Site icon La Revue Internationale

G8 des cardinaux, comptes du Vatican: le pape veut réformer l’Église

[image:1,l]

Choisis en avril dernier, un mois après l’élection du pape, les huit cardinaux provenant des quatre coins du monde ont été institués le 28 septembre en « Conseil de Cardinaux » – aussitôt surnommé le « G8 » du pape.

Ils devront aider ce dernier dans le gouvernement de l’Église universelle, étudier un projet de révision de la Curie romaine et aborder diverses questions, notamment éthiques.

Huit cardinaux, huit nationalités

Le groupe, qui a tenu sa première réunion à huis clos dans la bibliothèque privée du Palais apostolique mardi, rassemble des cardinaux du Honduras (le cardinal Maradiaga a coordonné la première réunion), d’Italie, du Chili, d’Inde, d’Allemagne, de République démocratique du Congo, des États-Unis et d’Australie.

« Parmi les suggestions émises au cours des Congrégations générales des Cardinaux ayant précédé le Conclave figurait le désir d’instituer un groupe restreint de membres de l’épiscopat, provenant de différentes partie du monde, que le Saint-Père puisse consulter individuellement ou collectivement sur des questions particulières », a écrit le Pape François dans un document publié par le Vatican lundi 30 septembre.

« Une fois élu au siège romain, j’ai eu l’occasion de réfléchir plusieurs fois sur cette question, et j’ai pensé qu’une telle initiative pourrait être d’une grande aide pour exercer le ministère pastoral du successeur de Pierre que mes frères cardinaux ont voulu me confier », a-t-il ajouté.

Prendre en compte les différences

Avant la réunion à huis clos, les cardinaux avaient déjà commencé leurs consultations et remis 80 documents concernant des suggestions de réformes de l’Église. « Il n’est pas prévu de rencontres avec des personnes extérieures au groupe », a précisé le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, ajoutant que les huit cardinaux devront avant tout faire preuve de « discrétion ».

Le « G8 du pape » aura notamment pour mission d’« individualiser des priorités » dans les thèmes abordés concernant la réforme de l’Église. « Nous ne nous attendons pas non plus dans ces trois jours à des conclusions, des publications de documents, des décisions éclatantes d’aucune sorte », a souligné Federico Lombardi.

« Le pape François veut gouverner d’une manière qui lui est suggérée par l’Église universelle. Un gouvernement moins romain, qui prenne en compte les expériences des différents continents, un rééquilibrage dans la méthode de la consultation ». L’initiative avait déjà été évoquée avant même l’élection du pape en mars dernier par les cardinaux, lors des Congrégations générales.

Rendre les structures de l’Église plus légères

« La nouveauté de ce conseil, c’est que le pape en a fait un conseil permanent », explique à JOL Press Marie Malzac, journaliste basée au Vatican. « C’est-à-dire que le pape pourra le consulter dès qu’il y aura une nécessité. Il s’agit d’un organe consultatif, et non décisionnel ».

Le Conseil, qui s’attaquera surtout à la réforme de la Curie, aura pour but de « rendre les structures plus légères », précise-t-elle.

Changement d’attitude et d’organisation au sein de l’Église et, dans une moindre mesure, débats de fond sur des questions comme la nullité des mariages et la place des divorcés remariés – des thèmes abordés cet été au retour des Journées mondiales de la jeunesse à Rio – mais aussi sur la place des femmes, en élaborant notamment « une théologie approfondie du féminin » : autant de sujets qui seront évoqués pendant ces réunions du « G8 ».

La « banque du pape » publie ses comptes

En matière organisationnelle, le pape a d’ores et déjà créé plusieurs commissions d’experts dédiées notamment à l’aspect économique et financier du Vatican. L’Institut pour les œuvres de religion (IOR) a d’ailleurs publié mardi 1er octobre un premier rapport annuel, sur l’année 2012, des comptes de la « Banque du pape ».

Si ce rapport est une nouveauté, le mouvement de réforme de l’IOR avait cependant déjà été amorcé par le prédécesseur du pape François, Benoît XVI, qui souhaitait placer la « Banque du Vatican » sur les standards et les critères internationaux. « Avec François, le Vatican accélère le mouvement, à cause des récents scandales », explique Marie Malzac. « C’est un mouvement vers plus de transparence qui existe depuis plusieurs années ».

L’IOR aurait ainsi décidé de fermer près de 900 comptes, dont ceux détenus par les ambassades d’Iran, d’Irak et d’Indonésie, selon le quotidien italien Corriere della Sera. Les comptes sont soupçonnés de blanchiment d’argent voire de financement du terrorisme.

Quitter la version mobile