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Bons scores du FN aux cantonales? Une percée à relativiser…

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Dimanche 6 octobre, le Front national arrivait largement en tête du premier tour de l’élection cantonale partielle de Brignoles, dans le Var. Son candidat, Laurent Lopez, obtenant  40,4 % des voix, devant la candidate UMP, Catherine Delzers (20,8 % des voix). Depuis, de nombreuses voix s’élèvent pour affirmer que le Front national est désormais « le premier parti de France ». Mais si le FN arrive en tête des intentions de vote pour les élections européennes de 2014, avec 24 %, selon un sondage Ifop pour Le Nouvel Observateur, publié mercredi, sa victoire à Brignoles n’aura pas grande conséquence.

Patrick Bassot, unique conseiller général FN de France

Si Laurent Lopez est élu conseiller général, dimanche 13, les conseillers généraux FN ne seront que deux sur toute la France. Lors des dernières élections cantonales, en mars 2011, le FN avait obtenu plus de 15 % des voix au 1er tour, lui permettant de se maintenir au 2nd tour dans 394 cantons. Mais cette « percée » ne s’était traduite que par l’élection de deux conseillers généraux seulement, Patrick Bassot dans le Vaucluse et Jean-Paul Dispard dans le Var.

En mars 2012, le Conseil d’Etat invalidait l’élection de Jean-Paul Dispard, élu avec cinq voix d’avance sur le conseiller général communiste sortant Claude Gilardo. Patrick Bassot est donc, à ce jour, le seul conseiller général FN de France et pas son plus ardent défenseur. Après avoir vu, en 2012, son investiture aux législatives lui être refusée dans la 5e circonscription de son département, il avait choisi de soutenir dans une autre circonscription Jacques Bompard, ancien membre du FN et fondateur de la Ligue du Sud, face au candidat du Front national.

Patrick Bassot le dit lui-même, cette solitude rend inefficace toute volonté politique au sein d’une assemblée dominée par le Parti socialiste, où il ne peut pas faire « grand-chose ». Une situation que risque de connaître Laurent Lopez, s’il est élu à Brignoles, à la suite de Jean-Paul Dispard.

Très peu de conseillers généraux FN dans l’histoire

Depuis sa création en 1972, le Front national n’a obtenu que très peu de conseillers généraux, le « front républicain » faisant barrage quasi automatiquement aux candidats FN. Au total, ils n’ont été que treize à avoir été élus et, pour la plupart, dans le Sud-Est. Marseille, Salon-de-Provence, Nice, Canisy (Manche), Toulon, Dreux (Eure-et-Loir), Mulhouse (Haut-Rhin), Toulon, Noyon (Oise), Marignane, Orange, Brignoles et Carpentras sont parvenus à élire un conseiller général.

Parmi eux, Jacques Bompard et Marie-Claude Bompard ; le premier élu, à Orange, en 2002, a quitté le FN en 2005, la seconde, élue conseillère générale, à Orange également, en 2004, a, elle aussi, quitté le FN. On notera, par ailleurs, que Philippe Adam, élu conseiller général de Salon-de-Provence en 1989, a été exclu du FN en 1999 et réintégré en 2012.

L’histoire du FN et de ses élus n’est pas un long fleuve tranquille et si certains ont, dans l’histoire du Front national, réussi à s’imposer dans le paysage politique, leur succès est à relativiser. Laurent Lopez, s’il est élu à Brignoles, ce dimanche, aura une influence presque insignifiante. Même Marion Maréchal le Pen et Gilbert Collard n’ont, à l’Assemblée, qu’un très faible champ d’action. C’est la loi du scrutin majoritaire… Si le FN est, en effet, très haut dans les sondages, l’impact réel de ses idées n’est pas encore à craindre.

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