est un sujet qui revient quand même assez souvent.

JOL Press : Quelle est, selon vous, sa principale force mais aussi sa principale faiblesse ?
 

Gaspard Dhellemmes : Sa plus grande force, je dirais que c’est sa pugnacité, Nathalie Kosciusko-Morizet est une femme pour qui les épreuves encouragent la détermination. En revanche elle n’est pas perçue comme une personne très attachante. Son manque d’empathie et de chaleur pourraient lui être préjudiciable.

JOL Press : A-t-elle un personnage de référence ? Un modèle ?
 

Gaspard Dhellemmes : Elle dit qu’elle n’a pas de modèle en politique. Après, elle est très admirative du parcours de son grand-père qui a été conseiller diplomatique de Jacques Chirac et ambassadeur de France aux Etats-Unis. Elle n’a pas d’autres modèles.

Propos recueillis par Franck Guillory pour JOL Press

Gaspard Dhellemmes est journaliste politique. Frais émoulu du CFJ (promotion 65), il pige pour le site du Journal du dimanche. Il a également écrit pour lepoint.fr, l’Expansion, Rue89 et Hétéroclite. Depuis 2009, il a écrit comme stagiaire ou pigiste pour Mediapart, les Inrockuptibles, le Soir, La Croix, la Provence

Il a créé en 2012 avec Guillaume Daudin le webdocumentaire Geekus politicus, qui analysait la campagne web de la présidentielle, et a également lancé en 2011, le blog de suivi de l’actualité politique parisienne Paritico.

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