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Grèce: sortie de récession en 2014?

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Après six années de récession, deux plans d’aide pour sauver l’économie, l’application d’une cure d’austérité sans précédent, le pays renouera peut-être enfin avec la croissance en 2014.

Retour de la croissance en 2014 ?

L’avant-projet de budget grec déposé lundi s’appuie sur des hypothèses relativement optimistes pour 2014. D’après le texte, la croissance devrait atteindre 0,6 % du PIB l’an prochain. Ce rebond de la croissance serait tiré par un investissement des entreprises de nouveau à un niveau élevé et des exportations en hausse.

Les dirigeants du pays font preuve d’un certain optimisme, à l’instar du premier ministre Antonis Samaras, qui avait déclaré il y a quelques semaines que « 2014 serait l’année de la relance. » Pour rappel, le PIB avait reculé de 6,4 % en 2012 et devrait accuser une contraction de 4,3 % en 2013. 

Lors de la présentation des prévisions budgétaires 2014, le vice-ministre des Finances, Christos Staïkouras, a confirmé les perspectives positives de l’économie grecque : « Les sacrifices du peuple grec, après une période douloureuse, portent leurs fruits, nous avons les premiers indices de sortie de la crise en 2014. »

D’autres indicateurs encourageants malgré une dette qui se maintient à un niveau inquiétant

Le gouvernement table sur un excédent budgétaire primaire (modeste) pour cette année, 340 millions d’euros, puis plus conséquent en 2014, représentant 1,6 % du PIB.

Cependant, une fois la charge de la dette ajoutée, la donne est évidemment bien différente. Le pays devrait connaître l’an prochain un déficit budgétaire global (donc service de la dette inclus) de 2,4 % du PIB. La dette devrait pour sa part se maintenir en 2014 à un niveau extrêmement inquiétant, à savoir 175,5 % du produit intérieur brut, soit 319,4 milliards d’euros, contre 321 milliards en 2013.

Christos Staïkouras a, malgré cela, mis l’accent sur le caractère positif de l’évolution de la dette en indiquant : « Pour la première fois, il est prévu que la dette, en valeur absolue, soit en baisse. Cela est dû surtout à l’excédent budgétaire et à la réduction des dépenses.» Le retour rapide à un budget global en excédent est véritablement indispensable pour le pays, afin de pouvoir négocier avec ses créanciers un allègement de sa dette.

Sur le front de l’emploi, une légère embellie est également attendue, avec un chômage qui devrait baisser par rapport en 2013, en passant de 27 % de la population active à 26 %.

Rappelons également que le pays est depuis 2010 sous l’assistance financière de la Troïka (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Commission européenne). Les deux plans d’aide avaient été conditionnés à l’application d’une cure d’austérité draconienne.

Difficile de croire à ces chiffres pour la Troïka

Pour la Troïka et les experts internationaux, ces chiffres ne traduisent pas la réalité du pays. Les recettes envisagées, évaluées à près de 55 milliards d’euros, seraient surestimées par Athènes. In fine, il manquerait deux à trois milliards d’euros pour boucler ce budget. Pour les trouver, le pays pourrait appliquer de nouvelles mesures d’austérité, négocier une réduction de sa dette… ou avoir besoin d’un nouveau plan d’aide.

Le financier et milliardaire George Soros, rendu célèbre par ses activités de spéculation sur les devises, s’était, ces dernières semaines, montré très pessimiste quant à la capacité du pays à rembourser ses créanciers et évoquait la nécessité de procéder à une restructuration de la dette publique grecque.

Ces doutes sont évidemment naturels dans le mesure où les spécialistes internationaux ne semblent pas en accord avec les prévisions du gouvernement. Standard & Poors anticipe une sortie de récession de la Grèce plutôt pour 2015, alors que Morgan Stanley indiquait en septembre qu’il était difficile de dire si le pays allait retrouver la croissance « dans les prochains trimestres. »

Si le gouvernement affirme pouvoir tenir seul, un troisième plan d’aide semble pourtant bien se profiler. Pour que la situation du pays s’améliore dans les prochaines années il faudrait certainement le retour d’une croissance plus vigoureuse, ce que le poids de la dette rend presque inenvisageable pour l’instant. 

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