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Inventaire de Sarkozy: et si l’UMP se tournait plutôt vers l’avenir?

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JOL Press : Ce jeudi, l’UMP organise, rue de Vaugirard, la convention inventaire du quinquennat de Nicolas Sarkozy, annoncée au mois d’août par Jean-François Copé. Qu’en pensez-vous ?

Alain Carignon : Il n’y a pas de tabou, on peut discuter de tout, à propos de tout. Il n’est pas un sujet qui ne mérite d’être ignoré et confronté à différentes opinions. Notons, au passage, que celui qui s’informe le plus sur la situation du pays aujourd’hui, c’est Nicolas Sarkozy, parce que cette situation le préoccupe et parce qu’il connaît parfaitement les difficultés des Français. Ce qui est intéressant à analyser, pour l’UMP, c’est cette situation, mais aussi et surtout le projet pour demain.

JOL Press : Très peu d’anciens ministres seront présents. Comment l’expliquer ?

Alain Carignon : En réalité, ce qui est pertinant pour tout le monde aujourd’hui, compte tenu de la situation de la France et des Français et de leurs difficultés, c’est l’analyse de ce qui intéresse les Français. Les anciens ministres préfèrent travailler à améliorer la situation plutôt que de regarder en arrière. Que la question de l’inventaire, qui a été abordée très tôt, ne soit plus autant d’actualité réjouit tout le monde, et Jean-François Copé en premier. Très vite cette question posée par quelques-uns sera derrière nous. Je crois que la priorité des élus de l’opposition n’est pas de faire le bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

Prenons l’exemple de l’immigration : la circulaire de Manuel Valls, de novembre, permet de régulariser 40 000 clandestins de plus chaque année, les naturalisations ont augmenté de 14 % – au  lieu de faire de la naturalisation l’aboutissement d’un parcours d’assimilation, les socialistes en font un point de départ – l’immigration familiale, que nous avions restreinte, repart aussi à la hausse et les reconductions à la frontière ont baissé de 40 %, selon la police des frontières. Sur cet unique exemple, on voit bien les vannes que les socialistes ont ouvertes.

Mais nous avons vu aussi récemment les chiffres sur l’insécurité qui sont absolument effrayants, mais aussi les mesures de Christiane Taubira, en matière de justice. Toutes ces questions préoccupent les Français et demandent des réponses appropriées. Dans ce contexte, je ne vois pas bien ce que pourrait apporter une introspection sur les années passées.

JOL Press : L’UMP ne semble pas se remettre de la défaite de Nicolas Sarkozy. Comment l’expliquer ?

Alain Carignon : L’UMP est malgré tout présente au second tour à toutes les élections partielles, ce qui n’est pas le cas du Parti socialiste. Je pense que chaque semaine, elle gagne en crédibilité et en combativité, car chaque semaine, elle se rapproche d’une échéance électorale capitale que sont les élections municipales. En mars, les Français vont pouvoir exprimer leur ras-le-bol fiscal ou leur ras-le-bol face au laxisme, en matière de sécurité. Plus on s’approche de cette échéance et plus l’UMP doit être unie et rassemblée pour gagner.

JOL Press : Va-t-on parler du Front national pendant cette convention ?

Alain Carignon : Je ne pense pas que cette question sera abordée. Nous avons à être nous-mêmes, forts sur nos valeurs, déterminés sur nos convictions. Nous avons à parler à tous les électeurs, d’où qu’ils viennent, de façon à les convaincre que nous avons des solutions.

JOL Press : Que pense Nicolas Sarkozy de cet inventaire ?

Alain Carignon : Nicolas Sarkozy est tout-à-fait à l’écart de ce type de sujet, il est au-dessus de tout cela. Il est à l’écoute des Français mais, comme il l’a dit le soir de l’élection de François Hollande, il est redevenu un Français comme les autres et il se comporte comme tel. Il est certain qu’une grande partie de l’électorat de l’opposition souhaite son retour, ses amis également estiment qu’il est le meilleur en termes de capacité à affronter les enjeux auxquels la France a à faire face, mais ce n’est pas pour autant qu’il se mêle de la vie politique. 

JOL Press : Quelles erreurs auraient pu être évitées ? Patrick Devedjian, par exemple, considère que l’ouverture a été une erreur.

Alain Carignon : Pour ma part, l’introspection ne m’intéresse absolument pas. On ne peut pas juger les décisions passées sorties de leur contexte. Par ailleurs, le mot « erreur », je le récuse, ce qui est intéressant, c’est de savoir ce que l’on aura à proposer en 2017 et avant. Nous avons un besoin énorme de réformes et il faut y réfléchir.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Alain Carignon conquiert en 1983, à 34 ans, la Mairie de Grenoble au PS, puis en 1985 la présidence du conseil général de l’Isère à Louis Mermaz (PS) . Il demeurera à la tête du département jusqu’en 1997. Il est successivement élu au Parlement européen (1984), député de l’Isère en 1986, 1988 et 1993. Ministre de l’Environnement de Jacques Chirac (1986/88), il est aussi le ministre de la Communication d’Édouard Balladur en 1993.

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, il est un constant « visiteur du soir » du président de la République et il organise notamment nombre de rencontres entre le président et des intellectuels et écrivains.

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