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Crise italienne: pour Beppe Grillo, «rien ne va plus»

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« Rien ne va plus ». C’est en français que Beppe Grillo, ancien humoriste et leader du Movimento 5 Stelle (M5S), a titré un billet sans concessions publié samedi sur son blog.

« Napolitano doit démissionner »

« Berlusconi a retiré ses ministres du gouvernement. L’échafaudage construit par Napolitano s’est effondré », écrit-il suite à la démission des cinq ministres du PdL, le parti de Silvio Berlusconi. « L’Italie ne peut plus tenir debout sur ​​les épaules d’un octogénaire qui, volontairement ou non, exerce des pouvoirs de monarque que personne ne lui a accordés. Napolitano doit démissionner. C’est à lui que nous devons cette impasse. »

Considérant que le président italien est « une créature de Berlusconi », celui qui obtenait en février dernier près de 25 % des voix au parlement italien souhaite des élections anticipées afin de sortir l’Italie de l’impasse politique dans laquelle elle vient de replonger, sept mois après des élections législatives mouvementées.

« L’Italie a perdu une année à lambiner alors que l’économie plongeait. […]. Le dernier cadeau du gouvernement est l’augmentation absurde de l’IVA [taxe d’habitation] qui a frappé les classes sociales les plus faibles. Un changement immédiat est nécessaire. Nos entreprises sont en train de mourir. Telecom Italia a été racheté par Telefonica pour une poignée d’euros dans le silence du gouvernement […] ENI, ENEL et Finmeccanica [groupes énergétiques et aéronautiques] ont été mis aux enchères par le capitaine Findus Letta. Il faut retourner aux urnes », écrit Beppe Grillo.

« Si vous ne votez pas pour nous, je me tire »

Dimanche, lors d’un bain de foule à Paderno Dugnano dans la région de Milan, le chef du M5S, entouré par les forces de l’ordre et la police, a martelé aux journalistes présents qu’il fallait « renvoyer chez eux tous ces gens [de la coalition] et refaire le pays avec un gouvernement 5 étoiles. »

Il se trouvait dans la région pour apporter son soutien à une manifestation organisée contre un projet d’autoroute et déclarait à cette occasion qu’il souhaitait parler « aux 20 millions de personnes qui votent encore pour le Pd [parti d’Enrico Letta] et pour le PdL. […]. Je leur dis : « Si vous ne votez pas pour nous, je me tire » .»

« Les Italiens doivent pouvoir décider de vivre ou de mourir. Rien ne va plus. […]. Il faut retourner aux urnes pour vaincre et sauver l’Italie », a-t-il lancé comme un ultimatum au président du conseil Enrico Letta, comparé à une marionnette aux mains de Napolitano et de Berlusconi.

Changer la loi électorale… après les élections

Beppe Grillo, fervent défenseur d’une modification de la loi électorale qu’il considère anti-démocratique, a cependant précisé qu’il préférait que les élections anticipées se tiennent avant une modification de cette loi. « Nous voulons la changer après les élections, quand nous serons au gouvernement », a-t-il précisé, restant vague sur le sujet.

« En 2007, nous avons déposé un projet de loi d’initiative populaire pour l’élection directe des membres du Parlement, l’inéligibilité des condamnés et la limite de deux mandats. Nous avons appelé ce projet « Parlamento pulito » (« Parlement propre »). Les partis ne pouvaient donc l’ignorer », rappellent les députés du Mouvement 5 étoiles.

Mais pour certains observateurs, changer la loi électorale seulement après les élections anticipées pourrait profiter à Beppe Grillo qui aurait ainsi plus de contrôle sur les listes électorales et plus de « poids » lors de l’élection.

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