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Filles-mères: elles sont 7,3 millions à accoucher chaque année

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L’ONU s’inquiète du nombre élevé de filles-mères dans le monde : chaque année, 7,3 millions de mineures accouchent selon le rapport sur l’état de la population mondiale 2013 publié mercredi par l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la population.

Les pays en développement sont les plus touchés

Chaque jour, ce sont donc 20 000 jeunes filles qui mettent au monde un enfant. 95 % des filles-mères se trouvent dans les pays en développement où le problème touche une mineure sur cinq. Dans certains cas, comme au Niger, c’est 51 % des filles de moins de 18 ans qui tombent enceintes.

Parmi les 7,3 millions de filles qui accouchent chaque année, 2 millions sont âgées de 14 ans ou moins, notamment au Bengladesh, en Guinée, au Mali, au Mozambique, au Niger ou au Tchad, où une fille sur dix a un enfant avant l’âge de 15 ans. Le faible niveau d’éducation et le mariage des enfants sont les principaux facteurs de ces grossesses précoces.

Conséquences sociales et complications

Ce sont également ces très jeunes mères qui sont les principales victimes des conséquences sociales et médicales de ces grossesses précoces. Les jeunes filles de 14 ans et moins sont en effet deux fois plus exposées au risque de fistule obstétricale et de mortalité maternelle.

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Ainsi, chaque année, 70 000 adolescentes meurent des suites de complications de la grossesse et de l’accouchement et 3,2 millions d’adolescentes subissent des avortements dangereux.

« Quand une adolescente tombe enceinte, sa vie présente et son avenir changent radicalement, et rarement pour le mieux : elle peut se voir contrainte de mettre fin à ses études ; ses perspectives d’emploi s’évanouissent et sa vulnérabilité à la pauvreté, à l’exclusion et à la dépendance se multiplient », peut-on également lire dans le rapport.

Culpabilité

« Trop souvent la société rejette tout le blâme de la grossesse sur l’adolescente », note le Dr Babatunde Osotimehin, directeur exécutif de l’UNFPA, « alors que dans la plupart des cas, la réalité est que cette grossesse n’est pas le résultat d’un choix délibéré mais au contraire d’une absence de choix et de circonstances indépendantes de sa volonté. C’est une conséquence d’un manque ou d’une absence totale d’accès à l’éducation, à l’emploi, aux informations et aux soins de santé de qualité », explique-t-il.

« La réalité est que les gens vous jugent très vite. Les gens sont comme ça. Quand on pense qu’après tous vos efforts, […] tout ce que vous avez fait et subi pour surmonter ces obstacles, pour vous améliorer, […] les gens ne vous pardonnent pas car ils se souviennent : elle a eu un bébé à l’âge de 15 ans », raconte Tonette, une Jamaïcaine de 31 ans, enceinte à 15 ans.

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Une perte pour l’économie nationale

Les mères-filles et leur bébé ne sont pas les seuls à souffrir des conséquences d’une grossesse précoce, rappelle le rapport. Les communautés entières et l’économie de la nation en souffrent aussi.

Par exemple, si les 220 000 adolescentes-mères du Kenya avaient été employées au lieu d’avoir accouché, le revenu brut du pays aurait pu augmenter de 3,4 milliards de dollars par an, soit le revenu de tout le secteur du bâtiment.

Si les adolescentes du Brésil et de l’Inde avaient pu attendre d’avoir atteint la vingtaine pour avoir des enfants, la productivité accrue de ces deux pays aurait ajouté respectivement plus de 3,5 milliards de dollars et de 7,7 milliards de dollars à l’économie nationale.

Un défi aussi pour les pays développés

Si le rapport conclut que la grossesse des adolescentes est un défi beaucoup plus important dans les pays en développement que dans les pays développés, la question reste problématique aussi pour ces derniers. Aux États-Unis par exemple, seule 50 % des filles qui tombent enceintes à l’adolescence arrêtent leurs études secondaires avant leurs 22 ans, contrairement à 90 % des filles qui ne tombent pas enceintes.

Malgré la nécessité de prévenir la grossesse chez les jeunes filles mineures, le rapport constate enfin que la communauté mondiale attribue moins de 2 % de l’aide au développement international aux adolescentes. « Ce fait est particulièrement préoccupant lorsque l’on sait que la population adolescente actuelle est la plus nombreuse de l’histoire de l’humanité », déplore le rapport.

« Nous devons réfléchir aux changements à apporter aux politiques et aux normes appliquées par les familles, les communautés et les gouvernements », a déclaré le Dr Osotimehin. « Nous recommandons que chaque fille soit en mesure de choisir le sens de sa vie, son avenir propre et d’atteindre son plein potentiel », ajoute-t-il.

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