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1983-2013: le trentenaire de la marche pour l’égalité et contre le racisme

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Un mouvement anti-raciste pacifique

« Paris sur « beur » » titrait le journal Libération ce 3 décembre 1983. Sept semaines plus tôt, une trentaine de jeunes immigrés décidaient d’organiser à Marseille une marche inspirée par Martin Luther King et Gandhi pour dénoncer les crimes racistes, dans un contexte politique de montée de l’extrême droite.

A l’origine de la mobilisation : les vives tensions entre les forces de l’ordre et les jeunes dans le quartier des Minguettes, à Vénissieux. Les violences s’intensifient encore lorsque Toumi Djaïda, le président de l’association SOS Avenir Minguettes, est blessé par un policier lors d’un affrontement. 

Cette manifestation, baptisée rapidement « Marche des Beurs » par les médias, prend de l’ampleur lorsque trois candidats de la Légion étrangère assassinent Habib Grimzi, 26 ans, en le défenestrant du train Bordeaux-Vintimille, le 14 novembre 1983. 

100 000 personnes défilent à Paris

Après avoir parcouru 1 200 kilomètres pour alerter l’opinion, les marcheurs arrivent à Paris le 3 décembre 1983. Des dizaines de milliers de personnes défilent avec eux pour l’égalité. Une délégation sera reçue par le président François Mitterrand qui octroiera l’allongement de la carte de séjour à dix ans. L’année suivante, l’association SOS Racisme voit le jour : les marcheurs de l’époque crient alors à une opération de récupération du Parti socialiste. 

Commémorations en France

Trente ans jour pour jour après le début de cette marche pacifique, plusieurs événements commémoreront cette marche qui secoua la société française. Depuis le 12 octobre dernier, l’Association collectif liberté égalité fraternité ensemble unis (ACLEFEU) a lancé une « caravane de la mémoire » qui sillonnera la France jusqu’au 20 décembre prochain. Pour Mohamed Mechmache, fondateur et président de l’association, il est fondamental que « 30 ans plus tard, nous puissions évoquer cette marche et les luttes qu’il y a eu après, en espérant que ça ne sera pas un deuxième rendez-vous manqué : en 1983, nous espérions beaucoup, nous ne l’avons pas eu », rapporte le Bondy Blog

Une marche qui tombe dans l’oubli 

Alors que seulement 19 % des Français déclarent « avoir entendu parler » de cette marche, selon un sondage publié récemment par la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), plusieurs cinéastes et journalistes se sont mobilisés pour rappeler l’importance de ce mouvement et le souffle d’espoir qu’il a suscité à l’époque aux jeunes générations. 

Le 27 novembre prochain, le film La Marche, de Nabil Ben Yadir, sortira dans les salles obscures, retraçant l’histoire du mouvement antiraciste. C’est sous forme de webdocumentaire que la journaliste Ouafia Kheniche a, quant à elle, décidé d’aborder le sujet, en interrogeant cinq anciens marcheurs sur l’héritage de cette marche. Baptisé «Une marche, deux générations», le webdoc est diffusé sur France Info.

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