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Qui sont les chrétiens du Pakistan?

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La situation des minorités religieuses au Pakistan est régulièrement traitée dans les médias internationaux. Mais cette attaque d’une rare envergure qui a fait 81 morts dans une église chrétienne de Peshawar, dimanche 22 septembre, a marqué un nouveau tournant et c’est alors la Une des journaux qui a été accordée à ces Chrétiens en détresse.

2% de la population pakistanaise

Ils seraient près de trois millions à vivre aujourd’hui au Pakistan, soit un peu moins de 2% de la population. Face à eux, une large majorité de musulmans sunnites, qui représentent 75% des 180 millions d’habitants du pays puis 20% de chiites qui sont également la cible régulière de la majorité sunnite.

Une autre minorité vient compléter le paysage religieux du Pakistan, celle des Ahmadis, dont « le sort est le moins enviable », tel que l’illustre RFI. « Comme il leur a été interdit de se revendiquer musulmans, de nombreuses plaintes pour blasphème sont régulièrement déposées contre eux – des dossiers dans lesquels ils sont menacés de prison. Eux aussi sont régulièrement la cible d’attentats ».

Les chrétiens eux, ne sont pas uniquement victimes d’attaques physiques au Pakistan. Considérés comme des citoyens de seconde zone, les Pakistanais de confession chrétienne sont exclus du fonctionnement de la société.

Les chrétiens pour le nettoyage des toilettes

Mal acceptés par la population musulmane, ils n’ont pas, ou très peu, accès à des hauts postes exécutifs ou politiques et leur avenir se résume souvent au nettoyage des rues et au ramassage des ordures tel que l’illustre le témoignage de Robinson, un avocat chrétien, à RFI.

Ce dernier expliquait en mai dernier, juste avant les élections législatives, qu’il était fréquent que des collègues de travail d’un chrétien « utilisent un ustensile différent du sien pour boire de l’eau ».

Au Pakistan, les chrétiens sont en effet surnommés « choori », ce qui signifie « celui dont le travail est de nettoyer les toilettes ».

Une expression qui en dit long sur la considération que porte le reste de la société sur cette minorité.

Ce constat est valable en politique où les minorités religieuses ont des sièges réservés au Parlement. Or ces députés appartiennent forcément  à un groupe politique et leur opinion est alors étouffée dans la masse.

Quand la Bible est jugée pornographique

Mais c’est aussi la violence qui fait le quotidien de cette minorité étouffée. Cible fréquente d’attentats, les chrétiens sont menacés dans leur pratique de leur religion.

Le 30 mai dernier, un responsable religieux d’un parti islamiste, le JUI-S, avait estimé lors d’une conférence de presse que la Bible, contenait des passages « pornographiques » et était donc « blasphématoire ». Son parti avait immédiatement déposé une demande d’interdiction du livre saint devant la Cour suprême.

Le 13 juin suivant, ce recours était retiré par le parti islamiste qui a alors mis en avant « la solidarité religieuse ».

Cette même année, en novembre, le gouvernement pakistanais avait établi une liste noire destinée aux opérateurs téléphoniques des mots jugés obscènes et qui devaient dès lors être bloqués lors d’envois de SMS.

« Jésus Christ » figurait dans cette liste d’interdiction qui a rapidement été retirée à la suite de l’intervention du ministre de l’Harmonie nationale, Akram Gill, qui a jugé qu’elle allait contre la Constitution Pakistanaise.

Classé au 10ème rang de la persécution mondiale

Le Pakistan a été classé au dixième rang de l’index mondial de la persécution des chrétiens réalisé chaque année par l’ONG Portes Ouvertes.

« Le Pakistan a été le théâtre d’un des points culminants de la persécution des chrétiens dans le monde en 2011, avec l’assassinat de Shahbaz Bhatti, ministre des Minorités », écrit l’ONG dans son rapport 2012.

« Jamais un chrétien de si haut rang n’avait été assassiné dans ce pays ».

La minorité chrétienne au Pakistan est plus que jamais en danger, estime encore Portes Ouvertes qui rappelle que « les menaces de mort contre les responsables chrétiens sont constantes ; les passages à tabac sont monnaie courante et des cas de vandalisme contre des églises sont signalés chaque mois ».

« Les chrétiens sont pris entre des organisations islamistes militantes, qui ne cessent de les agresser physiquement, et une culture ambiante qui s’islamise, les poussant à se sentir de moins en moins Pakistanais ».

Portes Ouvertes indique toutefois que « la population chrétienne augmente et un nombre modeste mais régulier de musulmans se convertissent au christianisme ». 

Par Sybille de Larocque

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