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Rwanda: seuls les partis amis de Kagamé sont admis aux législatives

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Au Rwanda, les élections législatives ont beau présenter tous les caractères démocratiques, les apparences sont parfois trompeuses et le scrutin auquel sont appelés les Rwandais ce lundi 16 septembre a tout d’une mise en scène bien orchestrée.

Quatre partis favorables au gouvernement

En lice pour le renouvellement à la proportionnelle de 53 des 80 députés de l’Assemblée nationale, quatre partis politiques aux noms bien distincts. Et pourtant.

La chambre des députés rwandaise est dirigée depuis 1994 par une majorité d’élus issus du Front patriotique rwandais (FPR), mouvement du président Paul Kagamé. Ce dernier, au sein d’une coalition, a conclu une alliance de circonstance avec deux des trois autres partis en concurrence : le Parti social démocrate, dirigé par l’actuel ministre de l’Education, et le Parti libéral, également dirigé par un membre du gouvernement en la personne du ministre des Sports.

Le troisième parti politique en lice est donc le seul à ne pas prendre part au gouvernement de Paul Kagamé. Il s’agit du PS-Imberakuri qui participe pour la première fois à des élections législatives après son premier baptême électoral lors de la dernière élection présidentielle.

« Pas d’opposition réelle »

Or, ce dernier parti, dirigé par Bernard Ntaganda, un opposant féroce au gouvernement, arrêté et actuellement toujours en prison, souffre des divisions qui opposent les partisans de leur leader officiel à ceux qui ont choisi la voix du loyalisme au gouvernement.

Seuls ces derniers se présentent aujourd’hui aux élections législatives, rendant d’ores et déjà le résultat du scrutin acquis à la cause du gouvernement de Paul Kagamé.

« Tous ces partis ne sont pas des partis d’opposition réelle. Ce sont des partis satellites dont la raison d’être n’est pas de former un contre-pouvoir », explique Kris Berwouts, analyste indépendant, à RFI.

Une opposition ostracisée

Une véritable opposition au gouvernement actuel existe pourtant. Mais elle souffre d’une interdiction implicite de se présenter au scrutin.

Parmi ces partis interdits, le Parti démocratique vert, qui a été autorisé en août dernier, a préféré se retirer de la course, affirmant manquer de temps pour mener campagne.

Ne seront pas de la course non plus Les Forces démocratiques unifiées (FDU), présidées par Victoire Ingabiré. Cette dernière, en prison, est à la tête d’un parti toujours interdit au Rwanda.

« Nous avons fait quatre fois la demande d’enregistrement du parti, mais ce n’est jamais passé », explique Boniface Twagirimana, vice-président du FDU, à RFI, « étant donné que la présidente est en train d’être poursuivie par la justice. Et on n’a pas essayé de forcer. Des élections où tous les organes et toutes les institutions sont aux côtés du parti au pouvoir sont des élections que nous considérons comme inutiles », ajoute-t-iI.

La communauté internationale s’inquiète des ambitions du Rwanda

Ces élections, bien que non truquées, pèseront sans doute un peu plus dans la balance de la communauté internationale qui est de plus en plus critique vis à vis du Rwanda de Paul Kagamé, largement accusé de soutenir, voire de mener dans l’ombre, la rébellion qui sème la terreur dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo voisine.

Dans cette région, des rebelles congolais du Mouvement du 23 mars (M23) dirigent une rébellion contre les forces armées congolaises pour le contrôle de ce riche territoire frontalier avec le Rwanda qui attise les ambitions de nombreux Etats voisins.

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