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Etats-Unis : la crise budgétaire coûtera 24 milliards de dollars

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Il y a fort à parier que les deux grands partis américains retiendront la leçon et se montreront plus raisonnables lors des prochaines négociations, après les 24 milliards de dollars de coût de cette crise budgétaire. 

Après deux semaines de bataille politique, accord in extremis au Congrès

Le shutdown qui paralysait l’Etat américain depuis plus de deux semaines va pouvoir prendre fin et les fonctionnaires mis au chômage technique vont reprendre le chemin du travail. Un accord a en effet enfin pu être trouvé au Sénat hier sur la réouverture des agences fédérales touchées ainsi que sur le relèvement du plafond de la dette.

Le texte a d’abord été adopté au Sénat puis à la Chambre des représentants, par 285 voix contre 144. Au sein de la chambre basse du Congrès américain, les démocrates ont pu compter sur l’appui d’environ un tiers des républicains.

Le texte a ensuite été promulgué par le Barack Obama, mettant ainsi fin à la menace de défaut de paiement qui pesait sur les Etats-Unis si le plafond de la dette avait été dépassé. Le pays se serait retrouvé dans l’incapacité d’emprunter sur les marchés financiers et n’aurait pu compter que sur sa trésorerie et ses recettes pour honorer ses engagements financiers.

Aucune concession sur la réforme du système de santé, « Obamacare », la mesure symbolique du premier mandat de Barack Obama, n’a été consentie par les démocrates. Le chef des républicains à la Chambre des représentants, John Boehne, a admis la défaite de son camp : « Nous n’avons pas gagné », a-t-il dit.

Dès ce jeudi, les fonctionnaires obligés de ne plus travailler vont reprendre le travail et recevoir le paiement des deux dernières semaines.

Bis repetita en janvier 2014 ? 

La menace n’est pas écartée définitivement pour autant. L’accord au Congrès ne fournit au pays qu’un répit temporaire.

Le plafond de la dette, de 16 700 milliards actuellement, n’a été relevé que jusqu’au 7 février, alors que la fin de la paralysie de l’Etat n’est assurée que jusqu’au 15 janvier.

La fin du shutdown, qui paralysait partiellement le pays depuis le 1er octobre, n’est donc que temporaire et il n’est pas impossible de voir l’épisode se répéter en janvier 2014.  

Le parti républicain, qui s’est montré particulièrement fermé lors des négociations, devrait tout de même adopter une attitude différente la prochaine fois, tant son image a été écornée ces dernières semaines.  

La réponse viendra rapidement puisqu’une commission sera convoquée d’ici le 13 décembre pour définir le budget pour le reste de l’année 2014. 

Un coût de 24 milliards de dollars

Selon l’agence de notation Standard & Poor’s, le shutdown aux Etats-Unis coûtera aux Etats-Unis 0,6 point de croissance au quatrième trimestre, soit 24 milliards de dollars. Dans un communiqué, l’agence précise : « En septembre, nous espérions une croissance en rythme annualisé de 3 % pour le quatrième trimestre parce que nous pensions que les hommes politiques avaient appris leurs leçons depuis 2011. »

L’agence Moody’s arrive à des conclusions relativement proches, avec un coût pour la croissance au quatrième trimestre de 0,5 point de pourcentage. Elle précise, de plus, que l’accord a permis d’éviter ce qui aurait pu être une véritable « catastrophe » pour les Etats-Unis et l’économie mondiale.

In fine, même si le coût de la crise budgétaire est conséquent, il est sans commune mesure avec ce qu’il aurait été en cas de défaut de paiement. Rien d’insurmontable pour le pays, en effet, malgré le fait que la croissance au quatrième trimestre sera naturellement pénalisée. La hausse des taux d’intérêt des bons du Trésor à court terme engendrera également un coût supplémentaire pour le pays.

Au-delà du coût direct, d’autres conséquences sont à noter. Le statut du pays dans l’économie mondiale pourrait être fragilisé du fait des incertitudes politiques qui demeurent. Pour retrouver la confiance des investisseurs et des autres nations, il faudra un changement en profondeur, comme l’a indiqué Christine Lagarde, qui a précisé qu’il était « essentiel de réduire l’incertitude entourant la conduite de la politique budgétaire en relevant le plafond de la dette d’une manière plus durable. »

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