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Région Asie-Pacifique: un quart des hommes avoue avoir commis un viol

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Ce sont des résultats alarmants que révèle l’enquête de l’ONU menée dans la région Asie-Pacifique. Dans six pays – Bangladesh, Cambodge, Chine, Indonésie, Papouasie-Nouvelle Guinée et Sri Lanka -, un quart des hommes aurait commis un viol. L’étude, publiée mardi 10 septembre, rassemble les témoignages anonymes d’environ 10 000 hommes âgés de 18 à 49 ans. La moitié d’entre eux avouent avoir violé une femme avant d’avoir eu 20 ans.

Pour la chercheuse Emma Fulu, qui a participé au rapport, ces chiffres alarmants s’expliquent principalement par l’environnement violent dans lequel les agresseurs ont évolué. Entretien.

JOL Press : L’étude révèle que dans six pays d’Asie, un quart des hommes a commis un viol  : au  Bangladesh, au Cambodge, en Chine, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle Guinée et au Sri Lanka. Comment expliquer ces chiffres édifiants ?

Emma Fulu : Les résultats de l’étude confirment que la violence contre les femmes est largement perpétrée dans la région Asie-Pacifique. Nous avons constaté que les taux de viols varient en fonction des pays.

Ces violences découlent d’une inégalité des sexes, mais l’étude met en avant d’autres facteurs qui rendent certains hommes plus enclins que les autres à recourir à la violence : par exemple, l’environnement violent dans lequel ils ont grandi. Nous avons en effet constaté que les hommes qui avaient été victimes ou témoins d’abus dans leur enfance sont plus susceptibles de recourir à la violence plus tard dans la vie.

 

JOL Press : Cette étude met-elle en lumière les motivations des violeurs ?  

Emma Fulu : Dans tous les sites étudiés, la motivation la plus commune des violeurs est liée au droit sexuel : les hommes interrogés considèrent qu’ils sont en droit d’avoir des relations sexuelles avec les femmes, sans avoir leur consentement. Deuxième motivation : le divertissement. Les agresseurs ont confié avoir commis un viol  parce qu’ils voulaient s’amuser ou parce qu’ils s’ennuyaient.
 

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JOL Press: Comment réduire ces violences dans la région Asie-Pacifique  ?

Emma Fulu : L’étude montre que l’on peut éviter cette violence. Pour diminuer les agressions contre les femmes, nous devons adopter des politiques et des programmes qui mettent l’accent sur ​​les changements dans les relations, les communautés, mais aussi dans les institutions pour remédier aux inégalités entre les sexes. Nous devons également promouvoir des relations basées sur le respect, mais aussi nous intéresser à l’impact de la violence sur les enfants, puis trouver les moyens de l’éviter.

JOL Press : Comment les données de l’étude pourront-ils être utilisés ?  

Emma Fulu : Au niveau national, nous avons travaillé avec de nombreux partenaires issus de la société civile, du gouvernement, des Nations Unies et du monde universitaire. Dans de nombreux pays, ces acteurs ont déjà commencé à utiliser les résultats pour développer des politiques et des programmes pour combattre la violence contre les femmes.

Le Pnud (Programme des Nations Unies pour le développement), le FNUAP, l’ONU Femmes et Volontaires des Nations Unies se sont tous engagés à fournir un soutien à long terme pour la mise en œuvre des politiques et des programmes.
 

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JOL Press: La Papouasie-Nouvelle-Guinée enregistre le taux le plus élevé de violence faite aux femmes. Pourquoi ? Comment les ONG de défense de droits de l’homme vont-elles améliorer la situation ?

Emma Fulu : L’étude montre que la violence contre les femmes est un problème social qui se produit dans tous les pays et dans tous les milieux où nous avons mené l’étude. Toutefois, les taux de violence se sont avérés particulièrement élevés à Bougainville, une île de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ces résultats sont corroborés par d’autres études qui enregistrent des taux élevés de violence en Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans des régions du Pacifique. Il est possible que ces taux élevés soient liés aux normes sociales, là où il y a une banalisation de la violence.

Les conclusions de l’étude soulignent l’importance de la prévention, priorité sans laquelle on ne peut répondre efficacement au problème de la violence contre les femmes. C’est donc aux racines de la violence qu’il convient de s’attaquer. Grâce aux données de l’étude, nous savons désormais qu’il faut lutter contre l’inégalité entre les sexes, et combattre les  abus dont sont victimes les enfants. Compte tenu de l’âge de certains agresseurs, nous devons aussi commencer à travailler avec de jeunes garçons pour leur fournir des modèles plus positifs de la façon d’être un homme.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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