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Qu’est-ce que la dette publique?

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Ce que l’on nomme communément « dette publique » ne concerne pas uniquement l’Etat. Il s’agit de la dette de l’ensemble des administrations publiques. Elle correspond donc aux engagements financiers de l’Etat, des collectivités territoriales et des organismes publics.

Quelle est la nature de la dette publique  

La dette naît d’une accumulation de déficits publics. L’Etat s’endette quand les charges dépassent les recettes des administrations publiques. Il doit donc recourir à l’emprunt pour financer une partie des dépenses.

Il est important de distinguer la dette négociable, qui peut s’échanger sous forme de titres sur les marchés financiers, et la dette non négociable, qui correspond aux dépôts des collectivités territoriales ou d’établissements publics sur le compte du Trésor. À l’heure actuelle, ce sont des acteurs financiers étrangers, non résidents qui détiennent plus des deux-tiers de la dette négociable française. 

Les facteurs de réduction de la dette : une baisse du déficit impérative

Depuis le début de la crise, la dette publique a explosé dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE. Les déficits n’ont cessé de se creuser, entraînant mécaniquement la dette vers des sommets. Si bien qu’à l’heure actuelle, personne ne peut échapper à la fameuse question : comment réduire la dette publique ?

Plusieurs éléments sont à prendre en compte. Premier d’entre eux : la croissance. La dette s’exprimant en pourcentage du PIB, si la croissance augmente, si la richesse produite est plus importante, la résorption de la dette est facilitée. Une croissance forte entraîne par ailleurs des recettes fiscales plus élevées. L’exemple des pays belligérants à la sortie de la Seconde Guerre mondiale illustre ce mécanisme. Certains pays ayant pris part au conflit avaient en effet une dette colossale, celle du Royaume-Uni atteignant même les 300 % du PIB ! La question de la réduction de la dette ne s’est pourtant pas posée avec la même acuité qu’actuellement puisque la croissance exceptionnelle de l’après guerre a permis de résorber les dettes publiques relativement aisément.

Si la croissance a joué un rôle majeur dans la réduction des dettes publiques après la guerre, un second élément a été déterminant : l’inflation. Située à un niveau élevé après la Seconde Guerre mondiale, elle a participé pleinement au processus de diminution des dettes publiques. À noter cependant qu’elle peut jouer ce rôle uniquement s’il n’y a pas parallèlement de hausse des taux d’intérêt. La plupart du temps, pour « contrer » l’inflation, les marchés financiers réclament des taux d’intérêt plus importants. Le taux d’intérêt auquel l’Etat emprunte est donc déterminant, s’il est supérieur au taux de croissance, la charge de la dette s’accroîtra.

La situation « inflation + croissance élevée + taux d’intérêt modérés » est donc idéale pour se désendetter. C’est proches d’un tel scénario que se trouvaient les Etats-Unis dans les années 90 sous la présidence de Bill Clinton, lorsque la dette américaine a été fortement réduite.

Quel environnement actuellement ?

On peut estimer sans trop s’aventurer que les pays européens ne sont pas près de retrouver des niveaux de croissance dépassant nettement les taux d’intérêt auxquels ils empruntent, et qui leur permettraient de se désendetter plus facilement. Depuis le début des années 80, rares ont été les moments où la France s’est trouvée dans une telle situation.

De plus, l’inflation continuera probablement de se maintenir à un niveau faible. Les capacités de production inutilisées des entreprises et le chômage important rendent l’hypothèse d’une hausse significative des salaires plutôt invraisemblable. Et même si l’inflation venait à augmenter en France, les investisseurs exigeraient alors une rémunération supérieure pour compenser la perte de valeur de leurs titres, ce qui annulerait son effet positif sur la dette. Sans parler de la Banque centrale européenne qui interviendrait au moindre signe de dérapage inflationniste.

In fine, dans les conditions actuelles, avec une croissance faible et une inflation réduite, la France ne semble avoir d’autre choix que de travailler à la réduction du déficit. Attention cependant à ne pas casser la reprise, déjà faible, car les espoirs de réduction du déficit s’envoleraient dès lors que les taux d’intérêt auxquels la France emprunte dépasseraient trop largement le niveau de croissance du PIB.

 

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