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Chili: la police politique de Pinochet versait de l’argent aux médias

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Le 11 septembre dernier, le Chili commémorait le 40e anniversaire du coup d’État et la mort du président Salvador Allende. Vingt-trois ans ans après le retour à la démocratie, de nombreuses blessures restent encore ouvertes dans ce pays d’Amérique du Sud.

Des sommes d’argents versées à des organes de presse

En se basant sur des enquêtes judiciaires, le site El Mostrador  vient de révéler que les médias chiliens et des agences de presse étrangères avaient perçu de l’argent de la Direction nationale du renseignement (DINA), le service de renseignement chilien pendant la dictature militaire d’Augusto Pinochet.

Dans un article publié dans Courrier International, le journaliste chilien Jorge Escalante énumère les titres d’organes de presse concernés : parmi eux figurent le journal conservateur chilien El Mercurio, mais aussi Las Ultimas Noticias, Diario austral, La Nación, La Prensa, les hebdomadaires Qué Pasa et Ercilla, le groupe Copesa. Sur la liste se trouvent également l’agence de presse chilienne Orbe ainsi que les agences de presse étrangère United Press International (UPI) et l‘Agence France Presse (AFP).

Un compte secret dans une banque chilienne

Le journaliste souligne que les médias ont encaissé des chèques provenant d’un compte intitulé « Direction de réadaptation nationale » (Dinar), dans une banque chilienne, au nom de Manuel Contreras, l’ancien directeur de l’organisation de 1973 à 1978. Les noms de plusieurs agents de la DINA circulent dans cette affaire, dont celui de Marcelo Moren Brito, l’ancien chef de la Villa Grimaldi, l’un des plus importants centres de de détention et de torture pendant la dictature, celui de Christoph Willikie Flöl, chef du Département extérieur de la DINA, ou encore Juan Morales Salgado et Pedro Espinoza Bravo, anciens chefs de la DINA, tous derrière les barreaux. 

Le silence de la presse

Ces versements expliquent non seulement le mutisme de certains organes de presse sur les violations de droits de l’Homme commis pendant la dictature, mais également « la complicité de cette presse qui a fait état de prétendus affrontements s’étant soldés par la mort de militants de gauche, alors que la justice a établi qu’il s’agissait d’assassinats et de disparitions », explique  Jorge Escalante dans son article, évoquant entre autres l’opération Colombo et l’affaire de la Rinconada de Maipú.

« Un terrorisme d’Etat au Chili »

Ces révélations montrent qu’il existait une action antidémocratique « de nature institutionnelle de l’État chilien », selon Mireya Garcia, vice-présidente de l’Association des familles de disparus (AFDD) qui condamne une « une complicité généralisée au Chili qui a permis de produire ce qui s’est passé dans le pays », rapporte la Prensa.com.

Pour Alicia Lira, présidente de l’Association des familles d’exécutés politiques (AFEP), ces importantes sommes d’argents versées aux organes de presse confirment qu’il existe « un terrorisme d’Etat au Chili. » La révélation de ces grosses sommes d’argent montre que « la DINA a non seulement payé ses agents, mais a financé l’Etat tout entier, y compris les médias, c’est pourquoi il a menti au sujet de ces crimes. Il y a eu un terrorisme institutionnalisé au Chili », explique-t-elle.

Entre 1973 et 1990, environ 3 200 personnes sont mortes ou ont disparu sous la dictature d’Augusto Pinochet, selon les organisations de défense des droits de l’Homme, et 38 000 ont été torturées, selon les chiffres officiels. 

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