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Droit du sol: quand l’UMP calque son discours sur celui du FN

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Le président de l’UMP, Jean-François Copé, annonçait, mardi 22 octobre, à l’AFP, que le comité politique de son parti avait adopté « à l’unanimité » un « plan pour une nouvelle politique de l’immigration. » Une proposition de loi prévoyant la fin de l’acquisition automatique de la nationalité pour les enfants nés en France de parents étrangers sera, par ailleurs, présenté avant la fin de l’année. « Il ne s’agit pas de remettre en cause le droit du sol », a-t-il expliqué.

« Mais quand on est né en France de parents étrangers en situation irrégulière, on n’a pas vocation à y rester et il n’est pas possible d’obtenir la nationalité française. Les enfants nés de parents étrangers en situation régulière ne peuvent pas obtenir la nationalité française de manière automatique. Ils doivent en faire la demande. »

Qu’est-ce que le droit du sol exactement ?

Depuis le 1er septembre 1998, tout enfant né en France de parents étrangers acquiert la nationalité française à sa majorité si, à cette date, il a en France sa résidence et s’il a eu sa résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d’au moins cinq ans, depuis l’âge de onze ans. Par ailleurs, un titre d’identité républicain est délivré, par la préfecture de son lieu de résidence habituelle, à tout mineur né en France de parents étrangers titulaires d’un titre de séjour.

Un enfant né en France de deux parents étrangers n’a pas la nationalité française comme c’est le cas dans les pays d’immigration comme les États-Unis ou l’Australie. La simple naissance en France ne vaut attribution de la nationalité française que pour l’enfant né de parents inconnus ou apatrides, ou de parents étrangers qui ne lui transmettent pas leur nationalité.

Un des fondements du pacte républicain remis en question

La Constitution de 1791 précisait : « Sont Français les fils d’étrangers nés en France et qui vivent dans le royaume ». Jean-François Copé voudrait-il donc remettre en cause un des fondements du pacte républicain ? Selon lui, « la politique d’immigration actuelle est encore celle du XXe siècle, quand la France avait une immigration économique. » « Ce modèle ne fonctionne plus. Aujourd’hui, au XXIe siècle, on a une immigration répondant à des motifs sociaux », a-t-il estimé.

« Nous devons réécrire complètement la politique d’immigration en France », expliquait-il déjà, lundi 21 octobre, sur France Inter. Selon lui c’est l’unique solution pour contrer la montée du Front national. « Nous devons avoir un vrai contrôle aux frontières, nous avons fait Schengen, mais Schengen ne marche pas », a-t-il ajouté. « Est-il normal qu’un enfant né en France de parents venus en France irrégulièrement puisse devenir automatiquement français ? Ma réponse est non. » Le discours de l’UMP serait-il en train de se rapprocher idéologiquement du FN ou n’est-ce que de la communication ?

« Lepenisation » de l’UMP ?

L’abandon du droit du sol est demandé depuis de nombreuses années par le FN, mais ce n’est pas tout. Marine Le Pen expliquait, le 16 octobre dernier au Figaro, que la France présentait « la plaquette touristique la plus attractives des pays européens. » Dans son viseur : « les aides sociales », « les logements sociaux », « les logements d’urgence », « l’aide médicale d’Etat » et la « scolarisation obligatoire. » « Si ces clandestins ont la conviction que deux sur trois seront régularisés et que 100 % des deux seront naturalisés, alors ils viendront quoi qu’il arrive », ajoutait-elle.

Et étrangement, Jean-François Copé reprend presque mot pour mot le discours de la présidente du FN : « Il faut qu’on arrête d’êtres le pays parmi les plus attractifs d’Europe du point de vue social, pour l’immigration », a-t-il déclaré sur France Inter. Et de citer « l’aide médicale d’Etat », « les conditions de logement » suite à un « regroupement familial » ou encore le « logement social ».

Le FN hurle à « l’enfumage à visée électoraliste »

Même si Jean-François Copé s’en défend, tout porte à croire que l’UMP souhaite, en s’aventurant sur de tels sujets, attirer à lui les électeurs tentés par le FN. « Il est de nombreux domaines où le Front national copie des propositions de l’UMP », a-t-il même affirmé. Mais pour le vice-président du Front national, Florian Philippot, « l’annonce de Jean-François Copé relative au droit du sol relève, comme d’habitude à l’UMP, de l’enfumage à visée électoraliste. »

« Au pouvoir entre 2002 et 2012, l’UMP a eu dix ans pour réformer le droit du sol ou pour le supprimer », explique-t-il dans un communiqué. « Elle n’en a rien fait. Elle attend d’être dans l’opposition, et minoritaire, pour faire une timide proposition, ce qui démontre son manque flagrant de sincérité. » Et d’ajouter : « Les Français ne jugent plus crédible l’UMP, qui a trop menti et trop trahi, et qui promet toujours de faire demain ce qu’elle n’a pas fait hier… Sous Nicolas Sarkozy, l’immigration avait explosé, les Français ne l’ont pas oublié. »

L’UMP n’a-t-elle pas tiré suffisamment de conclusions de l’échec de Nicolas Sarkozy en 2012 ?

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