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Première bio de NKM: Jean-Pierre Philippe, son socialiste de mari

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Des bancs de Polytechnique à la table du Conseil des ministres, de la Chiraquie à la Sarkozie, de la mairie de Longjumeau à l’Hôtel de Ville de Paris, Gaspard Dhellemmes et Olivier Faye retracent le parcours et tentent de mettre à jour la personnalité de cette jeune quarantenaire aux ambitions assumées, qui, d’ores et déjà, a su troquer son nom à rallonge contre un acronyme reconnu.

Pour comprendre NKM, les jeunes journalistes ont interrogé ceux qui connaissent – ou prétendent connaître -, de plus ou moins longue date, Nathalie Kosciusko-Morizet, camarades de promo et amis, collègues ou collaborateurs, alliés et adversaires politiques. L’intéressée, nous dit-on, avait accepté de les rencontrer avant de se rétracter, agacée par les premières questions qui lui auraient été adressées. Une pratique de « bonne guerre » qui ne saurait suffire à invalider la tentative des auteurs.

Dans ce premier extrait, il est question d’un inconnu du grand public, celui qui pourtant, du propre aveu de la jeune femme, la connait le mieux, son mari, Jean-Pierre Philippe. 

Extrait de NKM, La femme du premier rang de Gaspard Dhellemmes et Olivier Faye

Vu de loin, un village français ressemble presque toujours à un horizon déchiré par le campanile d’une église. À Longpont-sur-Orge, commune de l’Essonne de 6 500 âmes, la basilique construite au cœur de la ville s’étale en largeur sans qu’aucun clocher ne perce l’azur. En cette belle journée de l’été 2003, les cloches de l’église sonnent la volée. Les convives, tout de queues-de-pie et de chapeaux vêtus, applaudissent.

Voilà les mariés, Nathalie Kosciusko-Morizet, 30 ans, et Jean-Pierre Philippe, 47 ans, qui descendent les rejoindre sur le parvis. En face du portail surmonté de la scène de l’Assomption de la Vierge Marie, le couple Veil, Antoine et Simone, congratule les nouveaux époux. Le sociologue Michel Maffesoli, témoin du marié, peine à masquer son émotion ; Jérôme Peyrat, complice politique de la mariée, admire la scène. Jacques Attali et plusieurs jeunes députés comptent également parmi les invités et il se murmure que le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, pourrait faire une apparition. Seul Pierre-André Wiltzer représente finalement le gouvernement.

« De socialiste, il est tombé amoureux »

Avec ce mariage, Jean-Pierre Philippe tourne une nouvelle page de sa vie. Quand il a rencontré sa future épouse, cet homme jovial, le crâne dégarni, avait déjà derrière lui un divorce, trois enfants, et une longue carrière professionnelle. Il mettra son expérience et ses réseaux au profit de la carrière de Nathalie Kosciusko-Morizet.

Diplômé de Sciences Po et de l’Ena à la fin des années 80, il mène de front pendant une quinzaine d’années un parcours de haut fonctionnaire et un engagement politique à gauche. Chef de cabinet du président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Louis Mermaz, il est parachuté en Isère dans la commune de Villefontaine pour les élections municipales de 1989. Cette ville nouvelle d’une dizaine de milliers d’habitants a été créée trois ans plus tôt. Tel un champignon de béton, elle a poussé en quelques rapides coups de pelles à la place d’un petit village et attiré des populations venues de la banlieue lyonnaise. Brillant, « portant beau » selon les observateurs locaux, avec ses costumes finement taillés et ses manières avenantes, Jean-Pierre Philippe se fait élire maire à 33 ans avec l’étiquette du Parti socialiste. (…)

Nathalie Kosciusko-Morizet assure que son mari a quitté le Parti socialiste en 1995, en même temps que la mairie de Villefontaine, avant leur rencontre donc. Pourtant, il s’est encore investi dans la vie du parti jusqu’à ce que son épouse devienne députée en 2002. En guise de baisser de rideau, il représente le PS en 2001 à l’occasion d’un comité de l’Internationale socialiste au Maroc, son pays natal. « C’est un homme qui aurait pu être ministre de François Hollande s’il avait continué », pronostique l’ancien médiateur du crédit René Ricol, ami du couple. « Ils ne boxent pas dans la même catégorie. Elle a nettement plus de potentiel que lui », nuance un proche.

Toujours est-il que cet intime de Jacques Attali a beaucoup à apporter à son épouse. « Psychologiquement et politiquement, Jean-Pierre Philippe est un allié important. Ils font tout ensemble, ils forment un vrai couple politique », admire Camille Pascal, ancienne plume de Nicolas Sarkozy, et ami de vacances. Par la discussion, il amène sa femme à structurer sa réflexion. Ces deux intellectuels prennent plaisir à entendre chez l’autre un écho de leur propre pensée. Il lui conseille certaines lectures, lui fait rencontrer les sociologues Edgar Morin et Michel Maffesoli. « Ce couple a une forte capacité d’indignation, ce sont des révoltés, des idéalistes », assure un de leurs amis. « Il est celui qui me connaît le mieux », confie même un jour la pudique Nathalie Kosciusko-Morizet sur un plateau de télévision.

[image:2,s]Gaspard Dhellemmes est journaliste politique. Frais émoulu du CFJ (promotion 65), il pige pour le site du Journal du dimanche, ainsi que pour le Point.frl’ExpansionRue89 et Hétéroclite. Depuis 2009, il a également écrit comme stagiaire ou pigiste pour Mediapartles Inrockuptiblesle SoirLa Croixla Provence

Il a créé en 2012 avec Guillaume Daudin le webdocumentaire Geekus politicus, qui analysait la campagne web de la présidentielle, et a également lancé en 2011, le blog de suivi de l’actualité politique parisienne Paritico.

Olivier Faye est journaliste politique, il travaille notamment pour l’hebdomadaire La Vie, le site Slate.fr et la revue Charles. Il a couvert les élections en 2012 pour le journal La Croix.

NKM, La femme du premier rang de Gaspard Dhellemmes et Olivier Faye est publié mardi 3 septembre aux Éditions Jacob-Duvernet
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