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A quoi ressemblaient les soirées de libertinage de DSK?

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L’affaire aurait pu être banale : le dossier du Carlton, cette enquête de proxénétisme hôtelier qui a éclaté à Lille à l’automne 2011 avait pour principal accusé René Kojfer, un septuagénaire chargé de relations publiques. Pourtant, les enquêteurs et les magistrats chargés de l’instruction ont vite sorti du chapeau un nouveau protagoniste : Dominique Strauss-Kahn ! Au point d’éclipser René Kojfer, de déplacer l’enquête sur le Carlton vers les activités libertines de DSK, selon les propres termes de l’ancien ministre, ailleurs que dans cet hôtel où il n’a jamais mis les pieds.

Quelles charges contient réellement le dossier d’instruction ? Une seule certitude : il nous plonge dans des eaux troubles, où il est nécessaire de faire la part des choses entre une fascination devant des pratiques sexuelles particulières et l’interrogation sur leur possible instrumentalisation politique.

Extraits de Carlton, Le dossier X de DSK, de Martin Leprince et René Kojfer (Jacob Duvernet – 8 octobre 2013)

Fidèle à sa défense, Dominique Strauss-Kahn a affirmé à de plusieurs reprises qu’il ignorait totalement que de nombreuses jeunes femmes qui participaient à ses parties fines étaient des prostituées. À ses yeux, elles n’auraient été que des « libertines » qui ne cherchaient en aucune façon à tirer un avantage financier de leurs ébats. D’ailleurs, se défend-il, comment aurait-il pu le savoir puisque, lorsqu’elles sont nues, rien ne différencie une femme qui se fait payer d’une femme qui accompli un acte sexuel pour son seul plaisir ? […]

« Dans les conversations que nous avions sur la terrasse avec les autres hommes, tous se souciaient de Dominique Strauss-Kahn parce que c’était un homme important. Il fallait qu’il soit satisfait et le sujet principal était son bien-être. Tout tournait autour de lui. » Une prostitué a parlé d’ambiance « bestiale » et de « pure consommation sexuelle ». Cela ressemble-il plus à une soirée échangiste « traditionnelle » ou seulement à l’attitude d’un seigneur disposant de son harem ?

Des détails dans son attitude semblent trancher le débat. Lors d’un après-midi dans le studio d’enregistrement de Bruxelles, DSK est arrivé, a embrassé toutes les filles présentes sur la bouche en leur roulant un patin. Lors d’une autre rencontre festive, DSK arrivait, buvait une coupe de champagne, prenait une fille par la main pour l’emmener à l’étage, redescendait en peignoir et remontait un peu plus tard avec une autre.

[image:2,s]Une participante affirme au sujet de l’une des rencontres : « Ce n’était pas une soirée libertine, mais plutôt un carnage avec des matelas posés à même le sol, où on n’arrivait même plus à reconnaître les gens. » En 2009, lors d’un après-midi à l’hôtel Murano pour laquelle plusieurs prostituées avaient été recrutées, l’une d’elles a raconté que 7 ou 8 filles s’occupaient de Dominique Strauss-Kahn en même temps, qualifiant la scène de « vraie boucherie ». En septembre 2009, lors de la soirée au club belge Le Tantra, la même fille a relaté de nouvelles scènes d’orgies.

Selon elle, cette soirée-là non plus ne ressemblait absolument pas aux soirées échangistes auxquelles elle avait déjà participé, évoquant des « amas de corps » sur des matelas. DSK trouvait tout à fait normal, lors de cette soirée au Tantra, qu’une jeune femme patiente une partie de la nuit avant de le raccompagner en voiture à son hôtel à plus d’une heure de route, tandis qu’il était confortablement installé sur la banquette arrière, puis qu’elle s’offre à lui pour une prestation sexuelle.

En dehors des soirées ou des après-midis organisés avec des prostituées par le trio lillois, Dominique Strauss-Kahn fréquentait également d’authentiques lieux échangistes. Les policiers ont d’ailleurs interrogé des connaissances de DSK qui avaient participé avec lui à des soirées libertines antérieures, certaines d’entre elles pouvant regrouper une cinquantaine de personnes. Un participant à ces rencontres a affirmé : « DSK était très actif. Il ne pouvait pas partir sans avoir une relation sexuelle avec toutes les filles. Lors de cette soirée, il a dû avoir entre 10 et 15 relations avec des filles différentes. Tout le monde a été surpris par son comportement. Pour moi, vu son âge, il devait prendre du Viagra… » Un autre participant trouvait que DSK « faisait un peu le coq » et n’aimait pas son « comportement avec les femmes ».

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Martin Leprince, journaliste, est l’auteur de Rose Mafia, l’enquête et du Roman de la promotion Voltaire (Editions Jacob-Duvernet). René Kojfer, mis en examen dans cette affaire, est un témoin central de ce livre. Il était en charge des relations publiques de l’hôtel Carlton de Lille.

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