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Espagne : le pays sur le chemin de la reprise?

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Même si la dette s’accroit et le chômage se maintient à un niveau particulièrement élevé, des signes encourageants sont présents, notamment sur le front du marché obligataire. Le pays parvient en effet à se financer sur les marchés financiers dans des conditions favorables et semble désormais profiter de taux plus favorables qu’un pays comme l’Italie par exemple.

Une explosion de la dette publique particulièrement inquiétante

Fin 2011, l’Espagne aurait presque pu faire figure de bon élève de l’Europe en matière d’endettement public. A la fin de cette année-là, sa dette publique ne représentait « que » 68,5% de son produit intérieur brut (PIB). A titre de comparaison, la dette française atteignait 85,8% du PIB fin 2011.

Seulement voilà, depuis cette date, le niveau d’endettement de l’Espagne a littéralement explosé. La dette publique représentait 85,9% du PIB fin 2012, et devrait selon le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, atteindre les 94,2% fin 2013 (un chiffre nettement supérieur à la prévision initiale). Madrid table sur une poursuite de cette tendance pour 2014, et une dette frôlant les 100% du PIB, pour s’établir à 99,8%. Les intérêts de la dette pèseront sévèrement sur les finances publiques, puisqu’ils pourraient s’élever à plus de 36 milliards d’euros. 

Pour rappel, au moment de l’explosion de la bulle immobilière en 2008, la dette publique espagnole ne représentait « que » 40,2% du PIB.

La récession pourtant en ligne de mire ?

Quelques signes encourageants peuvent faire penser que l’Espagne est sur la bonne voie. Le déficit budgétaire, qui atteignait 6,84% du PIB en 2012 devrait être ramené à 6,5% cette année, puis 5,8% en 2014.

Le ministre du Budget, Cristóbal Montoro, a assuré, à l’occasion de la présentation du Budget 2014 devant le congrès, que 2013 serait « la dernière année de récession économique ». Le pays devrait renouer avec la croissance (entre 0,1% et 0,2%) au troisième trimestre, après deux années de récession. Sur l’année complète cependant, le PIB devrait accuser une contraction de 1,3%. Le gouvernement a par ailleurs fondé son budget sur une hypothèse de croissance de 0,7% en 2014, soit 0,2% de plus que le taux initialement envisagé.

Le secteur bancaire, qui s’était effondré en 2008 et avait mis en péril la stabilité financière du pays, semble retrouver une certaine stabilité. L’Espagne avait reçu en juin 2012 une aide de 100 milliards de l’Union européenne pour recapitaliser et restructurer son système bancaire. Elle avait « échappé » de peu à un plan de sauvetage global de son économie.

Une bonne nouvelle venue des marchés financiers

Les réformes entreprises par l’Espagne et les déclaration de la BCE sur son intention de jouer le rôle de prêteur en dernier ressort si nécessaire, ont permis de diminuer sensiblement la pression exercée par les marchés financiers.

Le coût moyen de la dette qui s’élevait à 3,90% en 2012, a été ramené à 3,77% sur le premier semestre de l’année. Le Trésor a par ailleurs annoncé avoir déjà trouvé les financements pour 83,3% de ses besoins.

L’Espagne parvient à emprunter sur les marchés financiers dans des conditions relativement bonnes. La prime de risque demandée par les investisseurs est par exemple désormais inférieure à celle de l’Italie. L’écart avec les taux allemands reste important mais s’est considérablement réduit. Les taux résistent bien aux soubresauts des marchés, notamment ceux liés aux annonces de la FED, la banque centrale américaine.

Selon le ministre de l’Economie, Luis de Guindos, ces conditions plus favorables sur le marché obligataire vont permettre à l’Espagne de réaliser une économie d’au moins 5 milliards d’euros sur son coût de financement.

Le chômage reste endémique

Le chef du gouvernement espagnol avait indiqué dans une interview accordé au Wall Street Journal : « l’Espagne est en train de sortir de la récession mais pas de la crise ». Le gouvernement a de bonnes raisons de rester prudent. Le taux de chômage de la quatrième économie de la zone euro se maintient à un niveau extrêmement élevé. Le gouvernement prévoit un taux de chômage de 26,6% fin 2013 puis une (très) légère amélioration en 2014, avec un taux de 25,9%.

L’austérité continue de frapper sévèrement les Espagnols, notamment les fonctionnaires et les retraités. Les jeunes sont toujours frappés par la crise, le taux de chômage des moins de 25 ans dépassant les 50%. 

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