Le procès des trois jeunes Marocains de Nador s’est ouvert vendredi 11 octobre, avant d’être immédiatement ajourné au 22 novembre. Les ados devaient comparaître devant la Justice pour avoir publié sur Facebook une photo de deux d’entre eux s’embrassant devant leur collège. Samedi, un « kiss-in » était organisé à Rabat en soutien aux trois jeunes.
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Moushin et Raja, deux jeunes de 14 et 15 ans qui s’embrassaient devant leur collège à Nador, au nord du Maroc, devaient être jugés vendredi, ainsi que leur ami Oussama qui les avait pris en photo.
La photo, publiée sur Internet, avait poussé une association locale à déposer plainte fin septembre auprès des autorités pour « atteinte à la pudeur ».
Arrêtés par la police le 4 octobre, les trois ados avaient ensuite été libérés dans l’attente de leur procès. Celui-ci s’est ouvert vendredi, mais le juge pour mineur l’a immédiatement reporté au 22 novembre, selon l’avocat des adolescents, Me Monaim Fattahi.
Un dossier « encombrant » pour la justice marocaine ?
Selon une source citée par le site marocain Yabiladi, « les deux garçons mis en cause dans cette affaire n’ont pas assisté à l’audience » du 11 octobre. « Seule la fille accompagnée de sa mère a répondu à l’appel des juges. » Selon cette même source, la justice tenterait de « se débarrasser de ce dossier encombrant » en le renvoyant au 22 novembre. « Une manière de clore, définitivement, cette page des photos postées sur Facebook de baisers échangés entre deux élèves du collège Tarik Ben Zyad. »
L’affaire du « baiser de Nador » avait enflammé les réseaux sociaux, sur lesquels les internautes marocains ont largement soutenu les trois ados, accompagnant leurs messages du hashtag #FreeBoussa (« boussa » signifiant « baiser » en arabe). Sur Facebook, une page de soutien « Solidarité avec les jeunes de Nador – un baiser n’est pas un crime », a également été créée, récoltant plus de 13 000 likes en quelques jours.
Kiss-in de soutien à Rabat
Samedi, un kiss–in rassemblant quelques dizaines de personnes s’est tenu devant le Parlement de Rabat pour un « baiser symbolique ». Plusieurs couples se sont embrassés devant les caméras et les appareils photos.
Des contre-manifestants ont cependant tenté de disperser le rassemblement. Un homme a même lancé une chaise depuis la terrasse d’un café, déclarant : « On est dans un pays islamique et s’embrasser en public est interdit. Un simple bisou peut mener à autre chose. Ce sont des athées qui agissent contre l’Islam. »