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«Faites-le»: le guide de comportement de Marek Halter

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JOL Press : Ce  « Faites-le »,  à qui l’adressez-vous ?
 

Marek Halter : A vous, à tout le monde. Nous vivons dans un monde où il y a de moins en moins d’initiatives. Nous croyons de moins en moins en nous-mêmes. Nous attendons une aide : de l’Etat, de la famille, de Dieu. Je pense que l’on ne sait pas où on va parce que l’on ne sait d’où on vient. Mon livre est un peu une incitation à l’action. On peut se tromper, bien sûr, quand on fait, il n’y a aucune garantie, mais si vous ne vous mettez pas sur la route, vous n’y arriverez jamais, c’est normal !  Quand on se met sur la route, nous dit Confucius, grand penseur chinois, il y aura toujours quelqu’un pour vous accompagner. C’est tout à fait ça. Pour inciter les gens à marcher, à faire, je donne des exemples, tirés de ma vie, mais pas seulement.

JOL Press : Depuis quand, selon vous, a-t-on cessé de faire ?
 

Marek Halte: Il y a deux raisons à cela. Pour faire, il faut croire. Il y a la foi religieuse bien sûr. Pour nos parents, grands-parents, arrière-grands-parents, il y avait la foi laïque : communisme, socialisme, conservatisme, libéralisme, et même le fascisme…Tous ces « –isme » ont échoué. Nous sommes aujourd’hui dans un creux. L’homme inventera quelque chose, mais il faut du temps. Pour l’instant, il n’y a pas cette perspective, ce que Jacques Prévert appelait « ce soleil rouge à l’horizon qui nous attirait. » L’horizon est vide.

Et puis, c’est peut-être de la faute de nos sociétés occidentales… Après la guerre, nous avons vécu des années d’insouciance où nous étions pris en charge par les Etats qui avaient mauvaise conscience. Aujourd’hui, nous sommes en crise, et c’est terminé.

JOL Press : Vous voyagez beaucoup,  d’après-vous cette crise d’initiative dépasse-t-elle l’Occident ?
 

Marek Halter : En Afrique, il y a beaucoup d’initiatives. Nous n’en parlons pas assez parce que  nous montrons seulement les images des enfants squelettiques, le ventre gonflé par la faim. En Russie, en Asie centrale, en Amérique latine, il y a aussi de nombreuses initiatives qui voient le jour. Il y a une crise économique globale : la mondialisation, c’est ça. C’est ce que Karl Marx a prévu : un jour, on découvrira que le monde est un. La crise morale est en revanche plutôt occidentale. 

JOL Press : Le problème vient-il  de nos sociétés qui nous disent trop ce qu’on doit faire ?  
 

Marek Halter : Cela toujours été comme ça, sauf qu’avant, on résistait. Aujourd’hui, cette résistance n’existe pas. Les gens se plaignent : ils vont voir un psychanalyste ou un curé. Les gens s’indignent aussi. Le livre de Stéphane Hessel « Indignez-vous »a été un best-seller mondial. Son ouvrage a eu beaucoup de succès car il a permis aux gens de faire quelque chose sans faire un grand effort. En s’indignant, vous devenez meilleur à vos propres yeux. Mais après cela, plus rien. Moi, ce que je demande, c’est bien sûr de s’indigner, mais aussi d’agir après.

JOL Press : Vous parlez d’un creux dans lequel nous nous trouverions. Que faut-il faire pour en sortir ?
 

Marek Halter : Il nous faut une pensée. Je le reconnais dans mon livre : je suis incapable de la donner. « Faites-le » est un guide de comportement, et non pas d’idéologie. Il faut donner aux gens un espoir crédible. Je pense que nous allons voir apparaître cet homme, ou ces hommes qui viendront nous proposer quelque chose. Il faut que l’on trouve quelque chose rapidement : la crise est là et va continuer sinon. Non seulement que les lendemains qui chantent ne sont pas là, mais on peut prévoir des lendemains qui déchantent. Dans mon livre, je raconte que je croise dans le TGV Jean-Luc Mélenchon qui m’a dit qu’il était temps de faire la révolution. Je lui ai répondu aussitôt « Fais-la. Tu commences à construire la première barricade et je serai là. »

>> Plus d’informations sur le site du Mur pour la paix

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