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Indignation à gauche après l’expulsion de Leonarda

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Les circonstances dans lesquelles la jeune Kosovare Leonarda a été remise à la police – interpellée alors qu’elle était en sortie scolaire –  font polémique.

Des scénarios différents

La version des faits de l’enseignante, rendue publique sur le blog du Réseau éducation sans frontières (RESF) hébergé par Médiapart, est en contradiction avec celles avancées par le ministère de l’Intérieur et la Préfecture. Selon l’enseignante de la jeune fille, c’est le maire de Levier qui a demandé aux professeurs d’arrêter immédiatement le bus scolaire. « Je lui ai dit qu’il ne pouvait pas me demander une telle chose car je trouvais ça totalement inhumain », a-t-elle raconté. Le véhicule se serait finalement arrêté sur un parking d’un autre établissement scolaire, et des policiers seraient venus chercher la jeune fille, hors de vue de ses camarades.

La Préfecture assure toutefois que la mère faisait partie intégrante de la boucle : elle aurait elle-même demandé à rentrer au Kosovo pour rejoindre son mari, expulsé la veille. La police serait alors partie chercher l’adolescente à l’école, étant la seule enfant qui manquait à l’appel au domicile, pour prendre un avion prévu à 13 heures à Lyon.

Mardi soir, le ministre de l’Intérieur a également donné sa version des faits et a affirmé avoir appliqué « avec fermeté les décisions d’éloignement tout en veillant scrupuleusement au respect des droits des étrangers qui font l’objet d’une mesure d’éloignement.»

Indignation de la gauche

L’arrestation et l’expulsion de la collégienne kosovare de 15 ans, Leonarda, le 9 octobre, au cours d’une sortie scolaire, provoque moult remous à gauche. A commencer au Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, qui a fustigé, dans un communiqué, mardi, la « politique inhumaine » du ministre de l’Intérieur. « Manuel Valls a beau jeu de décréter que les Roms ne veulent pas s’intégrer, alors même qu’il les pourchasse dans les écoles. » Il a également appelé à sa démission. Jean-Luc Mélenchon a aussi appelé à rendre Manuel Valls au Front national sur Twitter.

Le porte-parole du Parti socialiste, David Assouline, a demandé que les circonstances et les responsabilités soient « clairement établies », en jugeant « choquantes » les conditions d’interpellation. Emu, il a ajouté : « Faire descendre d’un bus par les forces de l’ordre une élève devant l’ensemble de ses camarades de classe est insupportable et inacceptable. » Le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone a également vivement réagi, ce mercredi matin sur son  compte Twitter  « Il y a des valeurs avec lesquelles la gauche ne saurait transiger. Sous peine de perdre son âme. » A l’issue du Conseil des ministres, ce mercredi, Vincent Peillon a réclamé « qu’on sanctuarise l’école » pour que « cette situation ne se renouvelle pas. »

« Perso, je ne me vois pas rester à la direction du PS si rien n’est fait pour Leonarda, j’en tirerai les conséquences », a prévenu l’élu  d’Aquitaine, Stéphane Delpeyrat, sur Twitter. Le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) est même allé encore plus loin en demandant « la régularisation » de Leonarda et de sa famille, et en prenant directement à parti Manuel Valls, « leur bête noire », dans un communiqué : « Nous prions le ministre de l’Intérieur d’apporter des explications à cette affaire. (…) De tels actes seraient un révélateur du manque de changement en termes de politique migratoire depuis la triste période Hortefeux-Guéant-Besson-Sarkozy. 

Le ministre de l’Intérieur, après avoir discuté avec le Premier ministre, a lancé une enquête administrative sur « les conditions d’éloignement » de Leonarda « afin de vérifier que l’ensemble des règles ont été respectées », ont précisé les services de Matignon.

Une droite plutôt discrète

A l’exception surprise de Laurence Parisot, ancienne patronne du Medef, qui s’est fendu d’un tweet pour dénoncer la situation, la droite reste plutôt discrète sur cette affaire. Invité de RMC et de BFMTV ce mercredi matin, le président de l’UDI, Jean-Louis Borloo a expliqué comprendre le préfet et a insisté sur la nécessité de respecter la loi : « L’expulsion a été faite de façon légale. Je ne suis pas sûr que ce soit un exemple d’expulsion mais la loi est la loi, il faut bien que le préfet et les policiers appliquent la loi. C’est toujours un drame. Je comprends que des gens soient bouleversés mais il faut que la loi soit respectée. »

Jeune collégienne kosovare expulsée « de manière… par BFMTV

L’UMP a préféré garder ses distances avec cette affaire. Il est très difficile de trouver des personnalités remettant en cause cette expulsion. Ils préfèrent plutôt viser Manuel Valls, et l’accusent d’opérer un vaste coup de communication. La secrétaire adjointe de l’UMP, Camille Bedin, considère que le gouvernement préférera « sacrifier » le préfet du Doubs, plutôt que d’interroger le cas Valls

« Ne voyez-vous pas que c’est un show orchestré par Monsieur Valls », a dénoncé Marion Maréchal-Le Pen sur RTL mercredi matin. « Parce qu’il faut donner des cautions, le sentiment de l’autorité, qu’il y a des mesures prises contre l’immigration. » « Mais c’est dérisoire par rapport au flot d’immigration qui continue d’arriver », a-t-elle argumenté. Même discours chez le vice-président Florian Philippot qui critique une « polémique artificielle qui a pour seul objectif de faire passer Manuel Valls pour un dur. »

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