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Droit du sol: la classe politique secouée par la proposition de Copé

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Mardi 22 octobre, le président de l’UMP a lâché une bombe en annonçant une proposition de loi prévoyant de durcir l’acquisition de la nationalité pour les enfants nés en France de parents étrangers. « Il ne s’agit pas de remettre en cause le droit du sol. Mais quand on est né en France de parents étrangers en situation irrégulière, on n’a pas vocation à y rester et il n’est pas possible d’obtenir la nationalité française. Les enfants nés de parents étrangers en situation régulière ne peuvent pas obtenir la nationalité française de manière automatique. Ils doivent en faire la demande », a déclaré Jean-François Copé.

L’UMP partagée

Faut-il y voir de l’opportunisme électoral ou politique ? Non, selon Thierry Mariani, député UMP des Français de l’étranger, co-fondateur de la droite populaire. « Je crois que le droit de l’immigration mérite d’être revu sur les durées de résidence ou sur certains avantages sociaux. » « On veut que l’accès à la nationalité française soit toujours ouverte, mais il faut que les gens aient la volonté de s’intégrer », a-t-il ajouté. Pour lui, l’affaire Leonarda a montré « les limites du système » dans lequel « le droit d’asile est détourné par certains » et « l’espace Schengen ne fonctionne plus. »

Et de conclure : « Il faut sortir du débat droit du sol, droit du sang, le seul droit qui compte c’est le droit du cœur. Est-ce que oui ou non on a envie d’être Français ? Est-ce que oui ou non on a envie de respecter les lois de la République ? »

Un avis que ne partage pas du tout Henri Guaino, député UMP des Yvelines, qui était l’invité de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi 23 octobre. « Il ne peut être question d’abandonner le droit du sol, d’abord parce que c’est notre culture, c’est le fondement d’une société ouverte, par rapport à une société fermée, qui est capable d’accueillir, d’intégrer ceux qui souhaitent devenir Français. Un sujet aussi grave mérite autre chose qu’une proposition de loi », a-t-il expliqué. « C’est une bonne barrière à un certain nombre de dérives, que le droit du sang pur peut engendrer. »

« Il ne faut pas modifier fondamentalement le droit du sol qui est un acquis de la Révolution française, un fondement du Pacte républicain », a commenté le président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian, au Figaro. « Nous sommes à l’heure de la mondialisation. Il y a de plus en plus de mariages entre des Français et des étrangers. Il faut en tenir compte pour l’intégration des familles qui ont des origines diverses. J’ajoute que l’Allemagne, qui pratiquait le droit du sang, a modifié sa législation il y a une dizaine d’années pour adopter le droit du sol, en raison des très nombreux étrangers qui résidaient sur son sol de père en fils, et qui ne s’intégraient pas parce qu’on ne les naturalisait pas. »

Le PS vent debout contre la proposition de Copé

Pour Jean-Marc Ayrault, la proposition de Jean-François Copé n’est pas républicaine. Quant à David Assouline, porte-parole du Parti socialiste, il l’a jugée « irresponsable. » « L’UMP vient une nouvelle fois de nous faire une grande trouvaille, une proposition du Front national depuis 25 ans », a-t-il déclaré à la presse au siège du PS. « C’est irresponsable de vouloir mettre au cœur du débat politique quelque chose qui a toujours fait consensus et qui est à la base de la législation sur la nationalité dans notre pays », a-t-il ajouté.

« Historiquement, l’abolition du droit du sol a constitué une des mesures phares du Front national, avec la fin de la double nationalité. Cette proposition apparaît d’ailleurs encore dans le programme de 2012 de Marine Le Pen », ont réagi Yann Galut et Alexis Bachelay, deux députés socialistes de la Gauche forte, dans un communiqué.

« Cette remise en cause du droit du sol (…) confirme que l’UMP épouse toujours un peu plus les thèses de l’extrême droite, qu’il contribue à banaliser et populariser à l’approche des échéances électorales », ajoutent-ils.

Le FN dénonce une manipulation

« Ces gens n’ont pas d’idées. Ils n’ont pas de convictions. Ils n’ont que des stratégies électoralistes et ils font ces propositions-là en sachant qu’ils ne les tiendront jamais, toujours quelques semaines avant des élections dont ils savent qu’elles seront difficiles », affirme Marine Le Pen. Et de dénoncer une « manipulation » pour « attirer des électeurs qui semblent de plus en plus les fuir. »

Pour le vice-président du Front national, Florian Philippot, « l’annonce de Jean-François Copé relative au droit du sol relève, comme d’habitude à l’UMP, de l’enfumage à visée électoraliste. » « Au pouvoir entre 2002 et 2012, l’UMP a eu dix ans pour réformer le droit du sol ou pour le supprimer », explique-t-il dans un communiqué. « Elle n’en a rien fait. Elle attend d’être dans l’opposition, et minoritaire, pour faire une timide proposition, ce qui démontre son manque flagrant de sincérité. »

Et d’ajouter : « Les Français ne jugent plus crédible l’UMP, qui a trop menti et trop trahi, et qui promet toujours de faire demain ce qu’elle n’a pas fait hier… Sous Nicolas Sarkozy, l’immigration avait explosé, les Français ne l’ont pas oublié. »

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