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Et si les Diables rouges étaient les garants de l’unité de la Belgique?

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JOL Press : Pensez-vous que l’équipe des Diables rouges peut contribuer à préserver l’unité nationale de la Belgique ?  
 

Pascal Delwit : Il faut avoir une approche nuancée de la question. Il peut y avoir un engouement et un espoir sportif collectif qui peut modifier les perceptions, les représentations, mais c’est assez conjoncturel et rarement concomitant à un événement politique particulier. En 1998, lorsque l’équipe de France a gagné la Coupe du monde de Football contre le Brésil, on a vu les intentions de vote pour le Front national singulièrement diminuer, puis les choses se sont stabilisées… Ici, il y a certes un engouement pour la qualification des Diables rouges, mais de là à dire que cela aura un impact sur les élections…

JOL Press : La prochaine Coupe du monde de football débutera le 12 juin 2014, soit deux semaines après les élections législatives belges. Le football pourrait-il influer sur les prochaines élections ?
 

Pascal Delwit : L’impact majeur pourra être un impact d’agenda plutôt défavorable au parti indépendantiste N-VA, qui va devoir trouver un discours par rapport à cette actualité. Nous avons bien vu que le parti était en difficulté ces deux dernières semaines. Ils n’ont pas encore trouvé de discours cohérent face à la qualification des Diables rouges. Bien sûr, la question de l’agenda est très importante dans une élection, je ne crois pas que cela va favoriser tel ou tel parti politique belge, mais cela va incontestablement mettre des bâtons dans les roues dans la campagne de la N-VA. 

JOL Press : Peut-il y avoir des retombées positives de l’amélioration de la situation en Belgique sur la construction européenne ?
 

Pascal Delwit : Les forces centrifuges qui existent en Belgique inquiètent un certain nombre d’élites européennes. Nous sommes aujourd’hui dans une dynamique centripète, qui va rassurer les chefs d’Etat et de gouvernements, mais de là à affirmer que cela aura un impact positif sur l’Union européenne, je préfère rester prudent…  D’autres questions seront au cœur de l’actualité comme le référendum en Ecosse, ainsi que la situation en Catalogne. 

JOL Press : Aujourd’hui qu’est-ce qui fait l’unité de la Belgique ?
 

Pascal Delwit : L’un des principaux socles qui fait l’unité nationale, c’est la sécurité sociale. Dans beaucoup de secteurs, les Belges bénéficient d’un système de sécurité sociale encore très performant. C’est un lien assez fort. Et puis, il y a des choses plus symboliques comme le sport.

JOL Press : Inversement, quels sont les problèmes qui divisent le pays ? 
 

Pascal Delwit : Je dirais qu’il y a deux mondes culturels. Les espaces de rencontre entre les communautés sont devenus minimes, à la fois pour les élites politiques, économiques, mais aussi pour les enseignants, les étudiants, les citoyens en général. Ce ne sont pas des sociétés antagonistes, mais ce sont deux sociétés qui se connaissent de moins en moins bien, qui savent de moins en moins comment l’autre réfléchit ou comment il vit un événement. Pour moi, c’est cela le principal problème en Belgique : l’indifférence de deux sociétés l’une envers l’autre.

JOL Press : L’équipe de foot représente-t-elle la diversité culturelle de la Belgique ?
 

Pascal Delwit : Oui, à plusieurs points de vue. Il y a des joueurs francophones et néerlandophones, mais aussi des joueurs de la deuxième ou troisième génération d’origines magrébine ou congolaise. C’est une bonne diversité. Et puis il ne faut pas oublier que cela faisait très longtemps que la Belgique ne s’était pas qualifiée pour un grand événement, qu’il s’agisse de la Coupe du monde de football ou du championnat d’Europe de football. Cela explique ce soulagement et l’euphorie dans laquelle nous vivions depuis la qualification de la Belgique pour le Brésil. Le football a un pouvoir fédérateur qui nous permet de faire la fête ensemble. D’autant plus que cela intervient dans ce contexte de fragilité institutionnelle et économique.

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