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«Connards», «lapins-crétins»: les 343 salauds sévèrement critiqués

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La polémique suscitée par la parution du manifeste des « 343 salauds » continue d’enfler.

19 signataires

Publié dans le magazine « Causeur » du mois de novembre – mais déjà en ligne depuis mercredi soir – le manifeste, signé par 19 – et non 343 – personnalités de la culture et des médias entend lutter contre une proposition de loi de la députée PS Maud Olivier, qui sera débattue fin novembre à l’Assemblée.

Parmi les mesures proposées, celle de la pénalisation des clients des prostituées a retenu l’attention des 19 signataires qui clament haut et fort : « Touche pas à ma pute ! ». « Nous ne défendons pas la prostitution, nous défendons la liberté. Et quand le Parlement se mêle d’édicter des normes sur la sexualité, notre liberté à tous est menacée », écrivent-ils en introduction du manifeste.

« Homos ou hétéros, libertins ou monogames, fidèles ou volages, nous sommes des hommes », se défendent-ils. « Cela ne fait pas de nous les frustrés, pervers ou psychopathes décrits par les partisans d’une répression déguisée en combat féministe. […] Mais nous considérons que chacun a le droit de vendre librement ses charmes – et même d’aimer ça. Et nous refusons que des députés édictent des normes sur nos désirs et nos plaisirs ».

« Ils devaient beaucoup s’ennuyer »

La parution du manifeste a provoqué un véritable tollé. Les 19 signataires, parmi lesquels figurent Frédéric Beigbeder, Nicolas Bedos – qui a depuis « regretté » son geste – Basile de Koch, Richard Malka ou Eric Zemmour, ont essuyé de sévères critiques.

Anne Zelensky, présidente de la Ligue du droit des femmes, a été l’une des premières à réagir dans une tribune publiée dans le journal Le Monde.

Interrogée par JOL Press, elle explique que les « 343 salauds » commettent « un contresens sur le mot « liberté » quand on l’associe avec ce qui relève de la soumission. Fût-elle volontaire, la soumission est toujours le renoncement à ses propres désirs ou volontés. On peut s’arranger avec sa conscience et se persuader qu’on veut ce qu’on subit. Il n’en reste pas moins qu’on le subit d’abord », explique-t-elle, ajoutant que les signataires devaient « beaucoup s’ennuyer pour chercher autant à susciter l’attention ».

« 343 connards »

Morgane Merteuil, escort et représentante du Syndicat des travailleurs du sexe (Strass), a également réagi sur JOL Press au manifeste qu’elle considère « totalement déplacé ».

« On n’est la pute de personne », se défend-elle, qualifiant les signataires de « 343 connards » plutôt que « salauds » – le terme renvoyant au manifeste des 343 « salopes » en 1971, qui assumaient leur choix d’avoir avorté.

« Lapins-crétins »

Pour Anne-Yvonne Le Dain, députée socialiste de l’Hérault, les 343 salauds sont des « sacrés connards » ou encore des « Lapins-Crétins » qui revendiquent leur « droit à leur pute », a-t-elle commenté sur Twitter et Facebook, affichant son soutien à la proposition de loi de Maud Olivier.

 La porte-parole du gouvernement et ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a pour sa part déploré le parallèle fait entre le manifeste des « 343 salauds » et celui des femmes pro-avortement en 1971 : « les 343 salopes réclamaient de leur temps le droit de disposer librement de leur corps. Les 343 salauds réclament le droit de disposer du corps des autres. Ça n’appelle aucun autre commentaire », a-t-elle déclaré lors d’un point presse à l’Élysée.

Invitée sur France Info jeudi 31 octobre, la sénatrice UDI Chantal Jouanno a de son côté estimé que le manifeste était « une provoc’ médiatique » sur un sujet sérieux. « La prostitution n’est plus celle des années de nos parents. C’est à 90% de la traite, je viens de finir un rapport sur ce sujet. Donc les gentils clients qui ont signé ce manifeste sont complices des réseaux de traite qu’ils financent par leurs prestations », a-t-elle déclaré.

Mot doux

Sur les réseaux sociaux, les commentaires ont fusé, et un site baptisé 343connards.fr a même été créé. Les internautes sont invités à cliquer sur l’un des portraits des 19 signataires du manifeste, et le site propose ensuite de tweeter directement un « mot doux » au principal intéressé.

Par exemple, directeur de la rédaction du magazine Lui : « @luiestici Salut Frédéric Beigbeder, aucune femme n’est ta pute, connard ! #343connards #343salauds ».

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