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Andrea d’Ambra: «Beppe Grillo ne formera pas de coalition avec Letta»

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JOL Press : Dans quel état se trouve le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo sept mois après les élections législatives ?
 

Andrea d’Ambra : On a pu faire tout ce qui était dans notre possibilité au Parlement, tous nos élus ont été la véritable opposition à ce gouvernement et à ces partis soi-disant de droite ou de gauche. Les résultats ont montré que le M5S était la seule force politique d’opposition italienne.

Et selon les sondages, nous avons été récompensés puisque nous sommes au moins au même niveau que notre résultat obtenu il y a sept mois. On doit aussi constater que les sondages nous ont toujours sous-estimés : aux dernières élections, on nous donnait 15 % et nous avons eu 25 %. Malgré toutes les promesses du gouvernement, nous avons assisté depuis sept mois à l’augmentation du chômage, du déficit et de la crise. La situation n’a fait qu’empirer avec ce gouvernement.

JOL Press : Suite à la démission des cinq ministres du PdL, le Mouvement 5 étoiles pourrait-il envisager de former une coalition avec Enrico Letta ?
 

Andrea d’Ambra : Nous avons toujours été cohérents dans notre ligne politique, même si cela peut sembler bizarre par rapport aux autres partis – car la cohérence, aujourd’hui, est quelque chose de rare en politique – mais nous avons toujours dit que nous ne ferions jamais d’alliance avec les partis. Nous luttons contre ce système avec lequel nous ne voulons pas marchander. Ce sont eux les responsables de cette situation critique. Nous, nous souhaitons gouverner, mais seuls. Nous n’avons pas besoin de nous allier avec ces gens-là.

JOL Press : Aucune concession ne pourrait donc être faite ?
 

Andrea d’Ambra : Non, parce que la coalition sous-entend que l’on accepte des choses contre lesquelles nous nous battons aujourd’hui. Donc c’est totalement contraire à ce que l’on veut. On peut nous traiter d’intransigeants, d’extrémistes ou d’intégristes, mais quand on faisait 2 % dans les sondages, on nous disait qu’il fallait absolument que l’on s’allie avec d’autres partis pour remporter des sièges.

Or, aujourd’hui, nous faisons 25 %, nous sommes la première force politique, mais la loi électorale nous empêche de gouverner. Dans un autre pays, nous serions déjà au gouvernement.

JOL Press : Craignez-vous un éclatement du Mouvement 5 étoiles, dans le cas où certains de vos parlementaires rejoindraient la coalition ?
 

Andrea d’Ambra : Non. Qu’un parlementaire sur 150 puisse partir est possible, c’est même dans la logique des choses. La tentation est forte : le pouvoir et l’argent sont tentants, surtout pour nos élus dont les salaires sont réduits à 2 500 euros. 

C’est donc totalement envisageable et humain. Mais cela fait des mois que l’on dit que la moitié du Mouvement va éclater. Ce n’est qu’un épouvantail pour essayer de faire croire que le Mouvement va exploser. Et finalement, ce sont les autres qui vont exploser, à commencer par le parti de Berlusconi.

JOL Press : Vous êtes donc plutôt confiant dans l’avenir du Mouvement ?
 

Andrea d’Ambra : Oui, nous sommes confiants dans l’avenir du Mouvement. Notre travail est récompensé par les électeurs, et nous travaillons dur au Parlement pour lutter contre le système en place.

JOL Press : Beppe Grillo a souhaité ce week-end la tenue de nouvelles élections. Est-ce vraiment envisageable ?
 

Andrea d’Ambra : C’est ce qui devrait se passer. Quand on est une démocratie, ce sont les gens qui doivent décider. Or ce n’est pas ce qui se passe aujourd’hui. C’était déjà le cas avec Mario Monti, qui a été choisi par le président de la République, puis avec la coalition droite et gauche du Pd et du PdL. Nous considérons que c’est le vote des Italiens qui doit être respecté. Les élections sont donc la seule voie envisageable.

JOL Press : Ne faudrait-il pas avant cela changer la loi électorale, le « Porcellum » ?
 

Andrea d’Ambra : Cela fait des années que le gouvernement dit qu’il va le faire, ils ont une majorité pour le faire, et ils ne l’ont jamais fait. Nous, nous avons proposé de redonner la possibilité aux gens de choisir leurs élus puisqu’aujourd’hui ce n’est pas le cas, et d’interdire aux condamnés d’être au Parlement. Depuis 2007, cette loi est au Parlement, mais ils n’ont pas voulu l’approuver.

JOL Press : Pensez-vous que Beppe Grillo va sortir renforcé de cette crise politique ?
 

Andrea d’Ambra : Ce n’est pas la crise politique qui va renforcer Beppe Grillo ou le M5S, mais les actions et le travail menés jusque-là.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

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