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#DPDA: Ce qu’il faut retenir de l’intervention de Jean-François Copé

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Invité de l’émission Des paroles et des actes jeudi 10 octobre, le président de l’UMP Jean-François Copé a affronté la salve de questions des journalistes, a débattu avec la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, et a dû répondre, tant bien que mal, au véritable cri de colère d’une demandeuse d’emploi d’Alsace.

Un coup de pied en demi-teinte au Front national

Interrogé sur la montée du Front national, le président de l’UMP a affirmé que le « programme du Front national est absurde » en évoquant pêle-mêle le rétablissement de la peine de mort pour les dealers, l’immigration zéro, la nationalisation des entreprises et le retour au franc. « Le FN, c’est un suicide économique programmé », a-t-il lancé, ajoutant que le FN est « un parti extrémiste », mais sans préciser s’il est plutôt de droite, ou plutôt de gauche, et que « son programme économique est calqué sur celui du Parti Communiste. »

Toutefois, cela ne l’a pas empêché de faire de l’œil aux électeurs frontistes en refusant de se prononcer sur un éventuel duel entre Marine Le Pen et François Hollande en 2017, évoquant une hypothèse improbable. Il a également fait un pas vers la fin du droit du sol : il veut refuser la nationalité française aux enfants nés en France de parents étrangers en situation illégale.

David Pujadas lui a présenté un sondage où 44 % des sympathisants UMP souhaitent un accord national avec le FN. Jean-François Copé a rétorqué sur le fait que les « non » l’emportent sur les « oui ». « Ce n’est pas avec des alliances que l’on réglera les problèmes des Français. » Il a également été questionné sur le cas Roland Chassain – un élu UMP investi pour les municipales qui bénéficie du soutien implicite du FN. Alors que Jean-François Copé avait réclamé son exclusion du parti, il en est toujours membre. « Je me suis expliqué avec lui et il m’a clairement dit qu’il ne passerait pas d’alliance avec le FN, j’en prends acte. »

Un enjeu politique de taille pour Jean-François Copé

L’émission représentait un enjeu de taille pour Jean-François Copé qui ne veut plus passer pour le méchant de service, et à terme, comme l’alternative à François Hollande en 2017. Il a tenu à se démarquer de son rival François Fillon en guerre avec l’ancien chef d’Etat. Il a expliqué qu’il n’était dans la même situation : « J’ai une feuille de route, gagner les élections municipales, puis européennes. » Il a également refusé de se prononcer sur son avenir en vue des élections présidentielles de 2017. Il a de plus réaffirmé sa loyauté à l’égard de Nicolas Sarkozy « quels que soient les choix de Nicolas Sarkozy, je serai à ses côtés. »

Taquiné par le journaliste Franz-Olivier Gisbert sur son impopularité – seuls 19 % des sondés du baromètre BVA de septembre souhaite le voir bénéficier de plus d’influence, contre 33 % pour F. Fillon, 36 % pour N. Sarkozy et 52 % pour A. Juppé -, Jean-François Copé a préféré tourner en boutade sa réponse : « Je vous le confirme j’ai bien, en termes de sondage, les pieds dans le gaz de schiste. (…) [Mais] si le forage se passe bien, il y a espoir que je puisse être entraîné vers le haut. »

Le président de l’UMP a également regretté la crise politique l’an passé et a expliqué ne plus faire de « politique politicienne. » « Je reviens d’un long voyage. Une année comme celle que j’ai traversée m’a amené à réfléchir. »

Un débat d’égal à égal entre Jean-François Copé et Najat Vallaud-Belkacem

Face à la porte-parole du gouvernement socialiste Najat Vallaud-Belkacem, le président de l’UMP s’en est pris au matraquage fiscal de la majorité. « Plus un Français ne vous croit », ajoute-t-il lorsqu’elle promet un retour à la « quasi stabilité fiscale » dès 2014. Les deux débatteurs n’ont cessé de se renvoyer la balle sur l’augmentation des impôts et le chômage des jeunes.

Concernant l’affrontement Valls-Duflot sur les Roms, la porte-parole du gouvernement a refusé de prendre parti en lui rétorquant : « Votre question ne m’intéresse pas, elle n’a aucun sens. »

Autre accrochage entre Najat Vallaud-Belkacem et Jean-François Copé, la question des rythmes scolaires. « Le vrai problème [de la réforme], c’est les conditions dans lesquelles on la fait », a affirmé le président de l’UMP. N. Vallaud-Belkacem l’a accusé de « prendre en otage les enfants » en attaquant le gouvernement sur cette réforme.

Le cri de colère poignant d’une demandeuse d’emploi

La véritable surprise de l’émission est sans aucun doute le cri de colère lancé par Isabelle Maurer, une demandeuse d’emploi à Mulhouse. « Les Français vous regardent. Ils vous écoutent. Et malheureusement, il y a beaucoup de paroles et pas beaucoup d’actes », lui a-t-elle lancé, bille en tête. En colère, elle a même invité le président de l’UMP à suivre son fils dans son travail quotidien chez Peugeot « pour voir si on peut vraiment travailler jusqu’à 63 ans. »

Jean-François Copé a eu bien du mal à trouver les mots pour répondre à cette femme qui témoignait de ses difficultés à boucler les fins de mois avec 470 euros de revenu. « Ce n’est pas celui qui est en face de vous, le problème, c’est notre système qui ne marche pas. » Coupé à de nombreuses reprises, J.-F. Copé a essayé de militer pour un assouplissement du marché du travail et la baisse des charges, avant d’embrayer sur la façon dont le FN et le PS n’apportent aucune solution face à ce genre de situation. Un terrain qu’il maîtrise manifestement mieux.

Suscitant une vague de sympathie sur les réseaux sociaux, Isabelle Maurer est sans doute l’intervenante dont les Français ont retenu les paroles hier soir.  

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