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Quand la question des Roms divise le gouvernement en profondeur

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Depuis la sortie du ministre de l’Intérieur sur la situation des Roms en France, le 25 septembre dernier, de nombreuses voix s’étaient élevées pour dénoncer une politique trop proche de celle que la gauche a combattue pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.

L’offensive de Cécile Duflot

« Oui, on ne peut pas dire qu’il y a des catégories de populations où leur origine justifierait qu’elles ne puissent pas s’intégrer. Simplement par leur origine. Et deuxièmement que leur pratique et leur mode de vie sont un dérangement pour leur voisin », avait lancé le 26 septembre Cécile Duflot, ministre du Logement, en marge des journées parlementaires d’Europe Ecologie-Les Verts. « Parce que quand on dit ça, on est au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain. Je le dis parce que c’est simplement la vérité et que quand on disait la même chose, et c’est là l’obligation de cohérence. »

Et d’ajouter : « Quand, tous, nous avons participé à des meetings contre le recours aux tests ADN pour justifier du regroupement familial. Quand tous nous avons dit que le discours de Grenoble était un scandale absolu. Nous ne pouvons pas tenter de, ou envisager de tenter de, ou laisser penser que nous pourrions utiliser les mêmes méthodes. Et ça, ça n’est pas la responsabilité, c’est la responsabilité du président de la République. Parce qu’au-delà de son programme, et au-delà de la majorité, il a été élu pour réparer des blessures qui étaient des blessures douloureuses de notre pays. »

Soutien de Benoît Amon

Le courant « Un monde d’avance » se retrouvait ce samedi 28 septembre, dans les Landes, pour son rendez-vous annuel. Benoît Hamon, tête de file de ce mouvement et ministre chargé de l’Economie sociale et solidaire et de la Consommation, n’a pas hésité à dénoncer lui aussi « des formes de transgression » de la politique de Manuel Valls, sans le citer pour autant : « Certains s’égarent dans des formes de transgression qui, moi, ne me plaisent pas beaucoup », a-t-il avancé. Et de citer Clémenceau : « Il n’y a pas de droit des nations dites supérieures contre des nations dites inférieures. » Une façon claire de se désolidariser des propos du ministre de l’Intérieur.

Un avis partagé par George Pau-Langevin, ministre déléguée chargée de la Réussite éducative. Si celle-ci reconnaît des « comportements qui dérangent parfois », elle aurait par ailleurs déclaré, lors d’un colloque à l’Assemblée nationale, ce vendredi, citée par l’AFP : « Nous rejetons tout discours essentialiste : tout enfant est éducable, nul peuple n’est délinquant ou marginal par nature. » « Nul doute que le défi posé par ces nouveaux déshérités, qui est considérable, n’est pas au-dessus de (nos) forces si les efforts sont justement répartis dans notre pays et à travers les différents pays d’Europe », a-t-elle ajouté.

Un ministre de l’Intérieur loin d’être isolé

Manuel Valls avait déjà obtenu le soutien du président de la République qui avait déclaré qu’en effet « la majorité des Roms » avait « vocation à être raccompagnée dans son pays d’origine », mais aussi celui du gouvernement : « La misère n’est pas un mode de vie », avait lancé mercredi, la porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem, ajoutant que « le ministre de l’Intérieur, comme l’ensemble du gouvernement, s’est emparé de cette question avec fermeté et humanité. » « Le retour au pays fait partie de la palette des solutions, Manuel Valls a rappelé cela », avait-elle lancé.

C’est donc avec une grande fermeté que Manuel Valls a condamné les propos de Cécile Duflot à son égard : « J’ai entendu des propos insupportables, que je mettais en cause le pacte républicain, que j’étais sur les thèses de Le Pen », a-t-il déclaré à BFMTV, ce dimanche. « Le débat politique français doit retrouver, sinon de la sérénité, en tout cas de la raison. On ne peut pas débattre de ces questions-là avec de tels anathèmes. »

Reste à savoir, désormais, si le chef du gouvernement ne doit pas recadrer avec la même fermeté les ministres à l’origine de ces polémiques. Delphine Batho rappelait, ce lundi matin, sur Radio Classique et LCI, avoir été mise à la porte du gouvernement « pour avoir soulevé un problème de fond sur le budget du ministère de l’Ecologie. Ça pose question, ce qui est en train de se passer. » On ne saurait la contredire.

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