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Affaire du baiser interdit: la jeunesse du Maroc se mobilise

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Deux adolescents de 14 et 15 ans, pris en photo par un de leurs amis alors qu’ils s’embrassaient devant le lycée Tarik Ibn Zyad à Nador, dans le nord du Maroc, ont été arrêtés vendredi dernier après avoir posté la photo sur Internet.

Liberté provisoire

Après plusieurs jours d’indignation générale et de mobilisation, notamment sur les réseaux sociaux, le juge pour mineurs a finalement accordé la liberté provisoire au jeune couple et à leur ami.

Mais les trois adolescents devront tout de même affronter la Justice le 11 octobre, sauf changement de dernière minute. Poursuivis pour « atteinte à la pudeur dans un lieu public », ils encourent jusqu’à deux ans de prison selon l’article 483 du Code pénal marocain.

Une ONG de défense des droits de l’Homme à l’origine de l’arrestation

L’ironie de « l’affaire de Nador » repose en réalité sur l’identité de l’organisation qui est à l’origine de l’arrestation des trois jeunes. Car c’est bien une ONG de défense des droits de l’Homme, baptisée « Organisation unie de droits de l’Homme et des libertés publiques », qui a rendu publique l’affaire.

Le 30 septembre, le président de l’association, Faiçal El Marsi, adressait en effet une lettre à la cour d’appel pour dévoiler « l’incident ».

« Nous n’avons pas déposé une plainte contre les trois adolescents, mais juste présenté au procureur du roi l’ouverture d’une enquête », a déclaré le président de l’association, interrogé par le portail marocain en ligne Yabiladi.

Une association à la botte du pouvoir ?

Selon le site, l’ONG qui se présente comme une association de défense des libertés, se serait cependant illustrée par « son opposition aux marches du Mouvement du 20 février » [mouvement de contestation apparu en 2011 suite aux révoltes du « Printemps arabe »] et par son soutien actif aux autorités locales, notamment au gouverneur.

« On nous accuse souvent de travailler pour le makhzen [l’État marocain et le pouvoir royal]. Mais c’est faux. Nous militons pour le bien-être des Marocains et nous voulons que le Maroc progresse dans la sérénité. Notre association est contre le recours à la violence lors des manifestations », s’est défendu M. El Marsi.

« Dans le cas de l’affaire des trois élèves, l’organisation n’agit que suite à des demandes de parents d’élèves outrés par les agissements de ces adolescents. N’oublions pas que nous sommes à Nador, au Rif, une région connue pour être très conservatrice », a poursuivi le président de l’association.

#FreeBoussa

L’affaire a immédiatement déclenché une vague de protestations sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, des centaines d’internautes ont posté des photos de soutien au « baiser interdit », accompagnées du hashtag #FreeBoussa (« Boussa » signifiant « baiser » en arabe). 

Sur Facebook, une page « Solidarité avec les jeunes de Nador – Un baiser n’est pas un crime » a été créée et rassemble déjà près de 10 000 fans et une pétition a même été lancée.

Kiss-in

Des groupes de solidarité et des associations locales ont lancé des appels à des rassemblements, sit-in et marches dans plusieurs villes du Maroc le jour du procès.

La capitale marocaine, Rabat, sera notamment le théâtre d’une manifestation devant le parlement samedi 12 octobre. Plusieurs internautes appellent déjà à se mobiliser pour organiser des kiss-in géants, en solidarité avec les deux jeunes amoureux.

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