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Ecotaxe: Ayrault ajourne, le monde agricole savoure une victoire

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À la suite des propositions que le ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Stéphane Le Foll, le ministre délégué chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, Frédéric Cuvillier, et le ministre délégué chargé de l’Agroalimentaire, Guillaume Garot, avaient présentées au Premier ministre, une réunion avait été organisée ce mardi matin à Matignon en présence des élus bretons et de ces ministres.

À l’issue de cette réunion, Jean-Marc Ayrault a annoncé « la suspension de la mise en œuvre de l’écotaxe. » « La confrontation doit céder la place au dialogue », a déclaré le Premier ministre. « Le courage, ce n’est pas l’obstination. Le courage, c’est d’écouter et de comprendre, c’est de rechercher la solution et d’éviter l’engrenage de la violence. » Il a par ailleurs tenu à préciser que la suspension ne signifiait pas sa suppression : « L’écotaxe doit être corrigée, mais elle doit être mise œuvre, car elle est nécessaire. »

Et de conclure : « Chacun doit être conscient que sa responsabilité est d’accepter le dialogue pour que, tous ensemble, nous trouvions des solutions adaptées et justes. » Pour Damien Greffin, président de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) Ile-de-France, cette décision est une grande victoire.

JOL Press : Cette nouvelle est-elle une victoire ?

Damien Greffin : Évidemment puisqu’on s’apprêtait à passer à l’action jeudi. C’est d’autant plus satisfaisant que cette décision s’appliquera à tout le territoire. Pour une fois que ce gouvernement prend une bonne décision, il faut le saluer. Cette écotaxe était vraiment une mauvaise mesure dans le sens où elle allait impacter les petits : les fédérations nationales de transport avaient déjà décidé et obtenu du gouvernement de pouvoir répercuter ces hausses, mais les petits transporteurs, agriculteurs et producteurs, diffus sur tout le territoire, allaient être les premiers contributeurs. Cette taxe était vraiment inadéquate dans une période de crise importante pour beaucoup d’entre nous.

JOL Press : Pensez-vous que cette décision va calmer la colère du monde agricole ?

Damien Greffin : Nous sommes attaqués sur tous les sujets. Les médias font un focus sur la Bretagne, mais la problématique agricole est prégnante sur l’ensemble du territoire. Il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, l’écotaxe a été ajournée, mais demain, c’est la directive européenne qui prévoit de réduire la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole qui va être débattue, c’est la PAC qui va s’appliquer… Nous restons très vigilants parce que nous sommes, depuis un mois, au rythme d’une taxe par semaine, que ce soit directement à destination des agriculteurs ou plus généralement à destination des Français.

Le gouvernement doit prendre conscience qu’il y a de vraies difficultés dans notre pays. Nous devons déjà essayer de maintenir nos entreprises à flot avant d’envisager toute autre série de nouvelles taxes. Il faut vraiment marquer une pause.

JOL Press : Vous sentiez-vous solidaires de la Bretagne ces derniers jours ?

Damien Greffin : Nous sommes parfaitement solidaires de la Bretagne. Le problème des Bretons, c’est qu’on a emmené toute une région vers l’agroalimentaire et l’agriculture et qu’aujourd’hui on les lâche. Mais la problématique, chez nous, est la même. Un grand nombre d’actions ont été menées sur tout le territoire à cause de l’écotaxe et on n’aurait pas compris qu’une décision d’exonération ne s’applique qu’en Bretagne. Nous accueillons donc avec beaucoup de joie cette nouvelle qui donne le sentiment que le gouvernement nous entend, mais avec de la vigilance aussi, car il faut voir de quelle manière ce report va se faire et sur quel prochain dossier nous allons être attaqués.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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