Site icon La Revue Internationale

«Ukraine is Not a Brothel»: la Mostra découvre le docu-choc sur les Femen

[image:1,l]

Si la lutte contre la société jugée patriarcale et machiste de l’Ukraine post-soviétique a poussé les jeunes femmes du mouvement Femen à dévoiler leurs seins en signe de protestation, le documentaire de la réalisatrice australienne Kitty Green, présenté hors compétition à la Mostra de Venise, révèle la face cachée du groupe féministe.

Car les « forces patriarcales » contre lesquelles l’organisation, désormais prise dans la tempête médiatique, entend lutter, exerceraient en fait une certaine influence sur les Femen.

« La vérité n’a pas encore été révélée »

Interrogée par le magazine américain Variety, Kitty Green explique avoir vécu un an avec cinq activistes Femen, dans un petit deux-pièces d’un immeuble délabré de Kiev, la capitale ukrainienne.

« La vérité derrière ce mouvement féministe ukrainien n’a pas encore été révélée dans un seul des milliers d’articles de presse écrit sur les Femen », a-t-elle déclaré, ajoutant : « « L’Ukraine n’est pas un bordel » est un aperçu choquant des vies secrètes que mènent ces belles et courageuses femmes. C’est un film qui en dit long sur la force brutale de la culture patriarcale dans les pays du bloc de l’Est ».

L’Ukraine n’est pas un bordel – un slogan utilisé autrefois par les Femen – explore également les « forces parfois contradictoires et les motifs qui ont permis à leur mouvement d’accéder à la notoriété internationale ».

Les Femen, victimes du machisme ?

Selon le quotidien italien La Repubblica, le documentaire de Kitty Green montre en réalité pourquoi les activistes ukrainiennes ne sont pas ces « guerrières du féminisme » qu’elles prétendent être, mais plutôt « les victimes du machisme qu’elles jurent combattre ».

« 99% des Ukrainiennes de savent pas ce qu’est le féminisme », explique l’une d’elle. « C’est pour cela que, dans ce pays qui n’écoute pas ce que les femmes ont à dire, les Femen choisissent de montrer leur corps pour faire entendre leur voix ».

Viktor Svyatskiy tire les ficelles

Mais devant la caméra de Kitty Green, c’est bien un homme qui semble tirer les ficelles du mouvement. Viktor Svyatskiy, « l’idéologue » des Femen, qui admet que « les hommes font tout pour le sexe. Moi j’ai créé ce groupe pour avoir des femmes ».

Au début, rappelle le quotidien italien, Viktor était juste une voix donnant des ordres aux Femen via Skype. Comme la veille de la manifestation contre l’Union européenne des associations de football (UEFA), considérée comme « complice » dans la promotion du tourisme sexuel en Ukraine, lors du dernier Championnat d’Europe de football : « Dites à Alexandra [une des Femen] qu’elle n’aura pas ses 200 dollars si sa performance n’est pas bonne », déclarait alors le « père » du mouvement.

« J’espère que mon comportement patriarcal les poussera à refuser ce système que je représente », explique-t-il. Un paradoxe que les Femen elles-mêmes avouent à demi-mot : « Sans un homme derrière nous, nous n’aurions jamais pu nous en sortir ».

Quitter la version mobile