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Pause fiscale: y a-t-il un pilote dans l’avion?

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Ce mercredi 18, le Premier ministre a promis une pause fiscale qui « sera effective en 2015 », reconnaissant un simple « ralentissement » en 2014, dans une interview sur le site de Métro. « Nous demandons un effort aux Français, notamment, mais pas seulement, j’en ai conscience, à ceux qui ont les revenus plus élevés. Mais ceci, nous le faisons pour préserver notre modèle de solidarité », a expliqué Jean-Marc Ayrault.

Et d’ajouter : « Quand vous demandez des efforts aux Français, il faut bien leur expliquer pourquoi : ce n’est pas par facilité pour boucher les trous d’un budget, mais pour mettre ces nouvelles recettes au service d’un objectif. »

Problème de date…

Dans un entretien accordé au Monde le 30 août dernier, François Hollande expliquait sa politique fiscale : « Grâce à l’engagement de substantielles économies, le temps est venu de faire – plus tôt qu’il n’avait été prévu – une pause fiscale. » Pause fiscale qu’il prévoyait pour 2014. « Les dépenses de l’Etat vont baisser en 2014, une première depuis ces trente ou quarante dernières années », renchérissait-il, dimanche dernier sur TF1.

Un propos déjà bousculé par le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, qui assurait au JDD, le 15 septembre dernier, que la véritable « pause fiscale serait effective en 2015 »« Au total, en 2014, les économies atteindront 15 milliards d’euros : 80 % de l’effort est fait par les économies. Notre objectif est qu’en 2015, ce soit 100 %, pour ne plus avoir du tout recours aux hausses de prélèvements obligatoires. »

L’opposition se moque

La candidate UMP à la Mairie de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet, a ironisé sur le « concours de sémantique » du gouvernement. D’abord « on allait augmenter les impôts le moins possible, après, ce fut une ‘pause fiscale’, finalement c’est un ‘ralentissement’, après un ‘ralentissement de la hausse ». « Bref, le gouvernement augmente les impôts, il les a augmentés lourdement et il continue à les augmenter », a-t-elle ajouté. « Tout ça a un côté ridicule », a lancé sur France 2 l’ex-ministre UMP du Budget, Eric Woerth. « On voit bien que le Premier ministre et le président de la République ne sont pas sur la même donne. »

Pour Jean-Louis Borloo, « nous assistons à une situation inédite où le Premier ministre contredit le président en annonçant : ‘la pause fiscale sera effective en 2015’ ». « Concrètement, pour les Français, cette déclaration signifie une nouvelle avalanche fiscale en 2014 et un report de la pause en 2015, voire au-delà », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Marine Le Pen, présidente du Front national, qui était « L’Invité des Echos » ce mercredi, estime pour sa part qu’il « n’y a que les naïfs pour croire encore à une pause fiscale en 2014. »

Défense de la majorité

Ce mercredi, la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a assuré sur BFMTV et RMC qu’il s’agissait d’un faux débat. Il y aura une « quasi-stabilité fiscale » en 2014, a-t-elle affirmé.

« Quand on est aux mois de décembre 2014 et janvier 2015, il n’y a qu’un mois d’écart. Il ne faut pas chercher de polémique là où il n’y en a pas. Il y aura la pause fiscale en 2014 », selon la présidente PS de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, qui s’exprimait sur LCI et Radio Classique.

Malgré les économies promises par le gouvernement, les ménages subiront certainement une hausse d’impôts en 2014 notamment à cause de la réduction de l’avantage du quotient familial (1 milliard d’euros) et d’une hausse de TVA (6,5 milliards). Au total, les prélèvements obligatoires augmenteront de trois milliards, dont un milliard d’impôts nouveaux. 

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