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Réélection d’Angela Merkel: François Hollande pourrait y trouver son compte…

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La presse européenne, allemande en tête, salue le « triomphe d’Angela Merkel » ; les observateurs français en rajoute une ou plusieurs épaisseurs et tournent ce « triomphe » de la chancelière en une « claque » pour François Hollande – une « triple claque », a même osé une consœur sur BFM TV. Rien n’est moins sûr…

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Dimanche soir, François Hollande a été – Françallemagne oblige – le premier à féliciter Angela Merkel pour son joli résultat électoral. La conversation – d’une vingtaine de minutes – aurait été, nous dit-on, chaleureuse… Et pourtant, depuis ce matin, les analystes de tous poils s’obstinent à voir dans la victoire – large victoire – d’Angela Merkel une défaite – lourde défaite – pour François Hollande.

La victoire d’Angela Merkel serait  une triple défaite pour François Hollande…

Tout d’abord, François Hollande, au nom des intérêts de l’Internationale socialiste, aurait souhaité – et misé – sur la victoire du SPD et de son candidat, Peer Steinbrück.

Ensuite, quel affront pour le président de la République que de voir la chancelière à la tête d’un pays de gens heureux quand il doit, pour sa part, gérer une armée de mécontents, une armée de 76% de mécontents… Quel affront que d’observer qu’outre-Rhin cette recette du bonheur n’a d’autres ingrédients que l’austérité, l’absence de salaire minimum garanti et les mini-jobs à 400 euros par mois…

Enfin, le pire serait à venir… Avec 6,8% de chômeurs, un taux de prélèvement obligatoire de 35% et un revenu annuel moyen de 32 000 euros – contre, respectivement, plus de 10%, 46,5% et 27 000 euros -, Merkel III se trouve en mesure de tenir une des principales promesses de sa campagne, renforcer le pouvoir d’achat des Allemands…  

François Hollande et le couple franco-allemand pourraient y trouver leur compte

On balaiera d’un simple revers de la main l’idée selon laquelle un président dit socialiste – et même « social-démocratisé » – français souhaiterait la victoire de la gauche partout, et en Allemagne en particulier… Sans même rappeler pour la énième fois que les plus grandes réussites bilatérales ont été l’œuvre de couples franco-allemands aux couleurs politiques dépareillées, il y a fort à parier que l’Élysée et la rue de Solférino ne soient pas, sur ce point – comme dans tant d’autres d’ailleurs -, sur la même longueur d’onde.

Mais, c’est surtout dans les conditions de la réélection d’Angela Merkel que François Hollande, et les Français, et les Européens dans leur ensemble pourraient trouver quelques motifs d’espérer…

En effet, il ne faut pas se tromper en analysant les résultats des élections du 22 septembre en Allemagne. S’ils sont un triomphe pour Angela Merkel, c’est parce que, sans elle, jamais la CDU n’aurait été maintenue au pouvoir.

Après tout, ses alliés, les libéraux-démocrates du FDP, ne sont-ils pas pour la première fois depuis 1949 exclus du Parlement ? Et malgré le score historique d’Angie – 41,5% -, la CDU n’est pas minoritaire en sièges au Bundestag – 311 avec la CSU bavaroise contre 319 à l’impossible coalition SPD, Verts, Die Linke – gauche de la gauche ?

Angela Merkel est sans doute la seule dans les prochains jours à pouvoir rassembler une majorité autour de son nom. Qu’elle parvienne ou non à un accord de coalition et qu’elle siège ou non aux côtés de ministres verts ou sociaux-démocrates, elle sera contrainte d’entendre la demande d’un peu moins d’austérité exprimée par une majorité d’Allemands ce dimanche.

Qu’Angela Merkel lâche un peu de pression sur l’économie allemande et c’est toute l’Europe qui pourrait en profiter. Qu’Angela Merkel ambitionne, enfin, de s’engager pleinement sur la scène européenne et de lancer des initiatives fortes pour remédier aux crises multiples qu’elle traverse et la chancelière se tournera forcément vers Paris. Pour ceci et pour cela aussi, à la lecture des résultats outre-Rhin, François Hollande n’a pas forcément pris d’aussi grosses claques que certains l’imaginent – ou l’espèrent.

Et, après dix-huit mois de balbutiements, le couple Merkel-Hollande a désormais quatre ans devant lui…  

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