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Ecotaxe: une idée de droite que peine à défendre la gauche

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L’écotaxe était inscrite dans la loi du 3 août 2009 mettant en œuvre les principes du Grenelle de l’environnement. « Une écotaxe sera prélevée sur les poids lourds à compter de 2011 à raison du coût d’usage du réseau routier national métropolitain non concédé et des voies des collectivités territoriales susceptibles de subir un report de trafic », était-il écrit dans le texte voté à une très large majorité, dont une part importante de socialistes.

« L’écotaxe est un concept qui a sept ans et qui était partagé par tout le monde, notamment pour financer les infrastructures fluviales, ferroviaires », expliquait la semaine dernière le président de l’UDI, Jean-Louis Borloo. Alors ministre de l’Environnement, il avait défendu cette taxe, mais déplore aujourd’hui les modalités qui l’entourent : « Il faut remettre l’ouvrage sur le métier et ouvrir une discussion avec les partenaires », a-t-il expliqué. Mais pour quelles raisons remettre à plat un projet qu’il a lui-même défendu ?

Ce qui a changé depuis 2009

Entre 2009 et aujourd’hui, la crise a considérablement changé les perspectives. Cette écotaxe qui avait pour objectif de réduire les impacts sur l’environnement du transport routier de marchandises, de rationaliser à terme le transport routier sur les courtes et moyennes distances, et de dégager des ressources pour financer de nouvelles infrastructures nécessaires à la mise en œuvre de la politique de transport durable, ne peut désormais plus être envisagée de la même manière.

Par ailleurs, cette taxe sera mise en application après une augmentation des prélèvements obligatoires de plus de « 60 milliards d’euros », a ajouté Jean-Louis Borloo. Ce nouvel impôt s’inscrit donc dans le « ras-le-bol » fiscal que mettait en lumière Pierre Moscovici, il y a quelques mois. Certains agriculteurs n’hésitant pas à parler de « racket ». Cette taxe ne pouvait-elle pas encore attendre ?

Une taxe pas si écologique que ça

« Avec cette nouvelle taxe, nos ministères semblent oublier qu’elle pénalisera aussi le transport de proximité, qui lui, ne peut se faire que par camion », a tenté d’expliquer la Chambre d’agriculture d’Ile-de-France dans un communiqué. « Le secteur agricole va être tout particulièrement touché. Les agriculteurs ne sont pas transporteurs et ne pourront répercuter cette nouvelle charge, sans impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs, subissant une distorsion de concurrence supplémentaire face aux produits importés. »

« Avant d’être vendu, le poulet breton est un poussin que l’on transporte au poulailler. Puis il est conduit à l’abattoir, avant de rejoindre un distributeur puis un point de vente. Il y aura autant de taxes versées que de déplacements. Le poulet brésilien arrivant à un port ne sera taxé qu’une seule fois », explique Thierry Merret, président de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles). Ne pas favoriser le transport de proximité, est-ce bien écologique ?

La gauche divisée

Si le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, assure avoir entendu la colère des agriculteurs bretons, le gouvernement semble bien décidé à aller jusqu’au bout de son projet. Un rabais de 50 % a été prévu pour la Bretagne, mais le ministre de l’Économie et des Finances refuse de céder sur sa date de mise en application : « Elle est prévue pour le 1er janvier », a ainsi réaffirmé dimanche 27 octobre, sur Europe 1, Pierre Moscovici.

De son, côté le député PS du Finistère, Jean-Jacques Urvoas, a réitéré ce même dimanche sa demande d’ajournement de l’écotaxe en Bretagne afin de pouvoir mesurer « avec précision son impact sur les entreprises bretonnes. » « Nous ne demandons pas la fin de l’écotaxe, mais son ajournement pour le cas breton, car personne n’est capable de dire avec précisions l’impact de l’écotaxe sur les entreprises bretonnes », a déclaré sur i>Télé le président de la commission des Lois de l’Assemblée nationale.

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