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Cantonales de Brignoles: les leçons de la victoire du FN

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Le scrutin majoritaire ne constitue plus un rempart contre une implantation locale du FN

Ses poussées électorales, le FN les a longtemps dûes au scrutin proportionnelle – législatives en 1986 et élections européennes en 1994, 1999… – ou à des triangulaires – municipales à Toulon, Vitrolles ou Marignane dans les années 90. Depuis 2012, à deux reprises, lors de législatives partielles – dans l’Oise et à Villeneuve-sur-Lot -, le candidat FN opposé à un UMP est passé à deux doigts d’être élu.

Brignoles démontre – à une courte échelle certes – la capacité d’un candidat FN à attirer sur son nom plus de la majorité des électeurs d’une circonscription, cantonale en l’occurrence.

L’échec du Front républicain

Cause et conséquence de l’élément précédent, le Front républicain – l’alliance des partis de gouvernement, de l’ensemble de la classe politique contre le Front national – démontre ses limites.

Les raisons pourraient en être multiples : Est-ce le trouble causé par certains leaders UMP prêts à revenir sur la stratégie de cordon sanitaire vis-à-vis du FN longtemps en vigueur ?  Les échecs du gouvernement conduisent-ils une portion de l’électorat traditionnel de la gauche à se laisser tenter par le vote FN ?

Un enjeu local, un « précipité » national

N’était en jeu ce dimanche qu’un seul poste de conseiller général – un sur les 4000 que compte le pays. Pour autant, ce résultat constitue indéniablement un avertissement de dimension nationale aux partis de gouvernement à cinq mois des élections municpales et sept mois des élections européennes.

Le FN a démontré qu’il pouvait remporter l’an prochain, un certain nombre de sièges – et éventuellement des communes en nombre non négligeable.

FN du Sud 1 – FN du Nord 0 ?

Ce dimanche soir à Brignoles, aux côtés de Laurent Lopez, le nouveau conseiller général FN, Marion Maréchal-Le Pen, député du Vaucluse, département voisin, et Bruno Gollnisch, candidat aux municipales à Hyères dans le Var. Serait-ce une victoire du FN du sud que la victoire de Laurent Lopez ?

PAs certain que cette élection puisse venir confirmer l’hypothèse selon laquelle il y aurait deux FN – deux positionnements idéologiques et deux électorats divergents entre le Nord ou l’Est de la France et le Sud. Brignoles demeure une ville dirigée par le Parti communiste, une ville à la tradition de gauche, une ville d’immigration aussi, une ville minière – comme ces villes du Nord prêtes à se livrer elles-aussi au FN.

Municipales, européennes… et sénatoriales

Avec une poussée du FN aux élections municipales, l’objectif de plus de 1000 conseillers, affiché par Marine Le Pen, pourrait être atteint. Mais le résultat de la cantonale de Brignoles laisse apparaître la possibilité dans certaines régions de véritables déferlantes qui verraient non seulement des mairies mais aussi des communautés de communes basculer – même s’il est probable que le FN ne dispose que d’un nombre limité de candidats « au niveau ». En 1995, les victoires municipales du FN avaient été symboliques -e t temporaires. Aujourd’hui, le FN semble véritablement dans une stratégie d’implantation et d’exercice du pouvoir.

Autre conséquence… l’entrée au Sénat d’un ou plusieurs élus du Front National en septembre 2014. Une première historique.

Entre temps, le FN pourrait participer d’une poussée populiste à l’échelle européenne qui pourrait plonger l’Union européenne dans une crise institutionnelle sans précédent.

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