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Philippines: scènes de guerre entre les rebelles et les autorités

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L’armée des Philippines a lancé des frappes aériennes contre les rebelles indépendantistes musulmans du Front Moro de libération nationale (MNLF), ce lundi 16 septembre, pour mettre fin à leur occupation sanglante de plusieurs quartiers de Zamboanga, la ville portuaire du sud de l’archipel. Les indépendantistes tenaient ces positions depuis plus d’une semaine, dans une région majoritairement musulmane du plus grand pays catholique d’Asie. L’armée a mobilisé 3 000 soldats et abattu 51 rebelles. Six soldats, un policier et quatre civils ont été également tués, selon l’armée.

Les membres du MNLF se sont estimés marginalisés par les pourparlers de paix actuellement en discussion entre d’autres mouvements indépendantistes musulmans rivaux – notamment le Front Moro islamique de libération (MILF) – et les autorités, en vue de créer une région autonome, et non indépendante, d’ici 2016, dans le sud des Philippines.

Le MNLF a voulu mettre ces accords à mal en prenant d’assaut les bâtiments publics à l’arme automatique et au mortier, et en prenant 180 villageois en otage le mardi 10 septembre. Les rebelles s’en sont même servi comme boucliers humains face aux tirs des forces de sécurité.

Un épisode barbare qui a mis fin au cessez-le-feu négocié en 2003, ainsi qu’à l’accord bilatéral conclu avec le gouvernement en 1996 dans lequel le MNLF renonçait l’indépendance, privilégiant une simple autonomie de la région.

Une riposte militaire étonnante

Alors que Benigno Aquino, l’actuel président des Philippines, avait été l’artisan de la paix entre les Moros et le gouvernement de l’archipel – l’un des objectifs principaux de son mandat -, et malgré le déplacement du vice-président le samedi 14 septembre pour négocier un cessez-le-feu avec les combattants, le président a préféré choisir l’option militaire pour mettre un terme à l’attaque des rebelles.

Une réponse jugée « surprenante » par les analystes qui, pour trouver une solution définitive au conflit, penchaient davantage pour des négociations pacifiques avec l’actuel chef du MNLF, l’ancien professeur d’université Nur Misuari. La guerre ravage le sud de l’archipel depuis trois décennies et a fait plus de 150 000 morts.

Le directeur de l’Institut des études islamiques à l’université des Philippines, Julkipli Wadi, estime que seules des négociations inclusives, c’est-à-dire englobant tous les groupes islamistes indépendantistes, permettraient enfin de sortir du cercle vicieux des conflits armés.

Une situation humanitaire critique

La ville de Zamboanga, située sur l’île méridionale de Mindanao, dispose, certes, d’importantes ressources naturelles, mais reste l’une des plus pauvres du pays en raison des décennies de violence qui l’ont meurtrie depuis les débuts de l’insurrection islamique en 1969.

La situation est encore plus critique depuis lundi dernier. Tous les vols commerciaux et les ferries ont été annulés, les écoles et les magasins sont fermés. Un couvre-feu est en place de 20 h à 5 h. L’armée a notamment établi un blocus maritime afin d’éviter que d’autres rebelles ne débarquent depuis l’île voisine de Basilan, où est installé l’état-major des indépendantistes. Près de 70 000 personnes ont déjà fui leur maison et cherché un refuge, selon le journal Libération, « une situation inquiétante » dénoncée par la Croix Rouge qui s’alarme notamment du sort de « la population civile dans les villages des alentours.

De plus, le sort des civils est fortement menacé par les nouvelles frappes aériennes de l’armée. Elles « élèvent avec certitude le niveau de danger pour les civils dans cette zone », a déclaré à l’AFP Carlos Conde, représentant de l’ONG Human Rights Watch à Zamboanga. «Il s’agit de zones résidentielles. Comment peuvent-ils (les soldats) savoir quelle zone ou quelle maison viser ?»

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires aux Philippines a demandé aux deux parties de mettre fin aux violences et s’est déclaré prêt à fournir une aide humanitaire aux quelque 136 000 personnes affectées par le conflit armé, rapporte le service d’information de l’ONU selon 45eNord.ca

Scènes de guerre aux Philippines par lemondefr

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