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Carton rouge pour les patrons du football?

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A l’occasion d’une assemblée générale extraordinaire jeudi 24 octobre à Paris, l’Union des clubs professionnels de football (UCPF) a décidé d’organiser « une journée blanche » le 30 novembre prochain. Cela signifie que les matchs de la 15e journée de Ligue 1 et de la 16e de Ligue 2 ne se dérouleront pas, en particulier celui qui devait opposer le Paris-Saint-Germain et l’Olympique Lyonnais.

En cause : la future taxe de 75 % sur les hauts revenus – au-delà du million d’euro annuel -, votée vendredi dernier par l’Assemblée nationale, qui fut une des promesses emblématiques de François Hollande lors de sa campagne présidentielle.

Selon une étude de la Ligue, publiée dans le Parisien la semaine dernière, les clubs contribueraient à cette taxe à hauteur de 44 millions d’euros, dont plus de 20 millions pour le PSG. Elle concerne 115 joueurs et huit entraîneurs de quatorze clubs.

« Une taxe non-emploi » pour le patron de l’OL

« Nous sommes devant un mouvement historique, à l’unanimité, avec une vraie détermination pour sauver le football » a déclaré Jean-Pierre Louvel, président de l’UCPF et du Havre, la dernière grève historique du football français remontant à 1972.

Pour justifier leur protestation qui ne fait pas l’unanimité auprès de l’opinion publique – 85 % des Français se prononcent en faveur de l’application de la taxe dans le milieu du football selon une enquête Tilder-LCI-OpinionWay publiée jeudi -, Jean-Michel Aulas, influent président de l’Olympique Lyonnais avait expliqué mercredi soir, après avoir boycotté une réunion gouvernementale, qu’il s’agissait « d’une taxe anti-emploi qui repose sur un effet rétroactif. »

Par ailleurs, selon lui, ce seront les clubs qui ne bénéficient pas d’actionnaires richissimes comme le PSG, qui souffriront le plus de la taxe. L’Olympique Lyonnais et l’Olympique de Marseille devraient par exemple respectivement s’acquitter de 4,9 millions et de 5,3 millions d’euros. Les clubs de Saint-Etienne et Lille ont déjà annoncé qu’ils ne pourront pas débourser un et cinq millions de taxe chacun. Interrogé par L’Equipe, Bernard Caïazzo, président de Saint-Etienne, et vice-président de l’UCPF s’insurge : « Ce sont toujours les petits qui trinquent quand les gros sont en difficulté. Trop c’est trop. Ce ne sont pas Zlatan, Cavani, ou Falcao qui vont la payer cette taxe, ce sont les clubs. On nous demande de payer à la place des joueurs. C’est absurde. »

« Une entreprise comme une autre », explique Matignon

Matignon a affirmé, de son côté, jeudi 24 octobre, qu’un club de football était traité « comme une entreprise comme une autre » au regard de la taxe à 75 %. « En surplomb de tout dispositif fiscal, il y a le principe d’égalité », a-t-il ajouté, indiquant que « la taxe à 75 % a été plafonnée avec justement le souci qu’elle ne pèse pas indûment sur les acteurs économiques, à 5 % du chiffre d’affaires. » Rappelons que le dispositif s’appliquera uniquement pendant deux ans sur les rémunérations de 2013 et de 2014.

L’Elysée a annoncé, mercredi 23 octobre, la tenue d’une rencontre entre François Hollande et les dirigeants du football français, le jeudi 31 octobre, répondant à la demande de la Fédération française de football. Les clubs souhaitent mettre la pression sur le gouvernement avant que la loi ne soit définitivement promulguée. Après avoir été examiné par l’Assemblée nationale le 18 octobre dans le cadre du projet de loi sur le budget 2014, le texte doit en effet passer l’épreuve du Sénat, avant de revenir vers le Palais Bourbon.

Paradoxalement, les œuvres d’art ne sont toujours ni taxées, ni comprises dans le calcul de l’ISF. Le dernier débat en date s’est soldé par une nouvelle victoire pour le monde de l’art : la commission des Finances de l’Assemblée nationale a en effet accepté un amendement ramenant le taux de la taxe de l’importation – hors Union européenne – des œuvres d’art de 7 % à 5,5 %, comme avant le 1er janvier 2012. 

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